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La Izquierda Diario
5 de août de 2020 Twitter Faceboock

Précarité dans la santé
Hommage aux auxiliaires de vie. Le mépris macronien continue
Alexandre Mongis

Emmanuel Macron en déplacement à Toulon pour aborder la question de la dépendance a annoncé une forme de versement de prime covid pour les auxiliaires de vies. Des éléments insuffisants et encore flous pour ce secteur précarisé.

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Auxiliaire de vie : précaire et en première ligne

Dans le secteur de “la dépendance” on trouve certes les personnels des EHPAD mais également tout une partie qui intervient au domicile des usagers : aides soignant.e.s et auxiliaires de vie. Indépendant.e.s, intérimaires ou autres contrats précaires ils et elles font partis de ces oublié.e.s et méprisé.e.s, de ceux sur qui les capitalistes et le gouvernement entendent faire toujours plus d’économie pour assurer et gonfler leurs profits. Il s’agit d’un secteur indispensable qui intervient auprès de personnes handicapées ou âgées qui ne peuvent plus être autonomes : leur faire à manger, les accompagner dans leurs soins, leur hygiène, ce sont leurs tâches de tous les jours. Souvent attaché.e.s à leur travail, les conditions dans lesquelles celui-ci est exercé le rend insoutenable et cause un manque de personnel important face aux choix proposés : démission ou dépression. Les pressions liées à la forme de contrat dans un objectif de rentabilité (par exemple, pour une panne de transport causant un retard, c’est un renvoie immédiat au chômage), de plus la sous estimation de leur tâche et temps nécessaire d’intervention chez les usagers les contraint à faire un travail supplémentaire non payé devant la détresse de gens ou bien les laisser seul dans une situation inhumaine. Un domaine dans lequel les salaires sont souvent inférieur au SMIC au travers de mi temps et de missions intérimaires ponctuelles qui participent à laisser les travailleurs dans une grande précarité. Ce qui s’inscrit dans la logique générale qui concerne les aides à domiciles de faire le plus d’économies possibles en recourant à une sous traitance, et un service intérimaire ou CDD important aux profits des mains privées qui tiennent les structures. C’est ainsi que dans son témoignage Camille évoque l’attachement à son travail mais ne s’y retrouve pas financièrement , n’arrivant pas avec sa paye de 850 euros à joindre les deux bouts à la fin du mois, se retrouvant à devoir courir après la montre pour effectuer toute les tâches aux domiciles de ses patients qui connaissent une solitude et une dépendance importante, et se retrouver une grande partie de sa journée dans les transports qui la mettent en retard et qui lui occupe la moitié de sa journée sans être ni rémunérée ni défrayée.

S’il s’agit donc d’un rôle central dans notre société, d’autant plus vieillissante, les conditions de travails précaires et sous payé participent à une exploitation accrue de ces travailleur.ses pour les profits des capitalistes et les économies de l’Etat sur la santé de sa population. D’autant plus qu’il s’agit d’un secteur très féminisée, (à 97%), révélant par là une exploitation encore plus importante de celle-ci dans le système capitaliste qui n’hésite pas à profiter de toute les discriminations dont elle sont victimes pour leur imposer des conditions de travails dégradées.

L’absence de considération minimale de ces travailleur.ses de la part du gouvernement en leur refusant la prime Covid a généré une colère chez eux comme comme l’exprimait Christine le 1 juillet dernier “On aimerait déjà qu’ils reconnaissent qu’on a été sur le front” . Si d’après le président et ses ministres les auxiliaires de vies ne constituaient pas la première ligne ils et elles ont été pourtant tous les jours tributaires de transports et en contact avec différentes personnes.Ils ont négligé l’importance de ces travailleurs en leur refusant les masques sous prétexte de pénurie, alors que les entreprises privées les gardaient en stock pour faire tourner des secteurs non-essentiel et ne pas perdre une miette de leurs profits. Par là, juger non-indispensable cette profession, comme semble le traduire le refus des masques, des primes et d’augmentation salariales, alors qu’elle permet de prendre soin des personnes chez elles pour soulager les structures, et censée assurer un service digne à la personne (si les moyens le permettaient réellement), est une injure à celles et ceux sans qui l’engorgement et la mort à l’hôpital auraient été bien pire. L’invisibilisation de ce travail se fait, afin d‘en exploiter plus les employé.e.s, au détriment des personnes du “grand âge”, et usagères de ce service, qu’en parole Macron entend aider, mais qui dans les fait les a laisser toujours plus exposés au virus afin de maintenir économie et profits capitalistes.

