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La Izquierda Diario
2 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Pas de justice, pas de paix
La mort de George Floyd, déclencheur d’un combat international contre les violences policières et racistes
Nathan Deas

La vidéo du meurtre atroce de George Floyd a fait le tour du monde. Après les nuits de colère et les mobilisations aux États-Unis, dans plusieurs villes du monde ce sont des milliers de manifestants qui se sont rassemblés en solidarité et pour protester contre les violences policières et le racisme d’État.

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Aux États-Unis, l’assassinat de George Floyd a réveillé la colère de très nombreux américains contre les violences policières et le racisme. Derrière les slogans « I can’t breathe » ou « Black Lives Mater », ce sont des dizaines de milliers de manifestants qui se sont rassemblés dans de nombreuses villes du pays pour marquer leur colère.

Des milliers de manifestants dans différentes villes du monde

Des slogans qui ont résonné au-delà des frontières états-unienne pour devenir ceux de l’Italie, du Canada, du Danemark, des Pays-Bas, de l’Allemagne, de l’Angleterre, mais aussi du Brésil ou même de Nouvelle-Zélande. Dans différentes villes du monde, le meurtre de George Floyd a été l’occasion de mobilisations importantes pour réclamer justice et vérité pour toutes les victimes de la police.

Comme à Berlin, où des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le consulat des États-Unis, à quelques mètres de la porte de Brandebourg contre le racisme et les violences policières.

Ou encore à Londres où une foule s’est réunie devant Trafalgar Square pour réclamer justice en scandant « pas de justice, pas de paix ! »

A Dublin ce sont près de 5000 personnes qui ont défilé, selon The Irish Times, vers l’ambassade des États-Unis. Dimanche, à Rio de Janeiro de nombreux manifestants se sont rassemblés à proximité du Palácio Laranjeiras, le palais du gouverneur de l’État, avant d’être dispersés par la police. Lundi, à Perth en Australie, une manifestation a eu lieu, solidaires des manifestants aux Etats-Unis, les participants ont également dénoncé le traitement des minorités et aborigènes en Australie. Jusqu’en Syrie on a pu observer des marques de l’indignation provoquée par l’assassinat de George Floyd.

Aziz Asmar et Anis Hamdoun à proximité de leur portrait de George Floyd. OMAR HAJ KADOUR / AFP

Partout dans le monde, le meurtre de George Floyd provoque la colère. Avec ces manifestations et ces tweets, le hashtag #BlackLivesMatter était en top tendance sur Twiter toute la journée, il s’agissait de clamer partout haut et fort que le racisme tue, que la police assassine. Le meurtre de George Floyd à Minneapolis aux États-Unis est l’élément déclencheur d’un mouvement massif, dénonçant les violences d’État, et qui ne s’arrête pas aux frontières américaines.

Un racisme d’État et une police meurtrière : une spécificité états-unienne ?

Le meurtre de George Floyd est un nouveau crime raciste commis par la police américaine, un de plus. Il vient s’ajouter à la trop longue liste des morts entre les mains de la police américaines Au cours des derniers mois seulement, Breonna Taylor, Ahmaud Arbery, Stan Reed, Tonny McDade… ont perdu la vie, assassinés par la police. Les statistiques américaines sont terribles : depuis 2010, 4076 personnes ont été tuées par la police.

Les médias français ont montré une promptitude peu coutumière, lorsqu’il s’agit de crimes policiers, à s’indigner de l’assassinat de George Floyd. Le discours habituel, visant à faire apparaître la victime comme le coupable, quand bien même il est question de la mort de celle-ci, a germé chez quelques éditorialistes malades, comme Zemmour qui sur le plateau de Cnews, comme à son habitude, n’a pu s’empêcher de dire ses infamies, avançant que c’était la mort d’un homme déjà condamné par la justice, accro à la cocaïne et victime d’une crise cardiaque : « George Floyd avait déjà fait 5 ans de prison pour vol à main armée. Encore auparavant, il en avait déjà fait pour consommation de cocaïne. » Avant d’ajouter qu’il n’était pas en parfaite santé, « il était cardiaque » et avait « certainement pris des substances, d’ailleurs on le voit sur les images ». Ce discours reste pour l’heure confiné aux plus droitiers des chroniqueurs télé. Et cela à l’heure où en France on salit toujours Adama Traoré, qu’on tente toujours de disculper les policiers de son assassinat, en invoquant une malformation cardiaque comme motif de sa mort. Un deux poids deux mesures qui s’explique par une forme d’illusion, qui ferait du racisme d’État, de la police meurtrière des réalités purement états-unienne.

Pourtant le racisme d’État comme les meurtres policiers dépassent très largement les frontières des États-Unis. Le journal de notre courant frère en Allemagne, Klasse gegen Klasse, écrivait ces mots pour décrire la situation outre-Rhin : « Mais quelle est la situation en Allemagne ? Le nombre de meurtres par la police est officiellement de 86 (de 2006 à 2018) un chiffre nettement inférieur à celui des États-Unis, ce qui s’explique par la différence quantitative en termes d’habitants mais aussi par le fait que les États-Unis ont été fondés sur l’esclavage […] mais également pas le fait les médias bourgeois sont trop heureux de décrire la violence et les assassinats d’opprimés comme des cas isolés ».

