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18 de mai de 2020 Twitter Faceboock

"Auchan nous a trahis"
« Auchan nous a trahis » : mais où est la prime de 1000 euros promise par l’enseigne ?
Alberta Nur

« Auchan nous a trahis » dans plusieurs établissements de la grande distribution, des voix s’élèvent pour exiger la prime promise par le gouvernement et les patrons de la grande distribution. Une promesse qui s’est vite évaporée, révélant la colère des cassiers, caissières et préparateurs de commandes, en première ligne face au virus.

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Une prime au prorata pour avoir risqué sa vie

Les salariés d’Auchan Fontenay-sous-Bois se sont mis en grève pour dénoncer le coup de com’ de Auchan qui a promis une prime, dont la plupart des salariés n’ont toujours pas vu la couleur. En effet, les contrats précaires, occupés majoritairement par des étudiants, ne toucheront pas l’intégralité de la prime car il faut avoir fait minimum 28h par semaine.

Cette lutte à Fontenay-sous-Bois s’inscrit dans une colère que l’on entend déjà depuis quelques semaines. Dans le magasin Auchan de Val d’Europe (77), les salariés se sont mobilisés autour d’une pétition, qui a rassemblée plus de 19.000 signatures. Le 2 mai, ils ont organisé un débrayage, exigeant une même prime de 1000 euros pour tous et toutes, ainsi que de meilleurs conditions de travail. Dans le magasin Chronodrive de Toulouse Lalande, une pétition exigeant une prime de 1000 euros pour tous a été lancée par les salariés.
A Rennes, une vingtaine de salariés se sont mis en grève après un débrayage ce samedi 16 mai pour dénoncer leurs conditions de travail. La direction a imposé un rallongement des heures de travail pendant la crise sanitaire, ce qui vient agrandir l’angoisse des caissières et caissiers qui témoignent travailler « avec la boule au ventre ». Les salariés dénoncent également les effets d’annonce sur la prime, que la plupart ne toucheront que partiellement.

A Auchan, mais aussi plus largement dans la grande distribution, pendant la crise sanitaire, les cadences sont venues s’accélérer drastiquement pour tous les employés dans la grande distribution. Pour donner un ordre de grandeur, les achats de produits alimentaires et de grande consommation ont explosé de 237 % le lundi 16 mars. De nombreux témoignages ont visibilisé l’angoisse des premiers de corvée qui travaillent dans les secteurs essentiels comme celui d’un salarié d’Auchan Val qui témoignait pour révolution permanente : Nous avons commencé face à cette pandémie, comme tout le monde, sans masque ni gel hydroalcoolique ».

Alors qu’on compte plusieurs décès dans la grande distribution, faute de moyen de protection, après avoir manqué de masques et de matériel, les salariés apprennent que la grande distribution avait caché des stocks de masques qu’ils vendent aujourd’hui à des prix exorbitants. Les salariés du carrefour de Rennes exigent dans leurs revendications que tous les clients aient des masques, et des conditions sanitaires adéquates pour travailler. Il faut exiger la réquisition des stocks et la distribution gratuite de tous les masques pour les salariés en première ligne, pour les consommateurs et la population.

Le secteur de la grande distribution a vu des bénéfices gonfler avec la crise, le chiffre d’affaires des grandes enseignes a bondi de 38%. Malgré des profits toujours plus massifs et le discours médiatique qui dément l’inflation et les prix qui grimpent, de nombreux consommateurs démontrent le contraire. Cette augmentation des prix et de la vie, qui vient trouver son explication pas seulement dans les difficultés à approvisionner les magasins en temps de pandémie, mais également dans la récession qui s’abat sur l’économie.

La colère dans la grande distribution, colère de la première ligne.

La prime promise par le gouvernement et les patrons de la grande distribution témoignait d’une tentative de reconnaissance, bien qu’insuffisante, du risque encouru par tous les salariés en première ligne. En réalité, la prime peine à se faire voir au mépris de toute la première ligne, contre les effets d’annonces du gouvernement et du patronat. La colère qui se fait entendre autour de la prime, vient exprimer un mécontentement plus profond. Les salariés de la grande distribution qui ont révélé leur rôle essentiel pendant la crise, sont payés avec des salaires de misère et occupent les contrats les plus précaire. Soignants, éboueurs, caissiers, , la voix des petites mains qui font tourner la société s’élève contre l’impunité du gouvernement et du patronat. « Je veux rendre hommage à toutes celles et ceux qui font tourner le pays », témoignait une aide-soignante dans les colonnes de Révolution Permanente, en exprimant sa colère contre le gouvernement qui n’a cessé de mépriser les travailleurs et travailleuses en première ligne.

Le déconfinement répressif et sans mesure sanitaire s’accompagne du spectre d’une crise économique d’ampleur. Toute la colère de la première ligne, s’inscrit dans un contexte où le gouvernement les érige en « héros » alors que les ordonnances de l’Etat d’urgence sanitaire visent à précariser toujours plus les contrats précaires et intérimaires, au nom de la « lutte contre le virus ». La crise sanitaire est venue démasquer les intérêts d’un gouvernement au service du patronat, en témoignent les milliards pour les entreprises, et les miettes pour les soignants, les caissières, éboueurs, agents de nettoyage, la première ligne qui gagne des cacahouètes. Face au gouvernement qui promet dans l’air une prime au prorata pour avoir risqué sa vie ou une médaille insultante pour mater les colères, il faut exiger une augmentation de 300e des salaires, ainsi que l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.

Des caissières aux agents de nettoyage, en passant par les soignants, tous les travailleurs et travailleuses commencent à relever la tête. Si cette crise a révélé leur rôle essentiel, elle a aussi révélé l’incapacité des capitalistes de mettre en place des conditions sanitaires à la hauteur de la situation. Prenons en main la situation, en organisant des comités d’hygiène et sécurité, pour veiller au respect des conditions sanitaires sur nos lieux de travail, en lien avec les travailleurs et travailleuses, les consommateurs et la population. Ces comités, dans la grande distribution, peuvent également permettre que les salariés et consommateurs soient en lien pour contrôler l’augmentation des prix des denrée alimentaires.

La bataille pour exiger la même prime pour tous et toutes, quel que soit le statut, est une bataille contre le mépris du patronat, et pour l’unité entre tous les travailleurs et travailleuses qu’ils soient intérimaires, en cdd, ou cdi. Quel que soit le statut tous sont en première ligne du virus et des attaques de gouvernement. Les luttes qui commencent à émerger dans les secteurs essentiels sont l’expression de la volonté de faire payer la gestion catastrophique de la crise.

 
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