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6 de juillet de 2020 Twitter Faceboock

Safran veut imposer un « accord » « transformation activité » pour baisser les salaires
Julien Anchaing

Après avoir supprimé près de 16000 postes à échelle internationale, le géant motoriste tente un accord de transformation d’activité sur les près de 45 000 emplois qu’il représente en France. Derrière cet accord, c’est une attaque contre ces travailleurs qui consiste à préparer une baisse importante des salaires en passant par un chômage partiel à long terme partiellement compensé par l’Etat. Une nouvelle offensive contre les conditions de travail.

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Crédits photos : CGT Safran Buchelay

Un Accord de “Transformation d’Activité” qui cherche à entériner le chômage partiel et les baisses de salaires

Pas besoin de revenir sur l’ensemble de la crise économique actuelle poussée en avant par la crise sanitaire pour voir l’impact de celle-ci sur le secteur aéronautique. Avec des annonces de suppressions de près de 15 000 emplois par Airbus dans le monde, une multiplication des accords de performance collective dans les différentes entreprises sous-traitantes et des PSE dans les cas les plus graves, on voit d’ores et déjà la volonté du patronat de faire très vite payer les conséquences de la crise aux salariés. C’est notamment le cas de Safran, qui depuis le début de la crise sanitaire en mars cherche à élaborer un accord de transformation de l’activité avec la complicité de certaines des sections syndicales présentes au sein de l’entreprise, avec pour objectif de le faire signer ce 8 juillet à Paris.

Tout d’abord, l’accord aurait pour objectif le passage sous mesure de chômage partiel de près de 6000 salariés et ce à longue durée et jusqu’à 2022, sous couvert d’éviter un scénario catastrophe de suppressions massives d’emploi. Il fait effet d’une véritable bombe austéritaire quand on s’intéresse de plus près à ces conséquences sur les salariés. Tout d’abord une baisse salariale, lié au chômage partiel qui sera lui compensée par l’Etat.

Cet « accord » de chômage partiel (qui implique notamment la perte du 13ème mois) dont on voit déjà des conséquences importantes à l’échelle du pays pour tous les salariés qui y perdent une ponction de leur salaire de base se voit en plus mis “sous condition” quand il s’agit de le récupérer à long terme. En effet, ce n’est qu’en fonction de l’amélioration de “certains indicateurs” que les salariés devraient pouvoir récupérer le salaire perdu. Une injonction à la performance et à la hausse des cadences pour ceux qui continueront à travailler volontairement tout en se voyant rémunéré au 4/5 voire au 3/5ème de son salaire pendant toute la prochaine période. En gros “travailler plus pour toucher autant qu’avant” ou comme le disaient les salariés de Derichebourg “quand on te prend la main c’est généralement pour te prendre le bras”. L’accord passera donc par un ensemble de mécanisme de suppressions d’emplois et d’incitations aux départs à la retraite, ainsi qu’un plan de “mobilité ou détachements” pour éviter un choc trop direct avec les salariés, mais il n’est en aucun cas une garantie d’une sauvegarde des emplois.

C’est un véritable chantage à l’emploi qui est mis en place pour assurer la signature de l’accord et éviter des relents de combativité de la part des salariés. Alors que plusieurs organisations syndicales comme la CFE CGC ou la CFDT (qui ensemble représentent la majorité syndicale au sein de l’entreprise) se gaussent de revendiquer l’entreprise comme un “protecteur de l’emploi”, ils cachent ouvertement que plus de 4000 postes d’intérimaires ont déjà été supprimés au sein de l’entreprise depuis début mars et que cet accord n’est en aucun cas une garantie d’une non perte d’emploi à plus long terme ou de la non-mise en place d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi, comme nous l’ont déjà enseigné les leçons des licenciements des GoodYear ou encore des Continental après la crise de 2008.

Les sections syndicales FO, CFE-CGC et CFDT se sont prononcés pour la signature de l’accord au plus vite et ce dès le 8 juillet à Paris.

Les sections syndicales majoritaires comme la CFDT et la CFE CGC se sont donc décidés à une signature au plus vite de l’accord saluant la “méthodologie” de la brutalité patronale. La section syndicale FO quant à elle dit se “féliciter” de son propre rôle pour assurer que les baisses de salaires ne seront “pas trop importantes” pour les salariés, jouant de nouveau auprès des salariés les garants des plans patronaux et assurant leur mise en place. La CGT quant à elle explique “ne pas approuver la philosophie et les mesures contraignantes à venir” et s’est posée sur la table des négociations pour éviter une attaque trop brutale envers les salariés. Plutôt que de s’atteler aux négociations de mesures minimales, il faut rappeler de manière ferme son opposition à l’accord de baisse de salaire et d’austérité dans l’entreprise, et cela implique de construire le rapport de force du côté des salariés pour faire face aux plans patronaux. Au lieu de seulement vouloir limiter la casse, il faut préparer l’ensemble des salariés à s’organiser face à la guerre déclarée par le patronat dans le secteur aéronautique.

Au contraire, il semblerait plus que nécessaire face à ce genre d’attaques de s’atteler à reprendre l’exemple des Derichebourg à Toulouse et de préparer une bataille de front, qui exigerait 0 baisse de salaire et 0 licenciement des travailleurs de l’aéronautique.

 
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