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La Izquierda Diario
13 de août de 2020 Twitter Faceboock

Répression
Deux figures de l’opposition hongkongaise arrêtées : la répression de Pékin monte d’un cran
Inès Rossi

Au nom de la nouvelle loi sur la sécurité nationale mise en place à Hong Kong, deux des principaux opposants au régime chinois ont été arrêtés. Un pas de plus dans la répression de Pékin envers la cité-État.

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Crédits photo : VERNON YUEN/AFP

En mai, l’Assemblée Nationale Populaire de Chine a voté, lors de sa rencontre annuelle, une nouvelle loi de sécurité nationale à Hong Kong. Censée punir les actes de « sécession », de « subversion », de « terrorisme » et de « collusion » avec des puissances étrangères, cette nouvelle loi est entrée en vigueur fin juin. Les contrevenants encourent des peines allant jusqu’à la perpétuité. La législation implique, dans les faits, une accentuation du contrôle de Pékin sur la cité-État qui jouit, depuis sa rétrocession à la Chine il y a 23 ans, d’une semi-autonomie.

En effet, Hong Kong, ex-colonie britannique, a été rétrocédée à la Chine en 1997, sous les conditions politiques de la formule de Deng Xiaoping dite du « un pays, deux systèmes ». Même si, du point de vue économique, la Chine et Hong Kong sont aujourd’hui davantage semblables qu’elles ne l’étaient en 1997, cette dernière conserve certaines libertés démocratiques qui justifient son statut semi-autonome.

Cette exception hongkongaise a de facto pris fin, la nouvelle loi permettant au régime chinois d’imposer un contrôle répressif plus fort sur Hong Kong. La cité-État est traversée depuis des mois par des mouvements pro-démocratie, fortement réprimés par Pékin, et la nouvelle loi marque un tournant dans ce processus. En ce sens, « l’interdiction d’insulter l’hymne national » devient un instrument supplémentaire dans cette tentative de Pékin de mettre de fait fin au mouvement de contestation qui s’y développe depuis un an, en limitant certains droits comme la liberté de réunion, l’accès illimité à Internet, la liberté de presse, entre autres.

Deux leaders du mouvement contestataire arrêtés

De nombreuses arrestations ont déjà eu lieu, mais c’est le mardi 10 août que la Chine a frappé son coup le plus symbolique : 10 personnes ont été arrêtés au nom de la loi de « sécurité nationale ». Parmi elles, Jimmy Lai et Agnes Chow, deux des principaux leaders du mouvement de contestation. Jimmy Lai, 71 ans, est fondateur du Apple Daily, journal d’opposition hongkongais ; quant à Agnes Chow, 23 ans, c’est une militante pro-démocratie qui s’est distinguée en 2016 en lançant, avec Nathan Law, 27 ans, et Joshua Wong, 23 ans, le parti Demosisto, inspiré du mouvement de la jeunesse pro-démocratie de 2014, dit « des parapluies ». Les deux jeunes hommes sont aujourd’hui en exil.

Libéré sous caution, Jimmy Lai a lancé un appel aux Hongkongais pour défendre la liberté de la presse. Officiellement, il est accusé par Pékin de « collusion avec des forces étrangères » pour « provoquer le chaos » et de fraude, et présenté comme « un fauteur de troubles antichinois ». Poussant encore plus loin l’intimidation envers les journalistes dissidents, 200 policiers ont perquisitionné la salle de rédaction de son journal.

Agnes Chow est elle aussi accusée de « collusion avec des forces étrangères » et d’« incitation à la sécession », ce qui pourrait lui valoir une peine d’emprisonnement à vie. Libérée sous caution, elle s’est adressée au régime chinois en ces mots « Je demande instamment aux autorités de cesser ces poursuites politiques ridicules ».

Le faux soutien de Donald Trump

En s’attaquant à ces figures, Pékin envoie un message clair aux opposants politiques : personne n’est à l’abris. La cité-État est, depuis l’accentuation des tensions sino-américaines, un enjeu géopolitique central pour le régime. Donald Trump avait d’ailleurs mis fin au traitement économique préférentiel de Hong Kong par les États-Unis, pénalisant ainsi toute la Chine, en représailles de la nouvelle loi. Sa réponse aux nouvelles arrestations ne s’est pas fait attendre, et sonne comme une menace : « Les marchés de Hong Kong vont connaître une descente aux enfers. Personne ne va y faire des affaires » a-t-il déclaré jeudi.

Dans un contexte de crise du coronavirus et de guerre commerciale avec les Etats-Unis, Hong Kong est un territoire stratégique, du fait de ses activités économiques et financières. Les déclarations du président américain s’inscrivent dans le cadre de la guerre commerciale et politique qui s’accentue entre les deux grandes puissances. La pression économique ne cesse de peser sur la Chine, de plus en plus concurrencée par les puissances étrangères.

La menace d’une perte de puissance économique pousse Pékin à vouloir mieux asseoir son contrôle politique, en particulier dans ses territoires périphériques, à travers une accentuation de la répression et de son discours nationaliste, afin d’écraser toute potentielle contestation. Cette loi est également un avertissement pour les travailleurs chinois, dans un contexte de crise où des conflits sociaux pourraient surgir.

Et si Donald Trump se pose en défenseur de la démocratie et instrumentalise le combat des habitants de Hong Kong, il s’agit en réalité pour les États-Unis de réaffirmer leur propre leadership mondial, dans un contexte où le pays fait face à une grave crise économique et sanitaire.

Les régimes impérialistes et capitalistes ne sont pas les alliés des opposants hongkongais ; au contraire, ils profitent de leur oppression, et de celle de tous le travailleurs chinois. Au niveau international, ce sont les entreprises multinationales et les investisseurs occidentaux qui ont largement tiré bénéfice du régime répressif de Chine. De cette concurrence entre grandes puissances, les travailleurs et les classes populaires de Hong Kong, de Chine continentale ou même des États-Unis n’ont rien à gagner, et auraient davantage intérêt à s’allier et combattre ensemble contre ce système.

 
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