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La Izquierda Diario
18 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Racisme d’Etat
Selon Human Rights Watch la police française mène des contrôles « abusifs et racistes » sur des enfants
Sofia Malone

Ces dernières semaines la dénonciation des violences policières et du racisme d’Etat est sur le devant de la scène. Ce jeudi l’ONG Human Rights Watch a sorti une étude montrant que les violences policières n’épargnent pas les jeunes racisés, adolescents et enfants. Un système oppressif qui abîme et broie dès le plus jeune âge.

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Crédit photo : O Phil des Contrastes.

Depuis la crise sanitaire et le confinement, les violences policières se sont intensifiées. Pendant le confinement la répression policière s’est en effet accentuée, notamment dans les quartiers populaires et auprès des personnes racisées. Les vidéos de violences policières largement relayées sur les réseaux sociaux ont montré que cette violence d’Etat n’épargnait pas les plus jeunes, adolescents et enfants.

Ainsi, début avril, en plein confinement, un adolescent de 13 ans a été interpellé et frappé par des gendarmes, qui lui ont cassé une côte. Deux semaines plus tard, le 28 avril, un jeune de 14 ans s’est fait frapper par des policiers à Lorient. Une affaire classée par la justice, qui juge « conforme » l’attitude des policiers, ce alors que des vidéos témoignent de ces violences.

Plus récemment, c’est Gabriel, 14 ans, qui raconte avoir « cru mourir en garde à vue », qui a été passé à tabac par les policiers à Bondy, dans le 93. Roué de coups, ce dernier a souffert d’un traumatisme crânien et d’autres séquelles : dents cassées, vomissements… Au-delà des séquelles physiques, ce sont aussi les séquelles psychologiques que dénoncent bien souvent les parents et familles de ces jeunes victimes de violences policières : « Il ne mange rien, tout ce qu’il avale, il le vomit », relate le grand frère de Gabriel.

Quelques jours après, dans une autre banlieue parisienne, à Vitry sur seine dans le 94, ce sont 4 collégiens qui ont subi des coups et des insultes homophobes et racistes ainsi que des menaces par les policiers. Un racisme d’Etat, des violences et un harcèlement policier qui s’abat contre les jeunes de banlieues, les personnes racisées, dès leur plus jeune âge.

Ce jeudi, un rapport de l’ONG Human Rights Watch vient en effet corroborer cette réalité. Cette étude a été menée d’avril 2019 à mai 2020, à Paris et dans sa banlieue, à Lille, à Strasbourg et à Grenoble. Celle-ci se base sur 91 interviews : 48 enfants et adolescents et 43 adultes, jeunes pour la plupart. Les témoignages, partiels, que Le Monde s’est procuré, sont d’une grande violence : harcèlement verbal et physique, coups, insultes racistes...

Les contrôles d’identité, racistes, commencent très tôt en réalité pour nombre d’entre eux : « La première fois que je me suis fait contrôler, j’avais 10 ans ». Des contrôles quotidiens et incessants, qui s’inscrivent dans les techniques de maintien de l’ordre à la française, à savoir un harcèlement, une présence et une militarisation quotidienne des banlieues pour contenir d’éventuelles explosions sociales. Ainsi, Marius, 14 ans, qui vit à Grenoble explique avoir été contrôlé par la police « une trentaine de fois » depuis l’âge de 13 ans. « Je ne compte même plus, parce qu’au final ça ne sert à rien. C’est [la police] qui a le dernier mot ».

Des contrôles où les policiers humilient, insultent et agressent sexuellement en toute impunité. Parmi les humiliations et les violences, beaucoup de jeunes dénoncent les fouilles intrusives et palpations corporelles : « Ces “contrôles d’identité”, comme on les appelle en France, s’accompagnent souvent de fouilles intrusives des sacs et des téléphones portables, ainsi que de palpations corporelles humiliantes, même chez des enfants, parfois âgés de 10 ans seulement », signale HRW.

Par exemple, Yasir, 12 ans, a raconté que lui et toute sa classe avaient subi, fin 2018, un contrôle d’identité sur le trottoir en face de leur collège de Bobigny : « Ils m’ont mis les mains dans les poches. Ils m’ont écarté les jambes, touché les parties génitales ».

Le caractère raciste de ces violences et de ce harcèlement est évident et nombreuses sont les insultes et provocations racistes de la part des policiers : « J’ai entendu un des policiers dire dans son talkie-walkie : “On a six négrillons.” » « Je me suis mis à pleurer » a témoigné un jeune. « Rentre chez toi, sale Arabe ! », « Arrête-toi, petit Négro », sont d’autres insultes qu’ont subi d’autres jeunes, le premier âgé de 12 ans, le deuxième de 15.

« La police française fait usage de ses larges pouvoirs de contrôle et de fouille à l’encontre de jeunes Noirs et Arabes même en l’absence de signe ou de preuve d’infraction à la loi. (…) Dans les quartiers défavorisés, où les personnes d’origine immigrée représentent une part significative de la population, Human Rights Watch estime que la police se sert des contrôles d’identité comme d’un moyen brutal d’exercer son autorité », lit-on parmi les conclusions du rapport.

Ainsi, suite à cette étude de plus de cinquante pages, l’ONG a mis en cause « les contrôles de police abusifs et racistes sur des enfants » en France. Cependant, loin d’être des abus, ces violences ne sont que l’expression du rôle de l’institution policière et de son rôle social, maintenir l’ordre social actuel : un système capitaliste qui s’appuie sur le racisme pour se maintenir. Un système inégalitaire et oppressif qui violente, humilie, broie dès le plus jeune âge.

Ce n’est pas anodin si aujourd’hui de nombreux jeunes, lycéens, collégiens, notamment racisés et issue de quartiers, sortent massivement dans la rue pour dire stop aux violences et aux crimes policiers. Une lutte qu’il faudra poursuivre et intensifier, en toute indépendance de l’Etat et de ses institutions, pour obtenir autre chose qu’un avenir sans perspectives, hormis de violences, sociales, racistes, sexistes, que propose ce système.

 
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