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La Izquierda Diario
30 de mai de 2020 Twitter Faceboock

Grève dans la santé
A Bordeaux, la première ligne de la santé en grève : des moyens et du matériel pour l’hôpital public !
Alexandre Mongis

Les rassemblements devant les hôpitaux ont visibilisé la grève des hospitaliers au CHU en pleine crise sanitaire, mais aussi les nombreux secteurs qui sont venus les soutenir posent la question de l’auto-organisation et de la convergence des travailleurs pour la défense de l’hôpital public, contre la politique criminelle du gouvernement. 

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L’hôpital débordé : la première ligne s’organise

Le gouvernement donne une image héroïque des soignants en voulant les glorifier d’une médaille alors même qu’ils ont été et sont toujours en première ligne de la crise sans matériels ni moyens. Les soignants ne veulent pas du titre de « héros » mais des financements massifs pour l’hôpital public et pour des conditions sanitaires qui garantissent leur sécurité. Car la destruction de l’hôpital public opérée depuis plusieurs années et notamment par Agnès Buzyn, c’est aussi une plus grande précarisation des hospitaliers qui travaillent à des cadences infernales, dont les heures de nuit sont rémunérées à une majoration dérisoire (10 euros par nuit de plus pour 10h30 de travail) et des jours fériés sous payés. C’est la réalité du terrain au prix de leur vie, ce qui a été d’autant plus révélé par la crise sanitaire.

La seule réponse du gouvernement se trouve dans le Ségur de la santé qui a débuté lundi. Dans plusieurs villes de France, les rassemblements s’organisent pour contester la gestion de la crise par le gouvernement, laissant les soignants en première ligne sans matériels ni moyens. Malgré la répression de celui de l’hôpital Debré à Paris les soignants ne comptent pas reculer devant les matraques et les gaz !

Les hospitaliers réclament des lits, du matériel, des respirateurs dont ils ont manqué pendant la crise sanitaire du coronavirus et notamment des masques alors que les grands groupes de distribution et de production les gardaient en stock pour faire repartir leurs profits à la hausse. Tous ces masques auraient dû être réquisitionnés et mis à disposition des travailleurs en première ligne, mais le gouvernement dans sa politique criminelle a préféré clamer hypocritement l’inutilité des masques, ce qui a causé la mort de milliers de personnes. Il faut revendiquer que la production et la distribution de matériel médical se fasse sous le contrôle des travailleurs de la santé et non celui des grands capitalistes qui vendent les masques à des prix exorbitants. 

Mais s’il y a besoin de moyens c’est aussi humainement. Ça passe évidemment par la création de postes contre la logique de privatisation et de casse de l’hôpital public qui entraîne des fermetures de services tous les ans. C’est une politique économique qui vise à réduire les dépenses de l’Etat et tenter de faire payer la crise aux travailleurs alors même qu’on exonère d’impôts les milliardaires français et que des plans de relance d’aide aux grandes entreprises s’élèvent à des centaines de milliards. Au contraire pour financer toutes ces mesures, un Impôt Sur les grandes Fortunes doit être rétabli pour que ce soit aux capitalistes de payer leur crise. Seulement il ne s’agit pas d’ouvrir de nouveaux postes qui promettent un avenir de précarité à ceux qui les occuperont. Une chose trop courante dans l’hôpital public à laquelle sa privatisation accélérée confronte des aides-soignantes, des infirmières, etc, sous le régime du CDD ou de l’intérim. La grève des hospitaliers à Bordeaux ne revendique pas les miettes d’une prime à 500€, non seulement une prime à 1500€ pour tous les soignants qui ont effectivement été en première ligne, mais une revalorisation des salaires de 300 euros pour tous les personnels et la titularisation de tous les travailleurs de l’hôpital.

Soutien à la grève et convergences

A Bordeaux, devant le plus grand CHU de France se sont organisés plusieurs rassemblements avec près de 500 personnes en soutien des hospitaliers en grève ce 26 mai, jeudi à Haut-Lévêque, à Libourne et ce samedi à la Rochelle. Un hospitalier scandait « notre colère ne restera pas confinée, nous allons l’exprimer tous ensemble ».

Les rassemblements ont été très suivis, réunissant plusieurs services des infirmières aux urgentistes, aides soignantes, brancardiers, mais aussi des travailleurs des services de neurologie, de réanimation, de psychiatrie, des laboratoires, … de tous les hôpitaux bordelais. Également rejoints par des étudiants et jeunes travailleurs mobilisés aux côtés des hospitaliers, répondant à l’appel du NPA jeunes à soutenir la grève ; sont venus soutenir des ouvriers de l’usine GFT Getrag, des enseignants, des gilets jaunes, des énergéticiens, des postiers.

Une union des travailleurs qui s’est également exprimée par le soutien à Éric Bezou, cheminot menacé de licenciement par le Ministère du travail. Les soutien aux travailleurs en grève, c’est aussi dénoncer toute répression syndicale, dans tous les secteurs, et combattre les procédures de licenciements par leur interdiction.

Ce rassemblement en soutien à la grève des hospitaliers doit s’inscrire dans l’organisation de tous les secteurs, et notamment ceux en première ligne, pour une bataille dure et offensive contre le gouvernement et ce dès la date appelée au 16 juin. Mais l’organisation de cette date ne doit pas être laissée aux directions syndicales qui vont négocier le Ségur alors même qu’aucune des revendications des hospitaliers ne sont mises sur la table : les hospitaliers et l’ensemble des travailleurs n’ont rien à attendre du gouvernement !

Construire la grève

Des revendications dans l’intérêt de la population qui portent surtout un autre projet global de société. Cette opposition radicale aux politiques néolibérales d’austérité et de gestion de l’hôpital comme une entreprise doit faire valoir la revendication d’une gestion de la crise par les travailleurs eux-mêmes, et non par les capitalistes. C’est en ce sens que les décisions concernant la crise sanitaire, sa suite ou encore tout ce qui touche à l’intérêt de la santé de chacun doit se faire sous le contrôle, et pour, les professionnels du secteur de la santé et la population. Les hospitaliers doivent avoir connaissance de tous les budgets de l’hôpital, des commandes, de la création de postes, et c’est à eux de décider en Assemblées Générales inter-services de l’organisation de leur lieu de travail. 

Par là voyons que les décisions doivent être prises par les personnes directement concernées, à travers des comités de contrôle au sein des entreprises pour s’assurer de la protection des salariés (d’autant plus indispensable au vu du risque que représente le COVID). Les travailleurs en première ligne répondent aux besoins de l’ensemble de la population et ainsi en s’organisant avec des comités de quartier décident et organisent démocratiquement avec les franges les plus précaires de la société la production et les services, statuant notamment sur les prix du marché, le temps de travail, etc. Les entreprises qui voudront fermer pour fuir avec les capitaux, comme l’entame déjà Renault qui annonce la fermeture 4 sites en France pour maintenir leurs profits mettant des milliers de personnes au chômage, il s’agira d’en reprendre le contrôle par une nationalisation sans rachat et sous contrôle démocratique des travailleurs.

Continuons à soutenir et à visibiliser la grève au CHU de Bordeaux, pour construire un secteur déterminé de la santé ! 

 
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