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29 de juillet de 2020 Twitter Faceboock

Bolivie. Les manifestants votent la grève illimitée contre le report des élections présidentielles
Violette Renée

En Bolivie, les mobilisations continuent et s’accentuent contre le gouvernement putschiste d’Añez et pour la mise en place de nouvelles élections en septembre prochain. Mardi, une grande manifestation a eu lieu, culminant dans une assemblée générale qui a voté la grève illimitée pour imposer le refus d’un nouveau report des élections.

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Crédits photo : AFP / Aizar Raldes

En novembre dernier, Jeanine Añez s’auto-proclamait présidente d’un gouvernement de transition suite à la démission de Evo Morales. Celle-ci faisait suite à un véritable coup d’Etat mené par la droite, comme le rapportait à l’époque Javo Ferreira, militant de la LOR-CI en Bolivie : « Le mouvement est piloté, depuis le début, par la droite dure, dont les bastions se trouvent dans l’Est du pays, dans la région de Santa Cruz, mais qui dispose de relais dans plusieurs villes du pays, dont Potosí. Cette droite dure, que l’on appelle en Bolivie le « mouvement civique », est soutenue par l’opposition à Morales, très forte au sein des classes moyennes et au sein, bien entendu, de la bourgeoisie, mais elle a su tisser des liens, également, avec certains secteurs du mouvement social, expliquant non seulement l’importance des manifestations qui ont eu lieu dans un certain nombre de villes depuis une vingtaine de jours, mais également les blocages routiers mis en place par l’opposition pour faire pression.

Ces derniers jours, la situation a changé avec plusieurs unités de police qui se sont mutinées contre le gouvernement et le ministère de l’Intérieur. La décision de l’OEA a fini de faire basculer les militaires dans le camp des putschistes. Dans cette situation, donc, une heure après la conférence de presse organisée par l’état-major, Morales a bel et bien « démissionné », suivi de son vice-président et des présidents des deux chambres ainsi que plusieurs gouverneurs et maires du Mouvement Au Socialisme (MAS). »

Depuis, le gouvernement persécute Evo Morales et le MAS. Depuis février dernier, l’ancienne cheffe de cabinet de Evo Morales, Patricia Hermosa, est emprisonnée sur la base d’accusations de sédition et terrorisme, tandis que Evo Morales a lui aussi fait l’objet d’accusations similaires de la part du Tribunal suprême électoral. Il est actuellement refugié en Argentine.

En parallèle de nombreuses manifestations populaires ont éclaté dans le pays contre ce coup d’État et pour la mise en place de nouvelles élections présidentielles, et ce depuis fin 2019, même en pleine épidémie et confinement militarisé. Des manifestations violemment réprimées où les forces de l’ordre n’hésitent pas à utiliser des armes à feu, faisant des dizaines de morts depuis le début du coup d’État et de nombreux blessés.

Malgré ces mobilisations, l’organisation des élections présidentielles promises par le gouvernement putschiste ne cesse d’être repoussées, le gouvernement avançant le prétexte de l’épidémie, qui de frappe durement le pays. Un prétexte que les militants et sympathisants d’Evo Morales récusent, affirmant que c’est la perspective d’une nouvelle victoire du MAS qui effraie avant tout le gouvernement, Luis Arce, le candidat du MAS, étant en tête des sondages. Le 23 juillet dernier, le Tribunal suprême électoral, lors d’une séance plénière, a approuvé un nouveau report - le quatrième - des élections générales prévues le 6 septembre, les amenant au 18 octobre.

Ce nouveau report des élections semble amener les boliviens à changer de stratégie pour exiger le respect de la date des élections du 6 septembre. Une mobilisation massive a en effet eu lieu mardi 28 juillet avec une marche jusqu’à El Alto, où une assemblée générale a été organisée pour exiger le respect de la date des élections du 6 septembre. Les mineurs de Huanuni, les usines, la fédération Tupak Katari et diverses organisations sociales, ouvrières et paysannes y ont participé selon La Izquierda Diario Bolivie.

L’assemblée générale a décidé d’entamer une grève générale illimitée avec des mobilisations dans les 9 départements et un blocage des routes, jusqu’à ce que le Tribunal suprême électoral (TSE) annule le nouveau report des élections. Une dynamique de lutte progressiste, mais qui reste enferrée dans l’unique perspective électoraliste proposée par le MAS, dont se fait le relai la direction de la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB).

En effet, malgré les attaques qu’il subit, le Parti d’Evo Morales, demeure dans une attitude de conciliation face aux putschistes. La sénatrice du MAS, Eva Copa, et le Président de la chambre des sénateurs affirmaient dimanche dernier que le MAS ne s’opposerait pas à la nouvelle date du 18 octobre. Cette stratégie de pression pour négocier dans de meilleures conditions avec les putschistes montre une fois de plus que le MAS ne cherche pas à les vaincre dans la rue mais dans les urnes, enfermant le mouvement dans des limites très étroites, et l’exposant à de nouveaux coups d’Etats futurs.

Face à cette perspective, seule l’auto-organisation du mouvement et la coordination des secteurs en lutte peut permettre de renforcer l’opposition au gouvernement putschiste. De même, face à la situation dramatique du pays, c’est un programme d’urgence qu’il s’agit de déployer, qui inclue la nationalisation de la santé, la centralisation du système de santé et son contrôle par les travailleurs. Un programme qui exigerait d’aller bien plus loin que la simple perspective d’élire un nouveau gouvernement.

 
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