En France aussi, l’État utilise les mêmes méthodes de coercition pour contenir les populations précaires et issues de l’immigration. Douze personnes ont trouvé la mort en deux mois de confinement autoritaire, quand les scènes de violence se sont multipliées en banlieue parisienne.

Une enquête de StreetPress menée en 2017 recense 47 morts durant la période 2007-2017 à la suite d’une intervention policière. Dans l’immense majorité des cas, ces policiers criminels ne sont jamais condamnés. Ici aussi, la caste politique tente de décrédibiliser la violence des populations, quand celle-ci n’est qu’une réponse à la violence sociale et policière qu’elles subissent au quotidien.

Ce qui se joue aux États-Unis à une échelle plus terrible encore qu’ailleurs, du fait d’un racisme structurel plus ancré et d’un Donald Trump, qui donne aux forces répressives un terrible sentiment d’impunité, c’est l’expression d’un racisme impérialiste partagé par l’ensemble des puissances capitalistes. La Fraction Trostkyste-Quatrième Internationale, à laquelle appartiennent les militants de Révolution Permanente, commentait en ces termes l’assassinat de George Floyd : « Nous condamnons ces crimes atroces du racisme impérialiste. Ils visent à approfondir la soumission de la population africaine-américaine et à instaurer un régime de coercition permanente qui permette de contenir de potentielles poussées de la lutte des classes contre les souffrances qui s’annoncent dans le cadre d’un capitalisme en crise. » ajoutant qu’« Il ne sera possible d’abattre le racisme qu’en détruisant également le capitalisme, qui s’alimente de l’oppression des populations noires et afro-descendantes – mais également des minorités raciales aux Etats-Unis et dans d’autres pays impérialistes – de façon à affaiblir notre classe et ses alliés. C’est pour cela que notre organisation doit dépasser les frontières nationales et cibler les grands centres du capitalisme mondial à travers un programme internationaliste. ».

Une réalité d’ailleurs bien comprise par bon nombre d’émeutiers américains, qui la nuit s’attaquent aux commissariats comme aux symboles du capitalisme (banque, grandes enseignes…). Dans les faits le meurtre de George Floyd n’est absolument pas une exception américaine.

Le combat pour qu’Adama Traoré obtienne enfin justice : retour sur le rassemblement du 2 mai

Le combat mené par Assa Traoré pour obtenir justice et vérité pour son frère Adama, tué en 2016 dans une gendarmerie, incarne aujourd’hui le combat en France contre les violences policières. Bien des éléments rappellent les nombreuses affaires de meurtres et de violences policières aux États-Unis. Depuis bientôt quatre ans, le combat pour la vérité révèle l’impunité dont jouit la police, qui depuis le premier jour ne cesse de s’appuyer sur des mensonges, faux témoignages, fausses expertises, dans le but de se disculper.

Il y a quelques jours, les résultats d’une nouvelle expertise médicale sont venus s’ajouter à cette longue liste. En effet, les experts concluent à une mort pathologique pour Adama et excluent de facto la responsabilité des policiers. Une technique bien rodée pour maintenir l’impunité qui fait écho aux techniques utilisées par la police de Minneapolis pour justifier le meurtre de Georges Floyd. L’affaire Adama Traoré est un terrible exemple, parmi tant d’autres qui rappelle que les meurtres policiers ne sont pas l’apanage des États-Unis.

Ce sont donc plus de 40 000 personnes qui se sont rassemblées mardi soir devant le tribunal de Paris, bravant les mesures d’intimidation de la préfecture, qui avait interdit le rassemblement à 14h et tenté d’interpeller Assa Traoré à son domicile peu après. Des milliers de personnes qui sont venues afficher leur solidarité avec les manifestants qui se soulèvent aux États-Unis depuis quelques jours. Ils ont rappelé, que quatre ans après le meurtre d’Adama rien n’était oublié, rien n’était pardonné, que tant que la justice n’est pas faite pour Adama Traoré, pour Georges Floyd et pour toutes les autres victimes opprimées par des violences racistes et par l’appareil répressif qui assoit son pouvoir à coup de matraques, il n’y aura pas de paix.

Le meurtre de George Floyd, comme celui d’Adama Traoré et de tant d’autres, s’inscrivent dans un contexte d’assassinats récurrents des populations noires et des minorités par la police. La révolte populaire, ces derniers jours aux États-Unis, contre le racisme d’État et les violences policières n’est pas anodine et pourrait être à l’origine d’un nouveau mouvement de lutte des classes.

« Nous, révolutionnaires avons assurément un rôle à jouer dans la période, en se solidarisant avec ces secteurs de masse, il est nécessaire de diffuser l’idée selon laquelle notre société est fracturée par des intérêts de classe et que pour combattre le racisme d’Etat il est nécessaire de construire un parti des travailleurs, socialiste et révolutionnaire, à même de reprendre les drapeaux des Africains-américains, des Latinos, des femmes, des LGBTQI et de l’ensemble des opprimés et opprimées. » (Déclaration de la Fraction Trotskyste)

En ce sens il est plus que central que les travailleurs et leurs organisations s’engouffrent dans ce combat aux États-Unis comme ailleurs. Il s’agit de construire une unité à travers toutes les luttes qui structurent notre classe. La bataille contre le racisme est essentielle, il s’agit de lutter contre une violence structurelle qui nous divise. Face à la police qui matraque, gaze, violente, et tue, nous devons répondre toutes et tous ensemble.

 
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