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La Izquierda Diario
9 de mai de 2020 Twitter Faceboock

La honte
Le secrétaire général de l’UNSA-RATP balaie les inquiétudes des salariés pour le 11 mai
Wael Mejrissi, correspondant

Le secrétaire général de l’UNSA-RATP est-il encore connecté avec sa base ? L’interview que Thierry Babec a France Info le 7 mai a de quoi surprendre. Celui-ci a annoncé en grande pompe que la RATP est prête pour le déconfinement qui s’annonce le 11 mai prochain.

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Thierry Babec le 8 mai sur BFM TV

Une déclaration si complaisante et connivente qu’on pourrait la confondre avec une déclaration du service de communication de l’entreprise de transport. Pourtant les réunions qui se sont tenues entre les directions locales et les organisations syndicales font craindre le pire pour le lundi qui arrive. Distanciation sociale, masques obligatoires, contrôle des attestations en heures de pointe, nombre de voyageurs attendus sont autant d’inconnues qui inquiètent les salariés mais aussi les voyageurs. De plus l’offre de transport ne montera que très progressivement et sera donc loin de pouvoir absorber l’ensemble des flux voyageurs.

« Tout sera prêt dans les transports en commun » a ainsi affirmé Thierry Babec interrogé par France Info, alors que la présidente de la RATP elle-même a des sueurs froides en évoquant la fameuse date du 11 mai avouant sans ambiguïté sur France Inter le 24 avril face à Léa Salamé qu’il sera impossible de respecter la distanciation sociale. Conflits entre voyageurs, surcharge des bus, verbalisations pour non-port de masques potentiellement explosives alimentent une peur palpable chez les agents RATP qui là encore, nourrissent un sentiment d’amertume. L’amertume de devoir gérer encore des situations exceptionnelles pour lesquelles ils n’ont jamais été formés et qui peuvent les exposer à des degrés divers.

Entendre le secrétaire général de l’UNSA-RATP dire que « l’entreprise n’a pas été prise au dépourvu » pour ce déconfinement a ainsi fait bondir nombre de collègues. D’autant que cette affirmation est à rebours de la lettre écrite par les principaux transporteurs et publiée dans Le Point où ils ont exprimé – comble de l’hypocrisie – leurs craintes d’un déconfinement de tous les dangers. Des craintes qui ne les ont pas empêché de marcher au diapason du gouvernement pour déconfiner de manière aussi brutale et répressive que risquée. Les positions et analyses du dit syndicaliste sont à mille lieux du sentiment général qui domine dans l’entreprise créant au fil du temps une dichotomie sévère entre le secrétaire général et les militants du syndicat qu’il représente.

Demander le renfort de la police dans les transports en commun avec leur lot de violences policières à l’image de la répression exacerbée dans les quartiers populaires depuis le début du confinement, accompagner l’idée de verbaliser les voyageurs pour non-port de masques ou pour absence d’attestation de déplacement sont des propositions indignes d’un représentant syndical dont la vocation première est de défendre avant tout les travailleurs qui lui ont donné un mandat pour le faire. Or Thierry Babec montre encore une fois qu’il est à mille lieux de porter la voix des salariés qui l’ont élu. Un choix que les salariés mûriront dorénavant à deux fois avant de mettre leur bulletin dans l’urne aux prochaines élections professionnelles car ce bras armé de la direction s’était déjà illustré au début de la vague épidémique en disant le 31 mars que les "conditions de travail des agents RATP étaient correctes" alors que les salariés manquaient encore cruellement de protection pour mener à bien leur mission.

Le positionnement de cet ancien machiniste d’Aubervilliers est finalement dans la droite lignée du corpus idéologique de Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA dont la proximité idéologique avec le MEDEF est un secret de polichinelle. Le danger de voir l’UNSA après la crise sanitaire servir de caution syndicale au patronat pour détricoter ce qui reste de protection des salariés et faire payer la crise aux classes populaires est une réalité à laquelle les syndicats contestataires devront se préparer pour poursuivre la lutte engagée au mois de décembre dernier. Une lutte ô combien nécessaire pour que les travailleurs ne soient plus de relayés au rôle de simples exécutants exploités au profit du patronat, mais soient au cœur d’un modèle social au service de l’intérêt de tous.

 
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