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La Izquierda Diario
11 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Colère chez les syndicats de police
La police s’indigne contre les annonces de Castaner et l’interdiction de la prise d’étranglement
Typhaine Cendrars

Les annonces de Christophe Castaner sur l’interdiction de la prise d’étranglement et sur le racisme dans la police ont provoqué une gronde chez les syndicats des forces de l’ordre. Reçus jeudi au Ministère de l’intérieur, ils ont déjà fait partiellement reculer le gouvernement sur des mesures pourtant minimes.

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Ce lundi, Christophe Castaner, a tenu une conférence de presse sur les questions de racisme au sein de la police, à la demande expresse de Macron. Depuis plusieurs semaines, des révoltes d’ampleur ont éclaté à travers tous les États-Unis en réponse au meurtre raciste de George Floyd par le policier Derek Chauvin à Minneapolis ; dans plusieurs autres pays, ce sont des milliers de personnes qui se sont rassemblées en soutien à la lutte des noirs américains contre les violences policières.

En France, le meurtre de George Floyd a fait fait écho à celui d’Adama Traoré, assassiné dans les mêmes circonstances par trois gendarmes à Beaumont-sur-Oise en 2016. Le mardi 2 juin, 40 000 personnes ont répondu présent au rassemblement du comité Vérité et Justice pour Adama devant le Tribunal de grande instance de Paris, et, partout en France, on a pu voir des rassemblements en soutien aux luttes états-unienne et française contre les violences policières.

C’est donc dans ce contexte de mobilisation internationale contre le racisme et les violences policières que Castaner a annoncé la fin de la prise d’étranglement comme méthode d’interpellation, et sa compensation par une généralisation du Taser dans la police. Ce à quoi le syndicat Alliance Police nationale à répondu en saisissant le Ministère de l’intérieur, lui demandant la sauvegarde de la méthode d’étranglement.

Si les annonces de Castaner répondaient à l’urgence pour le gouvernement de désamorcer la mobilisation contre les violences policières et à sa peur que les quartiers populaires et la jeunesse ne rentrent dans la danse des révoltes, elles n’ont pas été en mesure d’apaiser la colère de la population au sortir de deux mois de confinement autoritaire. Quant aux syndicats de police, ils s’indignent de ces annonces, qui constituent pour eux une attaque de plus contre la police en réponse à « une minorité qui stigmatise les policiers depuis quelques semaines » comme le rapporte Olivier Hourcau, le numéro 2 d’Alliance à francetvinfo.

La police se sent désavouée par le gouvenement, selon Mathilde, policière en région parisienne dans un article du Monde : « On est tous dégoûtés, il n’y a pas d’autres mots. Pourtant, on a l’habitude d’être lâchés par les différents gouvernements, mais là, c’est le point de non-retour. ». Denis Jacob, délégué syndical d’Alternative Police, menaçait même le gouvernement ce mardi sur BFMTV d’un « nouveau 2016 », année où l’on avait vu défiler des centaines de policiers munis de leurs armes de service dans la capitale, pour réclamer une hausse de salaire, une extension du concept de légitime défense et la fin du soi-disant « acharnement judiciaire » contre les policiers, ce qui revient à étendre leur permis de tuer et l’impunité dont ils bénéficient déjà largement...

Ce qui semble le plus énerver au sein de la police, c’est que Castaner annonce « une suspension systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes ». Comme le souligne encore le Monde, « Ces derniers voient dans ces propos une remise en cause de la présomption d’innocence. « Une suspicion n’est pas un cas avéré », s’indigne Frédéric Lagache, délégué général du syndicat Alliance. ».

Le gouvernement Macron, voyant la colère monter au sein de la police, n’a d’autre choix que de leur donner ce qu’elle réclame. C’est en ce sens que les directions syndicales ont été reçues dès le lendemain de leur saisie, ce jeudi 11 juin, et qu’elles ont déjà réussi à faire reculer le gouvernement sur les mesures qu’il annonçait concernant la suspension des policier suspectés de racisme. Ce recul immédiat démontre l’importance qu’a aujourd’hui la police pour ce gouvernement, qui n’a pas intérêt à se la mettre à dos. En effet, les forces de répression représentent pour Macron le principal pilier qui le maintient en place, face aux épisodes de lutte des classes successifs qui ne font que s’intensifier depuis le début de son mandat. Le gouvernement ne peut donc pas laisser le conflit avec la police s’approfondir, sans accentuer encore la fragilité de son assise.

 
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