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La Izquierda Diario
5 de mai de 2020 Twitter Faceboock

Précarisation extrême
État espagnol : des migrants en condition de semi-esclavage dans l’agriculture
Roberto Jara

En pleine pandémie, des centaines de milliers de migrants, en grande partie des femmes, travaillent dans les zones agricoles de l’État espagnol, sans droits et dans des conditions de semi-esclavage. Le gouvernement leur impose des contrats extrêmement précaires, qui empêchent l’accès à la citoyenneté.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Etat-espagnol-des-migrants-en-condition-de-semi-esclavage-dans-l-agriculture

 Article de la Izquierda Diario, journal du réseau de Révolution Permanente. Traduction : Mica Torres 

Le gouvernement de Pedro Sanchez n’apporte aucune réponse pour la régularisation des personnes migrantes et ce en pleine pandémie, parlant des « travailleurs accueillis dans le cadre du système d’asile ». Sa réponse pour une grande partie des travailleurs agricoles surexploités : un type de contrat qui empêche l’accès à la citoyenneté.

« En ce qui concerne la question de la régularisation des migrants, c’est en effet une des questions posées, dans ce cas, par certains groupes parlementaires. Concernant le secteur agricole, nous pensons avoir apporté des réponses non seulement pour les travailleurs nationaux mais aussi ceux accueillis dans le cadre du système d’asile, pour pouvoir effectivement leur permettre d’être employés dans ce type d’activité ».

Voici la non-réponse du gouvernement à la question « Une régularisation des migrants similaire à celle mise en place au Portugal est-elle envisagée en Espagne ? ». Une mesure de ce type pourrait bénéficier à plus de 600 000 personnes. L’alternative que propose Sanchez est de permettre que ceux dont le permis de travail expire entre le 15 mars et le 30 juin continuent à travailler pendant la pandémie, dans des conditions insalubres.

Les travailleuses journalières de Huelva en Lucha dénoncent une absence d’accès à l’eau, de masques, de gants ainsi que de mesures de distanciation dans neuf entreprises du secteur des fruits rouges à Huelva. Parallèlement, du fait de la réactionnaire « Loi sur les étrangers », ces derniers ne peuvent accéder à aucune allocation extraordinaire ni aucune aide.

Qu’est-ce que les « contrats à la source » ?

La contractualisation « à la source » que Pedro Sanchez propose d’allonger exceptionnellement est faite pour empêcher que les travailleurs n’accèdent à la citoyenneté alors qu’ils travaillent dans l’Etat espagnol depuis des années. Ces travailleurs sont beaucoup plus vulnérables face aux pressions des patrons, parce qu’à tout moment ils peuvent être menacés d’être renvoyés dans leur pays, être contraints par la menace de ne pas être repris l’année suivante. De plus, ils n’ont pas la maitrise de la langue, et ainsi de la loi, des contrats qu’ils passent, ni même souvent de leurs droits les plus fondamentaux.

Les éléments requis pour les femmes pour être embauchées sous un contrat « à la source » sont les suivantes : être originaire d’un milieu rural avec une expérience dans l’agriculture, être mariée, veuve ou divorcée et avoir au moins un enfant de moins de 14 ans. En bref, les personnes recherchées sont une population féminine parmi les plus vulnérables pour les conditionner, non seulement à ce qu’elles rentrent dans leur pays d’origine un fois la saison de récolte terminée, mais aussi à ce qu’elles subissent les pires conditions de travail.

Entre-temps, les déportations ont continué, comme celles ordonnées par le Ministère de l’Intérieur vers la Tunisie. De son côté, la formation d’extrême droite Vox propose d’obliger les travailleurs saisonniers étrangers qui se sont retrouvés bloqués en Espagne après la déclaration d’Etat d’urgence à travailler dans n’importe quel secteur agricole où il y a des besoins, et ce en affrontant les pires conditions sanitaires, sous peine d’expulsion.

Avant la pandémie, la situation était déjà celle d’une sur-exploitation des travailleurs agricoles en Andalousie : salaires de misère, aucunes garanties de sécurité et d’hygiène, beaucoup sans logement, des journées de 14 ou 15 heurs en situation totalement précaire, qu’on pourrait qualifier de semi-esclavage.

Régularisation de tous les sans-papiers !

Près de 900 organisations et collectifs se sont ralliés à la compagne « #RegularizaciónYa », qui revendique la suspension de toutes les déportations ainsi que de la Loi sur les étrangers. Cette mesure est vitale pour des milliers de travailleurs migrants qui sont en première ligne face au coronavirus, et pour la plupart dans des conditions de grande précarité.

En plus de cela, il est nécessaire de mettre en place des comités syndicaux à la base pour que les travailleurs et travailleuses ruraux s’auto-organisent afin de pouvoir faire face aux abus qu’ils subissent, revendiquer des conditions de salaire et de sécurité dignes. Nous revendiquons aussi la régularisation de tous les travailleurs sans papiers : ceux qui travaillent pour alimenter la population durant cette crise brutale doivent avoir le droit à la résidence permanente, sans conditions !

Dans cette perspective, la seule manière de garantir cela de manière durable dans les zones rurales espagnoles est d’imposer le contrôle des travailleurs et travailleuses sur leur production, et non par les parasites qui jouent avec leurs vies pour augmenter leurs propres profits.

 
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