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La Izquierda Diario
22 de juin de 2020 Twitter Faceboock

OKLAHOMA : TRUMP RATE SON MEETING
Trump fait un flop : une salle aux deux tiers vide pour son retour en campagne
Claude Manor

Le premier meeting électoral de Trump en Oklahoma était censé relancer la campagne du président. Il avait promis une salle comble ; ça a été un bide. Quant à son discours, il a soufflé sur toutes les braises des crises sanitaire, économique et raciale qui sévissent aux États-Unis.

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Crédit photo : Nicholas Kamm AFP

Une mauvaise surprise pour le fanfaron

L’0klahoma qui est l’un des Etats les plus conservateurs des Etats-Unis avait contribué, en donnant une large avance aux républicains, à assurer la victoire de Trump lors des dernières élections présidentielles de 2016. Tulsa, deuxième ville de l’Oklahoma a donc été choisie pour organiser le retour de Trump dans la campagne pour sa réélection. Sûr de lui, le président avait récemment annoncé dans un tweet que « près d’un million » de personnes avaient réclamé des billets pour assister à son meeting, et promis une salle comble. Un changement de salle avait même été envisagé au cas où les participants dépasseraient les 20 000 initialement prévus. Un coup de com. était également préparé en cas d’affluence massive : une allocution destinée aux « malheureux » qui n’auraient pas pu pénétrer dans l’enceinte du meeting.

Mais samedi soir, 20 juin, c’est le fiasco. D’après les médias américains, les pompiers de Tulsa n’ont dénombré que 6 200 spectateurs. Au lieu d’une salle comble, c’est une foule qui n’est pas au rendez-vous, des gradins clairsemés, et une allocution aux « malheureux exclus » promptement retirée.

Pour justifier cette désertion, Trump ne trouve pas d’autre solution que d’incriminer un « sabotage » mené par des contre-manifestants pour dissuader les spectateurs de venir assister au meeting. Même si effectivement un groupe d’opposants revendique une action menée sur les réseaux sociaux via l’application « tik-tok », il est clair que ce n’est sûrement pas la seule raison de la faible audience qui a accueilli Trump à Tulsa et que cet échec revêt une signification politiquement importante à l’échelle fédérale, dans un contexte où, sur fond de crise sanitaire, économique et raciale, Trump traverse une très mauvaise passe et accuse le coup dans les sondages.

Un discours qui souffle sur toutes les braises de la crise

Trump est venu en Oklahoma dans un fief qui avait contribué à sa victoire en 2016, en campant sur les positions les plus droitières susceptibles de flatter un électorat républicain hautement réactionnaire qu’il traite comme s’il était acquis. Sans prendre la mesure de l’écho que peut engendrer ce discours de relance, non seulement localement mais aussi à l’échelle de la fédération tout entière, il a accumulé, sur tous les sujets brûlants, impasses et provocations ; tout cela dans un discours que Le Monde décrit comme « parsemé de longues digressions, souvent décousu, [reposant] essentiellement sur la dénonciation d’un péril démocrate ».

Première impasse : le Covid-19. Alors que la pandémie sévit encore largement et de manière inquiétante aux Etats-unis, notamment dans les Etats républicains comme le Texas ou la Floride, adeptes scrupuleux des recommandations officielles ; alors que six organisateurs ont été diagnostiqués positifs et placés en quarantaine le matin même du meeting, Trump trouve le moyen de botter en touche et de qualifier les campagnes de dépistage « d’armes à double tranchant ». S’appuyant sur une logique qui ne peut relever que de la bêtise ou de la provocation il proclame que lorsque l’on fait un plus gros volume de dépistage, on trouve plus de cas et conclut donc sur cet aveu extraordinaire : « alors j’ai dit : ralentissez le dépistage. »

Deuxième impasse qui prend, pour le coup, l’allure d’une véritable provocation : alors que la ville qui accueille le meeting est connue pour avoir été le théâtre, en 1921, de L’émeute raciale de Tulsa lors de laquelle une foule d’américains blancs ont attaqué les habitants et les entreprises de la communauté afro-américaine, dans un extraordinaire déchaînement de violence raciale, Trump a trouvé le moyen de ne pas prononcer une seule fois le nom de George Floyd. Campant sur une ligne ouvertement sécuritaire, Il s’est même adonné à une attaque en règle contre le mouvement de protestation contre le racisme qu’il résume aux pillages et aux dégâts.

Privé des bons indicateurs économiques dont il avait pu user il y a quelques temps, il brandit à nouveau l’épouvantail des démocrates, de son vieil ennemi Obama et de Joe Biden qu’il met dans le même sac. Dans sa hargne, il perd toute mesure en allant jusqu’à stigmatiser l’élue démocrate Ilhan Omar, née en Somalie, réfugiée au Kenya avant de venir aux Etats Unis et dont le père est, de surcroît, mort du Covid. De quoi choquer pas mal de monde.

Une « mauvaise passe » que le meeting de Tulsa ne va pas arranger

Aux dires de la presse américaine et internationale, Trump est dans une « mauvaise passe » à quelques encablures des élections qui doivent avoir lieu au mois de novembre prochain. Ce n’est pas seulement à l’échelle de la population et dans les sondages qu’il bat de l’aile.

Signe d’un réel affaiblissement de son pouvoir, c’est aussi dans les sphères dirigeantes qu’il rencontre des difficultés et que l’étau se resserre. Juste avant le meeting de Tulsa, on apprenait que le juge avait décidé de ne pas bloquer la parution des Mémoires de John Bolton prévue pour le 23 juin, comme le demandait l’administration de Trump. L’arrivée sur la place publique des Mémoires de l’ancien conseiller à la sécurité nationale durant les années 2018 – 2019, ne devraient pas arranger les choses pour Trump.

Autre affaire qui ne contribue pas à éclaircir le tableau pour Trump, le limogeage du procureur Geoffrey Berman, pourtant nommé par Trump lui-même, qui enquêtait sur des proches du président et notamment son avocat Rudy Giulani et affirmait, malgré l’annonce du ministre de la justice, ne pas vouloir quitter de lui-même ses fonctions. Une éviction précipitée à une si faible distance des élections qui laisse à penser que les craintes de Trump sont sérieuses.

Si Trump comptait sur le meeting de Tulsa pour redorer son blason politique et reléguer au second plan les « affaires » qui le fragilisent, c’est raté. La visite en Oklahoma, sur l’un de ses fiefs électoraux, lui aura démontré que les vieux trucs qui avaient marché en 2016 ne sont pas le sésame de la victoire pour 2020 et que les crises en cours changent profondément la donne.

 
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