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La Izquierda Diario
16 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Emprisonnée pour un drapeau arc-en-ciel
Sarah Hegazy, militante LGBTI égyptienne réprimée, a mis fin à ses jours
Mica Torres

Sarah Hegazy, militante égyptienne pour les droits LGBTI, s’est donné la mort hier, au Canada, son pays d’exil. Elle avait passé trois mois dans les geôles égyptiennes où elle aurait été torturée et victime de violences sexuelles. Elle avait été arrêtée pour avoir brandi un drapeau arc-en-ciel lors d’un concert.

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 Crédits photo : Instagram @abdellahtaia 

Sarah Hegazy, militante égyptienne pour les droits LGBTI s’est donné la mort hier, au Canada, son pays d’exil. En 2017, elle avait passé trois mois dans les geôles égyptiennes où elle aurait été torturée et victime de violences sexuelles. Elle avait été arrêtée pour avoir brandi un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, trans et intersexe lors d’un concert du groupe Mashrou Leila, défenseur des droits LGBTI.

Avant de se donner la mort, elle a laissé une lettre manuscrite : « À mes frères et sœurs : J’ai essayé de trouver le salut… mais j’ai échoué. Pardonnez-moi. À mes amis : l’épreuve est dure et je suis trop faible pour l’affronter. Pardonnez-moi. Au monde : tu as été extrêmement cruel et je te pardonne. »

De nombreux militants de la cause LGBTI se sont exprimés sur les réseaux sociaux depuis dimanche. Selon ces mêmes militants, en plus des violences et abus subis en prison, elle n’aurait pas pu rentrer en Egypte pour enterrer sa mère décédée.

En 2017, l’État Egyptien avait interdit aux médias de « montrer des homosexuels ou promouvoir leurs slogans ». Même si l’homosexualité n’est pas expressément prohibée en Egypte, les forces de répression prennent régulièrement la communauté pour cible.

Le gouvernement égyptien est responsable de sa mort en la condamnant à des chocs post traumatiques violents ainsi qu’à l’exil – c’est en tout cas ce qu’affirme la directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch, Sarah Leah Whitson, sur Twitter, affirmant que la jeune femme aurait été traumatisée par sa torture.

En 2011, la lutte du peuple égyptien faisait tomber gouvernement du dictateur Hosni Mobarak. Cependant, l’absence d’organisation et de perpectives avait permis l’arrivée au pouvoir du gouvernement réactionnaire de Mohammed Morsi, des Frères musulmans. Le gouvernement avait tout fait pour démobiliser le mouvement populaire. Ceci a permis le coup d’État du maréchal al-Sissi, soutenu par les puissances impérialistes. Il est aujourd’hui au pouvoir depuis 2013. Le gouvernement contre-révolutionnaire d’al-Sissi est connu pour ses pratiques de répression féroces envers les militants.

Selon FranceInfo, qui s’appuie sur des données de l’ONG Human Rights Watch), « Depuis l’arrivée au pouvoir du général al-Sissi en 2013, les arrestations pour motif politique se sont multipliées en Égypte pour atteindre le chiffre de 60 000. Pour faire face à cette augmentation sans précédent, l’État a du investir dans la création de 19 nouvelles prisons. »

Les gouvernements successifs, bien que ne condamnant pas explicitement l’homosexualité, s’étaient appuyés sur d’autres lois pour réprimer férocement les homosexuels, notamment des lois sur la prostitution justifiant les pratiques comme incitant à la « débauche ».

Le 22 septembre 2017, après le concert du groupe libanais Mashrou Leila, plusieurs députés avaient déposé un projet de loi condamnant explicitement la pratique. Mais bien avant cette proposition de loi, cela n’avait pas empêché le gouvernement d’arrêter près de 70 personnes dans plusieurs gouvernorats, dont Sarah Hegazy. Ainsi, il existe un contexte plus large de répression et verrouillage de la parole concernant les droits LGBTI.

Les médias ne sont d’ailleurs pas autorisés à « visibiliser » les homosexuels ou « faire la promotion » de leur communauté. En janvier 2019, Mohammad al-Ghaity, un présentateur égyptien de la chaîne satellitaire LTV, était condamné à un an de prison pour avoir simplement interviewé un homosexuel sur son plateau.

Le gouvernement de Macron à l’époque n’avait pas condamné les violences contre la communauté LGBTI alors qu’il avait reçu le président al-Sissi quelque mois plus tôt. Pour rappel, la répression a été soutenue par du matériel vendu par la France.

Sarah Hegazy était militante communiste. Elle a soutenu le parti « Pain et Liberté » en Egypte puis le « Spring Socialist Network » au Canada. Elle racontait avoir été licenciée de son travail pour s’être opposée au régime d’al-Sissi. Elle a toujours fait le constat de la violence de la contre-révolution d’al-Sissi, décrivant son régime comme « prêt à tout » pour rester au pouvoir.

Son histoire tragique nous rappelle l’urgente nécessité d’une solidarité internationale avec les personnes LGBTI en lutte pour leurs droits ainsi que toutes les victimes de répression politiques, en Égypte comme ailleurs.

 
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