Aussi, l’annonce ce mardi 4 août de la création d’une prime covid pour ces travailleurs et travailleuses, de la part du président de la république qui se targue d’exprimer son profond soutien à ce secteur, ne trompe personne sur le fond qui ne revient en aucun cas remettre en cause leurs conditions de travails. Il n’est pas non plus question de revalorisation des salaires et embauches massives pour subvenir aux besoins des personnes les plus vulnérables et soulager le personnel, sans que les patients deviennent de banals clients.

De plus la forme de cette annonce à la veille de son départ en vacances semble être une bonne manière de ne pas se faire oublier pendant son retrait, alors qu’on demande aux travailleurs de ne pas prendre leurs vacances en plein été et en même temps que celles de leurs enfants, prétextant qu’il faut rattraper le retard mais surtout pour encore et toujours plus leur faire payer la crise économique.

Effet d’annonce pour les auxiliaires de vies : le gouvernement dans l’impasse

Alors que les auxiliaires de vie sont souvent considérées, au vu du manque de reconnaissance et de leur précarisation aggravée, comme la dernière maille de la chaîne, il s’agit d’un poste indispensable d’autant plus face au vieillissement de la population qui accroît le nombre de personnes en dépendance s’élevant déjà à 800 000 seniors et 300 000 personnes en situation de handicap d’après Le Monde

La crise démographique poussait Emmanuel Macron à promettre en début de quinquennat une politique de soutien envers le “grand âge” et l’autonomie”. Couplée à la crise sanitaire qui touche les plus vulnérables la création de cette cinquième branche de la sécurité sociale a été adopté définitivement au parlement, incluant le projet de loi sur la dette sociale. Une mesure aux allures progressistes mais qui entrait en contradiction profonde avec la réduction des moyens et dépenses de la sécurité sociale que prévoyait le même projet de réforme de la santé dans lequel le gouvernement ne tire aucune leçon de la crise sanitaire. Sans aucune remise en question de la casse de l’hôpital public qu’ils ont orchestré depuis 40 ans ils poursuivent les projets de réforme néolibérales contre l’hôpital, et révèle par là une opposition radicale entre les intérêts de la minorité au pouvoir et celle de la majorité exploitée et envoyée au front des crises sanitaire et économique. Cette branche naissante déjà morte révélait surtout alors la stratégie gouvernementale qui tentait de se redorer un blason sociale pour cacher le plan de destruction massif du système de santé et d’aides sociales. Une telle branche crée sans moyens n’a aucun sens et ne peut palier à ce que demande aujourd’hui les auxiliaires de vie en première ligne de la dépendance et du covid depuis le début : des salaires décents et du temps pour ne pas traiter les patients “comme des vases”.

Quant à cette prime tardive, elle s’avère être qu’une nouvelle coquille vide puisqu’elle sera versée par les départements avec une aide étatique dérisoire de 80 millions d’euros, insuffisant pour ne serait ce que verser une prime de 1500 euros aux 326 000 travailleurs et travailleuses.

Mais la stratégie macronienne de divisions par la prime inégale dans les hôpitaux peut se poursuivre par une telle organisation départementale de l’attribution de la prime. Pour le gouvernement, alors que la crise sanitaire a ramené la solidarité de classe au centre avec des manifestations qui liaient l’ensemble des secteurs hospitaliers, il s’agissait de diviser les forces qui relevaient la tête et revendiquaient, plus qu’une prime de 1500€ pour tous et notamment une revalorisation de 300€ pour tous les salaires . La répartition inégale des primes tendaient à cette division. De même aujourd’hui, laisser les départements fixer les critères des primes pour les auxiliaires de vies entraînent, avec des appréciation différentes et des moyens différents, une variation allant jusqu’à 1000 euros d’écarts de primes pour le même travail. A titre d’exemple le Nord prévoit une prime de 512€ pour les 7000 auxiliaires de vies quand en Meurthe-et-Moselle une prime de “1.500 euros doit être versée aux auxiliaires de vie qui ont travaillé à temps plein pendant le confinement” d’après un article de Capital. Il est encore une fois clair que le gouvernement et les directions, de services et d’entreprises, entendent encore diviser le travail pour assurer leurs profits. Une politique qui s’appuie sur la structure même du secteur ici concerné qui connaît une atomisation forte avec des conditions instables et qui favorisent une mise en place de prime diversifiée, et rend plus difficile aux travailleuses et travailleurs de s’organiser, laissant la possibilité pour les capitalistes de toujours plus les exploiter.

