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La Izquierda Diario
30 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Risque de pénurie
En pleine crise du Coronavirus, la Russie suspend ses exportations de blé
Jean-Michel Larhot

Il y a quelques jours, le ministère de l’agriculture russe a annoncé que les quotas d’exportations de blé avaient été atteintes et que, par conséquent, elles seraient gelées jusqu’à la nouvelle récolte, début Juillet. Cette annonce a l’effet d’un coup de tonnerre dans une économie déjà en forte récession du fait de la pandémie de covid-19 et pose la question du risque de la pénurie dans de nombreux pays dépendant des exports russes.

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La Russie a annoncé la suspension de ses exportations de blé. C’est une nouvelle qui pourrait être dramatique pour nombre de pays qui dépendent du premier exportateur mondial pour leur subsistance alimentaire. Les raisons derrière cette décision sont multiples. D’une part, avec la pandémie du coronavirus l’activité productrice est réduite dans le monde entier et touche l’ensemble des secteurs y compris le secteur alimentaire comme par exemple le secteur de la viande aux Etats-Unis. Cette pandémie et la récession économique conduit aussi à une forme de panique sur les marchés internationaux de céréales où de nombreux importateurs font des réserves en prévision d’une possible pénurie pour ainsi pouvoir spéculer plus tard. Ces achats sont aussi justifiés par les décisions d’un nombre de plus en plus important de pays de suspendre leurs exportations, comme par exemple la Roumaine plus tôt ce mois. Finalement, il y a la menace d’une sécheresse qui pèse sur la production de la récolte à venir.

On voit ainsi que cette réduction des exportations est multifactorielle. D’abord économique, du fait du pique des demandes de blé, qui fait que beaucoup de commandes passées sont encore loin d’être expédiées. Mais aussi doublement environnemental : d’une part du fait du coronavirus et d’autre part du risque de sécheresse. Ces deux éléments peuvent être vus comme les conséquences du système capitaliste lui-même, de sa destruction de l’environnement et du réchauffement climatique.

Humainement, le bilan pourrait être terrible. D’après le programme alimentaire mondial, le nombre de personne souffrant de la faim pourrait doubler. Les pays les plus exposés à la fin des exportations russes sont principalement en Afrique du Nord, notamment en Egypte, mais aussi en Algérie ou encor au Nigéria. Ces deux derniers pays seront doublement touchés du fait de la baisse des cours du pétrole combinée à la hausse des prix du blé.

Cette combinaison de facteurs peut s’appliquer à de nombreux pays dont l’économie repose sur les exportations de matières premières ou bien de pays exportateurs de produits manufacturés de faible valeur qui seront touchés à la fois par la récession des économies des pays du Nord et la hausse des prix des denrées alimentaires. Localement, en Afrique de l’Est, il faut aussi compter sur les invasions de crickets qui seraient un facteur multiplicateur important de potentielles famines.

Finalement, la dernière fois que la Russie avait limité ses exportations de façon aussi significative, en 2010, les conséquences sociales et politiques ont été importantes. En effet, cette année-là, la sécheresse et la limitation des apports de blé russes avaient causé une hausse des prix des denrées alimentaires au Proche-Orient et au Maghreb. Il s’était alors agit d’un des facteurs qui ont provoqué la vague des printemps arabe. Cette année, les « révoltes de la faim » ont déjà commencé au Liban. De plus, la crise du covid-19 (tant sanitaire qu’économique) est apparue dans un moment particulier de résurgence de lutte des classes en France mais aussi dans de nombreux pays qui ont connu des mouvements importants de lutte des classes ces derniers mois.

 
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