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La Izquierda Diario
17 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Tensions frontalières
Affrontements mortels entre militaires chinois et indiens dans l’Himalaya
Jean Beide

La nuit de lundi à mardi a été le théâtre d’une violente escarmouche au corps-à-corps entre des militaires indiens et chinois. Ces affrontements, qui ont fait au moins 20 morts côté indien, sont les plus graves depuis plus de quarante ans. Les deux pays s’opposent dans un contentieux territorial qui dure depuis la fin des années 50 et le risque d’escalade, exacerbé par les différents nationalismes, est réel.

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Sur le plateau du Ladakh, région de haute altitude situé au nord de l’Inde, entre 200 et 300 militaires indiens et chinois se sont violemment affrontés à coup de poings, de pierres et de barres de fer. L’escarmouche aurait causé la mort de 20 soldats indiens, dont un commandant, et fait plus de 70 blessés. Côté chinois, aucun chiffre n’a été officiellement communiqués, mais les faits semblent indiquer que des victimes seraient également à déplorer. Cet incident d’une rare violence signe l’événement le plus grave qui ait eu lieu entre les deux pays depuis 1975.

A la fin des années 50, les relations entre la Chine et l’Inde se sont tendus autour des frontières himalayennes. Dessinées par les géomètres britanniques et soumises aux aléas des glissements de terrains fréquents dans ces territoires de haute altitude, ces frontières font facilement l’objet de disputes voire d’affrontements. Des raisons de politique intérieure pousse, au début des années 60, l’Inde à se montrer plus ferme avec la Chine sur la question. En 1962, une guerre ouverte d’un mois éclate entre les deux pays. La Chine communiste, fidèle à sa doctrine défensive non-expansionniste, se retire finalement malgré sa nette victoire militaire et sa conquête de l’Aksai-chin, territoire situé au nord-ouest du plateau tibétain. En 1965, la Chine prend ouvertement parti pour le Pakistan dans sa guerre qui l’oppose à l’Inde. Bien que l’opposition larvée n’ait pas cessé durant la seconde moitié du XXème siècle, aucune effusion sanglante n’était à déplorer depuis 75.

En 2005, les deux pays semblaient vouloir parvenir à un « accord de principe » en vue d’un règlement « définitif » du conflit. Depuis lors, néanmoins, Chine et Inde construisent de part et d’autre de la frontière tout une série d’infrastructures facilitant notamment l’acheminement de troupes et de matériel militaire. En réalité, le contentieux territorial a, côté indien, pour cause profonde l’alliance historique de la Chine avec le Pakistan. Du côté Chinois, le différend frontalier sert de prétexte à l’installation intransigeante d’une hégémonie territoriale, économique et politique. Pékin tente en effet d’installer durablement sa domination sur un immense territoire occidental, base et pilier de ses nouvelles routes de la soie, mais dans lequel le pouvoir central peine encore à se consolider réellement.

La situation est grave et le risque d’escalade est réel. Le journal Foreign Policy explique ainsi dans son article sur les événement de lundi que les presses nationalistes des deux bords pourraient participer à l’emballement éventuel de la situation. Bien que le risque de guerre ouverte entre les deux puissances nucléaires asiatiques soit encore très improbable, on pourrait toutefois assister, dans un avenir proche, à la multiplication dangereuse des affrontements directs entre militaires.

Ce risque est d’autant plus sérieux que Pékin a profondément modifié sa doctrine en matière de politique étrangère depuis l’arrivée au pouvoir de Xi-Jinping. Alors que la Chine maoïste misait tout sur sa défense et son intégrité territoriale, celle du nouveau président chinois envisage beaucoup plus sérieusement la possibilité d’une expansion active, comme en témoigne le conflit militaire froid en mer de Chine du Sud. Du point de vue du Parti communiste chinois, sa politique aux frontières ne peut pas, dans ce contexte historique très incertain, raisonnablement faire montre de faiblesse, sous peine de saper les bases de sa nouvelle doctrine et de son propre pouvoir.

 
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