Il suffit de lire les déclarations Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale et directeur de l’Ecole nationale supérieure de la Sécurité sociale (EN3S), qui avait été missionné par le premier ministre, en septembre 2018, pour examiner, notamment, «  les différentes modalités de financement de la dépendance », pour comprendre le but de l’annonce d’un tel projet, bien qu’incohérent dans le fond.
La crise sanitaire a surtout confirmé la pertinence de la reconnaissance d’un risque social à part entière – celui de la dépendance – au cœur de la solidarité nationale. Si la solidarité nationale ne s’exprime pas vis-à-vis du grand âge, je ne sais pas ce que solidarité nationale veut dire.” confiait-il à Le Monde le 13 avril dernier. Et d’écouter ce que Macron promettait ce matin à savoir une revalorisation des salaires dans le but de rendre à nouveau attractif le métier, comme le recommandait El Komhri en relevant le mur démographique qui se montait devant eux et l’absence de personnels pour faire face à ce type de besoin de la population , alors qu’eux mêmes sont responsables d’attaques sur les travailleurs que ce soit par la loi Travail de 2016 ou l’ensemble des réformes anti-sociales.
Il ne fait aucun doute que ce qui pousse aujourd’hui le gouvernement Macron-Castex a donner des miettes et des promesses aux travailleurs précaires, c’est la contestation généralisée qui pourrait les faire vaciller et sa nécessité comme il a tenté de le faire pendant le confinement de renforcer le bloc national pour masquer son ingérence des problèmes auxquelles nos sociétés sont amené à faire face. Il ne s’agit pas tant de reconnaître le travail des auxiliaires que d’essayer d’atténuer la détresse des personnes vulnérables qui pourrait susciter une contestation sociale importante, notamment chez les plus jeunes. C’est derrière cette politique d’union nationale comme dernière alternative pour le bloc bourgeois afin de se maintenir, pour retarder toute union des exploités.

Une seule sortie progressiste, l’auto-organisation des travailleuses et travailleurs

Contre cette gestion de la crise sanitaire qui a délaissé les franges les plus précaires et isolées, sans moyens et exposés au coronavirus, un investissement massif dans la santé est nécessaire.

Un plan de reconstruction de l’hôpital et de l’ensemble des services de santé et d’aides doit être pensé pour répondre aux besoins de la population. Si celui ci ne peut être envisagé par la classe dominante qui ne cherche qu’à soigner ses profits, ce sont aux travailleurs eux mêmes de revendiquer le contrôle de ces services nécessaires. On ne peut continuer de permettre à une minorité de continuer à faire des profits sur l’hôpital ainsi que dans les secteurs atomisés, comme celui des aides à domiciles. Aussi la nationalisation de tous les services en assurant un contrat stable et un salaire décent à l’ensemble des personnels, infirmières, aides soignants, auxiliaire de vie en EHPAD ou à domicile, doit permettre, par un contrôle des travailleurs de la santé eux mêmes de leur service, d’assurer un service de santé public efficace.

Le système capitaliste décadent ne peut trouver une quelconque solution et ne propose que, d’un côté : des solutions de plus en plus réactionnaires comme les licenciements et la criminalisation des travailleurs en lutte y compris ceux de l’hôpital qui ont subi après avoir été traités en héros une répression violente, comme c’est le cas depuis des années et encore plus ces derniers temps dans les quartiers où la police tu pour maintenir la colère sociale. Et d’un autre, des tentatives de cooptation des secteurs en lutte avec des primes au rabais et des négociation qui ne semblaient plus en finir, comme dans le SEGUR qui visait à maintenir la colère pour la laisser s’éteindre en épuisant toujours plus les hospitaliers, ou comme la prime inégale et insuffisante que vient d’annoncer Macron pour les auxiliaires de vie qui ne les sort pas de l’incompréhension ni n’en calme la colère.

Aussi rien n’est à demander de ce gouvernement pour gérer la crise et un plan de bataille contre la logique capitaliste doit être portée par les travailleurs. En ce sens nous devons pouvoir nous organiser et rompre avec les directions actuels des syndicats qui sont occupées à négocier les modalités de licenciements et d’attaques sociales avec le gouvernement au lieux de penser une stratégie gagnantes pour l’ensemble des travailleurs en liant les revendications de l’ensemble de notre classe et en soutenant les franges les plus isolées et précaires.

Crédit photo : Jean-François Monier/AFP

 
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