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17 de juin de 2020 Twitter Faceboock

#Blacklivesmatters
Sous pression de la rue, Donald Trump contraint d’annoncer un très léger décret de réforme de la police
Simon Derrerof

Pour tenter d’apaiser la colère des millions d’américains qui défilent chaque semaine aux Etats-Unis contre le racisme d’Etat et contre les violences policières, Donald Trump a signé ce mardi 16 juin un décret ordonnant une réforme de la police. Une mesure au contenu très limité mais qui démontre la pression qui s’exerce sur le Président qui fustigeait ces dernières semaines les revendications des manifestants

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Alex Brandon/AP

Donald Trump a souhaité mardi 16 juin apporter une réponse au mouvement historique qui se déroule actuellement aux Etats-Unis contre les violences policières et le racisme. Depuis la Maison Blanche, le président américain a signé un décret pour encourager les services de police américain à modifier leur comportement. Fait marquant, le décret ne présente aucune allusion aux débats ouverts pas les fortes mobilisations contre le racisme d’Etat et les assassinats d’hommes et femmes africains-américains par la police.
 
Dans son discours, le président américain qui avait rencontré plus tôt en privé plusieurs familles d’Africains-Américains tués par la police, a d’abord rendu hommage aux victimes avant de changer rapidement de ton pour rendre hommage « aux braves hommes et femmes vêtus de bleu qui surveillent nos rues et nous protègent ». Pour le président américain les nombreux exemples de meurtres policiers sur la communauté africaine-américaine ne sont que « quelques aberrations » dans les rangs d’une police « digne de confiance ».

 
Ainsi, si avec le décret qu’il a signé mardi 16 juin Trump a déclaré vouloir offrir « un avenir sûr aux Américains de toutes les races, religions, couleurs ou croyances », il s’est empressé de montrer un soutien indéfectible aux forces de police américaine, affirmant devant les représentants de son gouvernement et de la police, qu’il s’opposait fermement aux efforts « radicaux » pour démanteler les services de police : « Les Américains connaissent la vérité : sans la police, il y a le chaos, sans le droit, il y a l’anarchie, et sans la sécurité, c’est la catastrophe ».

 
En ce sens, le décret ne contient que des mesures très limitées. Jouant sur les subventions fédérales, l’un des rares leviers que possède Washington pour influencer la gestion de la police, compétence des pouvoirs locaux, il fixe un certain nombre de conditions au versement de celles-ci. Parmi elles, la suppression de pratiques policières telles que la controversée prise d’étranglement,qui resteraient cependant autorisés dans le cas où « la vie d’un policier est en danger » laissant ainsi la libre appréciation du geste aux policiers. De fait, ce décret n’est qu’un encouragement pour les unités de police américaine à « adopter des normes professionnelles plus élevées » mais il laisse bien entendu toute latitude et une impunité absolue aux forces policières.

 
Outre cette volonté de réserver les subventions fédérales aux unités de police qui démontreront un grand respect « des plus hautes normes sur l’usage de la force et les techniques de désescalade », Trump a également annoncé la création de fonds pour « soutenir les policiers » lorsqu’ils font face à des sans-abris, des individus dangereux ou souffrant de troubles mentaux. Fait notable, contre les revendications du mouvement à « définancer » la police, le projet de réforme de présenté par le président américain implique au contraire une augmentation non-négligeable de son budget.

 
Alors que le mouvement contre les violences policières a pris une ampleur historique aux Etats-Unis, ces contradictions du projet de Trump sont l’expression du caractère très contraint de ce décret. Après avoir fustigé les manifestants et menacé d’envoyer l’armée mater la contestation, l’extension et l’ancrage du mouvement, y compris dans des Etats et des villes acquises aux Républicains, obligent le Président à faire un pas en avant pour ne pas laisser le monopole du dialogue avec les manifestants aux Démocrates.

 
Ceux-ci ont en effet déposé la semaine dernière à la Chambre des Représentants un Justice in Policing Act of 2020 contenant un projet de réforme de la police. Il y est notamment question de mesures minimales, telles que l’interdiction des techniques d’interpellation dangereuses, l’obligation de l’utilisation de caméras portées par les policiers et de la formation des policiers via des programmes d’anti-racisme et de résolution des conflits. De leur côté les Républicains travaillent également sur un projet qui devrait être soumis au Sénat et s’annonce encore plus minimal. Les deux forces politiques dominant respectivement chacune des Chambres, ces projets devraient de toute façon peiner à être votés.

 
S’il n’y a rien à attendre des mesures que concocte l’establishment pour tenter de répondre aux aspirations du mouvement et se positionner en vue des prochaines présidentielles, le pas en avant de Trump – connu pour scander « White Lives Matter » dans ses meetings, plaidant par le passé pour un traitement plus brutal des suspects par la police et qui continue à défendre un discours ultra sécuritaire et une position de l’ordre public » et qui depuis le début des mobilisations la présidence n’a cessé de fustiger les violences en manifestation -, n’en demeure pas un moins un signe de la profondeur de la mobilisation en cours.

 
Face aux aspirations de millions d’Africains-Américains, mais aussi plus largement de tous ceux qui luttent, autour de mots d’ordre en faveur du « définancement », de l’ « abolition » de la police ou encore du « désarmement » de la police, les projets présentés ne peuvent apparaître que bien maigres. De même, si le risque d’une canalisation institutionnelle du mouvement existe, celui-ci restera explosif tant que persisteront les meurtres policiers, comme l’a montré récemment celui de Rayshard Brooks à Atlanta, qui a déclenché de nouvelles émeutes. Pour mettre fin à ces mobilisations, c’est le renversement de ce système qu’il faudra poser, en ce sens le mouvement actuel devrait être le creuset pour commencer à édifier le programme d’une organisation à même de répondre aux aspirations des exploités et opprimés et mettre fin au racisme systémique et aux violences policières.

 
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