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La Izquierda Diario
1er de mai de 2020 Twitter Faceboock

Confinement autoritaire
1er mai. "Verbalisé dans un rassemblement d’à peine 30 personnes, qui a duré juste 10 minutes"

Nous relayons ci-dessous le témoignage d’un manifestant qui s’est fait verbaliser Place de la République à Paris pour avoir manifesté le 1er mai.

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1er mai 2020. Un premier mai par temps de confinement. J’ai toujours fêté le premier mai. À vrai dire, je m’y ennuie en général, car il s’agit de rassemblements gentils, familiaux, merguez-frite, etc. Mais là, ce n’est pas possible ! Les sons des foules, des sonos, des chansons et des slogans, la vue des milliers de personnes souriant, cela me manque tellement, que j’en pleure de rage ! Et puis, pour nous qui avons été très mobilisés à l’université contre la réforme des retraites et contre le projet de loi LPPR, pour nous qui avons fait plus d’une dizaine de manifs importantes de décembre à début mars, c’en est presque humiliant que de devoir rester chez soi un premier mai. Même les flics me manquent, pour dire… Bref, que faire ? Bien sûr, nous avons reçu de nombreuses annonces pour aller sur le net à telle ou telle heure et nous envoyer des mails, des tweets, etc. Mais, en bon écolo bobo que je suis, je sais qu’internet pollue ! Surtout, une manifestation numérique, ce n’est pas une manif du tout : une manif, c’est la présence physique, les sons, etc., dont je parlais.

Alors, je me dis que je vais braver l’interdiction en allant aux rassemblements sauvages (non autorisés) qui sont annoncés ici ou là. J’en repère un à 10h, place de la République, à Paris. Malgré la pluie, et ma peur de me faire verbaliser, je prends mon vélo et j’arrive, légèrement en retard, à 10h10. De loin, j’aperçois de nombreux cars de CRS et… pratiquement personne sur la place, à peine une dizaine de gens ! En approchant, je vois que les flics ont coffré deux ou trois personnes et pris une ou deux banderoles. Il y a plusieurs médias (l’info passera même sur le journal Le Monde un peu plus tard).
J’interpelle de loin les policiers : « Vous êtes venus défiler pour le premier mai ? Ah, vous n’avez pas de masque, vous risquez d’attraper la maladie… ». Dès que les journalistes sont partis, les policiers font reculer tout le monde. Je reste sans doute le dernier. « Monsieur », m’interpelle un policier. Ils sont cinq ou six autour de moi. Je les prie de garder 1,5 m de distance, comme nous le demande le gouvernement. Ils me réclament mon « attestation de déplacement dérogatoire ». J’en ai une ! Ils l’examinent, et ils se mettent à rigoler : « Ah, Monsieur a coché la case “déplacement pour motif familial”, hahaha… ». Je leur explique que, comme ils sont jeunes, ils ne connaissent sans doute pas assez l’histoire du premier mai. Mais oui, le premier mai, c’est une histoire familiale, depuis le 1er mai 1886 (Chicago), les gens se retrouvent en famille, et cela se transmet de génération en génération. L’histoire n’a pas l’air de les intéresser…
L’un d’entre eux, le plus teigneux, sans doute celui qui a poussé les autres à me verbaliser, me dit : « Vous n’avez pas 15 ans, vous savez que vous ne pouvez pas manifester ». Ils me demandent si c’est ma première verbalisation. Je leur dis que oui, que je suis un citoyen modèle et que c’est pour cela que je manifeste, que j’ai même voté Macron au second tour, et que je manifeste pour montrer que la France n’est pas une dictature, qu’on peut y manifester ! J’ajoute que, même en Israël sous un gouvernement d’extrême-droite, la gauche a pu manifester. Ils me disent qu’on n’est pas en Israël (mais ils n’ont pas l’air de comprendre la référence…).

Cela m’aura coûté 135 euros. Il faut dire que, ces dernières semaines, j’ai été arrêté deux fois en ayant oublié mon attestation, mais que, comme j’ai effectivement l’air d’un citoyen tranquille, je n’ai pas été verbalisé. J’ajoute que j’ai l’habitude depuis un mois de parcourir une dizaine de kilomètres chaque soir en vélo dans les quartiers bourgeois de Paris, où il n’y a personne : je n’ai jamais été inquiété. Mais j’ai bien été verbalisé un premier mai, dans un rassemblement d’à peine 30 personnes, qui a duré juste 10 min…

 
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