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La Izquierda Diario
14 de août de 2020 Twitter Faceboock

Homophobie
Augmentation des violences homophobes : la police refuse les plaintes pour homophobie
Adrien Balestrini

Samedi dernier, un homme gay a été piégé puis agressé par trois autres hommes dans le Jardin des Tuileries à Paris. Les trois agresseurs ont été relâchés au bout de 72 heures de garde à vue et l’audience déplacé en 2021. A la violence de l’agression homophobe s’ajoute celle de l’impunité permise par l’institution policière et judiciaire.

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Le 13 août, le journal LGBTI français Têtu sortait un article relatant l’agression homophobe de Frédéric par trois jeunes hommes dans la nuit du 8 août -. On y apprend que, lors d’une virée nocturne au jardin des Tuileries, un des lieux de rencontre gays de la capitale parisienne, Frédéric a été accosté par un homme au « visage d’ange » mais qui se révélera être au fond un monstre selon ses dires. La rencontre se révélera très vite être un guet-apens. Frédéric s’est réveillé en sang, ses effets personnels dérobés et son téléphone en morceaux. Il est transporté à l’hôpital où les médecins lui suturent l’arcade sourcillières et lui donnent quatre jours d’ITT (Interruption totale de travail). Au moment d’aller porter plainte au commissariat du 4eme arrondissement, il apprend que ses agresseurs ont été retrouvé par la police. Ces derniers avaient été interpellé alors qu’ils s’en prenaient à d’autres hommes dans le parc.

L’avocate de Frédéric, Me Christine Courrégé, dénonce au journal les conditions d’accueil des victimes d’homophobie par la police du 4e arrondissement. Cette dernière a convoqué une confrontation dès le lundi où les victimes, les agresseurs ainsi que les policiers se sont retrouvé dans une salle d’une vingtaine de mètre carré, impropre aux normes sanitaires en temps d’épidémie. Me Courrégé évoque la situation surréaliste entre les ricanements et les discussions des détenus entre eux en pleine confrontation. Après 72h de garde à vue, les trois hommes ont été relâché et l’audience repoussée en janvier 2021. Autant dire que les agresseurs auront déguerpis depuis longtemps.

L’homophobie fait partie de l’ADN de la police ?

Si l’avocate de Frédéric s’étonne du manque d’exemplarité du commissariat sur l’accueil des victimes de violence homophobe en se disant « estomaquée de la manière dont [la procédure] s’est produit[e] » dans le commissariat du quartier historiquement gay de Paris, il serait naïf de penser que l’homophobie soit absent à la police française.

En effet, alors que les agressions physique LGBTI-phobes sont en augmentation chaque année (237 cas ont été rapporté à SOShomophobie en 2019 contre 231 en 2018), le nombre de plainte à la police reste au beau fixe. Le rapport 2020 de SOS Homophobie- énonce que le nombre de plaintes à la police représentait 1% des 2 396 témoignages que l’association avait reçu en 2019. En addition à cela, plusieurs témoignages accusent la police de ne pas prendre les plaintes pour agressions homophobe ou transphobe au sérieux.

C’est le cas de Corentin, dont le prénom a été changé pour préserver à son anonymat, qui en 2019 a eu la désagréable expérience de se faire refuser sa plainte pour insulte homophobe et menace de mort car ce dernier ne faisait pas homosexuel -. "L’agent m’a dit que je ne faisais pas homosexuel, que je n’avais pas les talons, les boucles d’oreilles et que je n’étais pas maniéré, je faisais assez masculin. J’étais caractérisé en mode hétéro. Sauf que je ne demandais pas une étiquette sur ma sexualité, je sais ce que je suis et je l’assume pleinement. Sur le coup je ne savais pas quoi faire, j’étais triste et en colère et j’avais l’impression d’être pris pour un con..." raconte Corentin sur Twitter. Des témoignages comme celui-ci, le rapport de SOS homophobie en contient à la pelle.

Nous ne pouvons pas faire confiance ni à la police ni à la justice pour gérer les violences LGBTI-phobes 

Contrairement à l’idée qu’il faudrait « éduquer » la police pour une « meilleure prise en charge » des violences LGBTI-phobe, un petit plongeon dans l’histoire de l’institution policière donne une idée de son caractère fondamentalement répressif à l’égard de l’homosexualité. L’historien Thierry Pastorello, historien de l’homosexualité, évoque la spécialisation de la police et de la justice dans la surveillance de la bonne morale dès la révolution française de 1789. Dans son article « Du péché de Sodome à l’outrage aux mœurs », il explique la construction de l’homosexuel masculin comme un déviant, assimilé aux fléaux sociaux de l’époque : le banditisme, le vagabondage et la prostitution. La justice et la police sont assignés défenseurs de la « morale publique ». Les textes légaux du dictionnaire général de police administratif de 1816 viennent appuyer cet état de fait : « Toutes mauvaises mœurs étant destructrice de l’ordre social et de la tranquilité publique, c’est aux magistrats et officiers de police qu’il appartient de les réprimer. »

De nos jours, l’augmentation des violences LGBTI-phobes énoncées plus haut se fait sur une toile de fond d’un crise économique qui promet des attaques contre les femmes et les membres de la diversité sexuelle. A Varsovie, la police polonaise a procédé à l’arrestation violente d’une militante ainsi qu’une cinquantaine de manifestants alors que le président sortant Andrzej Duda accuse les LGBT de vouloir imposer une « idéologie néobolchévique » aux enfants polonais-. En France, le débat sur le projet de loi bioéthique aura aussi été l’occasion de voir des locaux de Planning familial comme celui de Bordeaux pris pour cible par des associations anti-avortement et anti-PMA-.

Ces quelques éléments et les chiffres de SOSHomophobie ne permettent pas d’espérer une amélioration des conditions de vie des LGBTI par le système qui ne nous promet que misère et violence. C’est pourquoi, nous, militants LGBTI, nous devons lutter aux côtés des exploités et des opprimés sans aucune confiance dans les États et leurs institutions, comme la police, qui conservent un caractère profondément réactionnaire et qui n’hésiteront pas, en temps de crise généralisée, à revenir sur nos acquis démocratiques !

 
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