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La Izquierda Diario
22 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Toulouse. Malgré la répression, la lutte pour la régularisation des sans papiers s’organise !
Gabriella Manouchki

Appelée à l’échelle nationale, la Marche des Solidarités n’a pas pu se tenir à Toulouse en raison du déploiement d’un dispositif policier hyper répressif. Le Collectif des Sans Papiers Toulouse 31 et d’autres organisations ont néanmoins pu se réunir pour organiser la suite.

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À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, dans un contexte de mouvement antiraciste d’ampleur internationale et suite à une première Marche des Solidarités qui avait réuni plus de 10 000 personnes à Paris le 30 mai, plusieurs organisations ont appelé à des rassemblements et manifestations dans de nombreuses villes de France pour exiger la régularisation de tous les sans papiers, la fermeture des centres de rétention administratifs (CRA) et un logement pour tous.

Le Collectif des Sans Papiers Toulouse 31

Le Collectif des Sans Papiers Toulouse 31, duquel fait partie le Collectif de Défense des Étudiants Sans Papiers, a été créé au début du mois de juin pour construire la mobilisation à Toulouse, ville où de nombreuses personnes exilé·es, souvent sans papiers, subissent de plein fouet la crise et la répression. En effet, comme l’explique Mohammed, 19 ans, arrivé mineur en France il y a seulement 2 ans : « La période de Covid-19 a été une période très difficile pour tout le monde, mais pour nous c’était exceptionnel : pendant que tout le monde était confiné chez soi, il y avait des sans papiers sur les chantiers, des livreurs, qui continuaient de travailler face au Covid. » Si la crise sanitaire a plus que jamais mis en lumière le fait que ce sont bien les travailleurs qui font tourner la société, elle a aussi révélé que parmi ces derniers, les personnes sans papiers sont bien souvent en première ligne dans des situations particulièrement précaires. Dans les jobs les plus dangereux et les moins bien payés et reconnus, sans possibilité d’obtenir un contrat de travail, ils et elles doivent faire face aux pires abus des patrons, qui n’hésitent pas à maximiser leurs profits en utilisant cette abjecte distinction que l’État crée entre les travailleurs « avec » et « sans » papiers, pour les mettre en concurrence en France et entre les différents pays. De plus, ne pouvant accéder aux droits les plus élémentaires qui sont rattachés à l’état civil français et au contrat de travail, notamment en ce qui concerne la santé et le logement, les personnes sans papiers sont contraintes de vivre dans des conditions parfois déplorables. Il y a quelques mois, c’est bien la surpopulation consciemment ignorée par les autorités publiques qui avait entrainé un incendie dans le squat de l’avenue de Muret, jetant plusieurs centaines de personnes déjà précaires à la rue et exposant les personnes sans papiers à la traque acharnée des forces de répression. C’est sans parler du racisme quotidiennement subi par toutes ces personnes, dans le cadre des institutions auxquelles elles sont confrontées à commencer par la police, mais aussi parmi la population qui reproduit ce racisme d’État, en tombant dans le piège du gouvernement et du patronat qui consiste à « nous diviser pour mieux régner ». C’est pour toutes ces raisons que les habitant·es sans papiers de Toulouse vivent des situations spécifiques d’exploitation et d’oppression, et ont besoin de s’organiser par eux-mêmes et pour eux-mêmes, en indépendance de l’État et de ses institutions.

Une mobilisation scandaleusement réprimée, mais une lutte qui s’organise

Alors que le Collectif avait appelé différentes organisations à relayer l’appel à se rassembler ce samedi 20 juin au niveau du métro Capitole et déclaré cet évènement à la préfecture, cette dernière a rejeté la demande et envoyé la police et la BAC sur le lieu du rassemblement pour effectuer des contrôles d’identité, affichant clairement son objectif d’étouffer la mobilisation naissante. Alors que la préfecture a récemment autorisé un rassemblement de commerçants ayant pour but de réclamer la répression des manifestations dans le centre-ville, nous dénonçons fermement la répression de la lutte des personnes sans papiers qui se battent pour leurs droits, par l’État et son bras armé qui défendent les intérêts d’un système économique intrinsèquement raciste.

Par ailleurs, suite à l’interdiction du rassemblement par la préfecture, certaines organisations qui avaient accepté de relayer l’appel du Collectif des Sans Papiers 31 se sont permis d’annoncer sur les réseaux sociaux que la mobilisation était annulée, sans concertation préalable avec le Collectif qui avait quant à lui décidé de maintenir. Ce genre de décision unilatérale, en semant la confusion, peut exposer les manifestants a davantage de répression. Cela a pu être discuté par le Collectif et leurs soutiens afin que cette mauvaise expérience ne se reproduise plus.

C’est donc dans les locaux d’une association que le Collectif et les différentes organisations de soutien ce sont repliés pour tirer quelques bilans et organiser la prochaine échéance, qui sera annoncée prochainement. Comme expliqué dans le communiqué du Collectif des Sans Papiers 31, ce fut également l’occasion de rendre hommage à la famille de Lamine Dieng, décédé des suites d’une arrestation par la police le 17 juin 2007 à Paris.

Malgré la répression, la lutte pour la régularisation des sans papiers s’organise donc à Toulouse, en lien avec les autres villes et avec les autres organisations prêtes à faire front dans un combat sans relâche pour la vérité et la justice, contre le racisme et les institutions qui le génèrent et le reproduisent. À Paris, ce sont plus de 50 000 personnes qui ont marché ce samedi selon les organisateurs, mettant à l’honneur les Gilets Noirs ou encore les travailleurs sans papiers de l’entreprise Frichti organisés en cortège.

Comme le souligne Pablo, militant au NPA/Révolution Permanente venu en soutien au Collectif : « Les pays impérialistes comme la France ou les États-Unis exploitent, pillent, des pays entiers, mais quand les habitants de ces pays n’ont pas d’autre choix que de venir vivre ou essayer de vivre dans les pays de leurs bourreaux, on les chasse, on les persécute, on les tue. […] Dans cette période de révolte mondiale contre le racisme et de crise capitaliste, il est important qu’on soit unis, en allant contre la stratégie de la bourgeoisie de division entre les travailleurs avec et sans papiers ». Dans cette logique, la force du mouvement antiraciste récent a poussé certaines organisations syndicales a prendre en charge la question du racisme, comme on a pu le voir aux États-Unis où un syndicat de dockers a organisé le blocage de 29 ports de la côte ouest en solidarité avec le mouvement contre les violences policières et le racisme dans tout le pays. De la même manière, la régularisation de toutes les personnes sans papiers doit clairement faire partie des revendications du mouvement ouvrier, amené à se recomposer sous l’effet de la crise.

 
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