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La Izquierda Diario
24 de août de 2020 Twitter Faceboock

Meeting d’ouverture de l’université d’été du NPA
NPA. Ouverture de l’Université d’été sur fond de rentrée sociale et de débats stratégiques dans le parti
Paul Morao

Hier soir, se tenait à Leucate le meeting d’ouverture de l’Université d’été du NPA. L’occasion de revenir, avec de nombreux acteurs des luttes, sur une année marquée par des mobilisations et un contexte historique, mais aussi d’esquisser les débats stratégiques sur l’avenir du parti qui devraient animer cette Université d’été.

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Près de 400 personnes étaient réunies hier soir à Leucate pour le meeting d’ouverture de l’Université d’été du NPA. Une échéance sous la forme d’une succession de discussions avec des militants du NPA et des acteurs des luttes qui ont marqué l’année.

Un meeting d’ouverture dans un contexte de crise sanitaire et économique

Après un hommage aux nombreux camarades du NPA disparus au cours de cette année, c’est le secteur de la santé qui a ouvert le meeting. Pauline Salingue, militante du NPA et travailleuse au CHU de Toulouse, est en effet revenue sur ces derniers mois, marqués par une épidémie inédite en France, et sur le rôle central qu’ont joué les travailleurs de la santé, en première ligne face au Covid-19. Alors que le confinement a pris fin depuis plusieurs mois, l’intense mobilisation des soignants contre l’épidémie a laissé place à une lutte sociale pour des conditions de travail et des salaires dignes, auquel le gouvernement est loin d’avoir mis fin.

« On a eu une augmentation de 180€ pour le public, 160€ pour le privé. Les travailleurs sociaux n’ont quasiment rien eu. C’est une augmentation significative mais pas à la hauteur de ce que nous avons perdu sur les 20 dernières années. » a rappelé la militante, syndiquée à la CGT, pour qui le combat continue, pour de véritables moyens pour la santé, face à une éventuelle deuxième vague, mais aussi contre l’instrumentalisation de l’épidémie pour empêcher les luttes. « On ne peut pas accepter de ne pas pouvoir se réunir en AG alors que l’on a le droit d’aller travailler. » a-t-elle ainsi insisté.

Si l’épidémie a approfondi une crise économique latente, la sortie progressive du pic de la crise sanitaire est allée de pair avec un véritable choc social pour de nombreux travailleurs. Technicien chez Air France, Joël Le Jeannic est ainsi revenu sur les dynamiques à l’œuvre actuellement, dans un secteur aussi frappé par la crise que le transport aérien. Pourtant, si les suppressions d’emplois se comptent par milliers, la crise n’a pas empêché le patronat de recevoir des millions d’euros de subvention, au service de la restructuration de ses activités. Un constat qui appelle à penser les luttes futures pour refuser de payer la crise, qu’ils s’agissent de licenciements ou d’attaques contre les conditions de travail au travers des tristement célèbres « Accords de Performance Collective ».

Outre les salariés et les soignants, la jeunesse a également été frappée par la crise. Militante au NPA Jeunes, Selma a commencé par pointer l’hypocrisie du gouvernement qui n’a cessé de mettre en cause la « jeunesse » ces dernières semaines, présentée comme responsable de la circulation de l’épidémie, « une manière de nous culpabiliser nous et de faire croire que l’épidémie est de l’ordre de la responsabilité individuelle, ce qui est faux. » Elle a ensuite insisté sur la violence de la crise qui frappe la jeunesse : « L’actualité depuis la fin du confinement ça a été la violence policière, le racisme, mais pour beaucoup de jeunes ça a aussi été la fin des contrats courts, les licenciements, la difficulté à trouver du travail. » Or dans ce secteur, la rentrée pourrait s’annoncer explosive, alors que l’Education Nationale et l’Enseignement Supérieur ont connu d’importants mouvements ces dernières années. « Quand les établissements scolaires étaient ouverts, c’était pour lutter contre le tri social, le Bac Blanquer, Parcoursup… Si on a hâte de la rentrée c’est pour retourner en assemblée générale et dans les luttes ! » a ainsi conclu Selma.

Si le contexte est ainsi marqué par la crise sanitaire et économique, qui a suscité de nombreuses mobilisations de salariés de Derichebourg à Nokia en passant par les travailleurs de Renault, celle-ci éclate dans une situation marquée par des dynamiques progressistes. Dans le mouvement ouvrier, l’année a en effet été marquée par l’historique mobilisation contre les retraites, mais aussi par la vague anti-raciste mondiale. Deux mouvements annonciateurs des potentialités de la situation à venir, sur lesquels Almamy Kanouté du Comité Adama et Anasse Kazib sont revenus.

Une année marquée par des mobilisations d’ampleur

La crise économique qui se prépare est loin de se développer dans un ciel serein. De fait, un mouvement contre les retraites d’ampleur qui a directement précédé la crise sanitaire. Anasse Kazib, militant au NPA et syndicaliste chez SUD Rail est revenu sur sa généalogie. De la journée de grève de la RATP le 13 septembre, au 5 décembre, point de départ de la grève illimitée dans les transports, en passant par la trêve qu’ont tenté d’imposer le gouvernement et les directions syndicales, le mouvement de l‘hiver 2019-2020 a incarné « la dynamique de ‘’gilet-jaunisation’’, combinée à la méthode de la grève. »

Un cocktail explosif, qui a donné lieu à une expérience d’auto-organisation très importante, la Coordination RATP-SNCF, dont les militants du NPA – Révolution Permanente avaient posé les jalons aux côtés des travailleurs de la RATP organisés dans le collectif l’Union fait la force. Une expérience fondatrice pour les luttes à venir, notamment parce qu’elle a permis de mettre en avant l’absence d’un plan de bataille à la hauteur du côté des directions syndicales, face auquel l’auto-organisation a esquissé une alternative de la base. Une « base » dont le retour a été fortement remarqué, notamment par les médias dominants. « Cette Coordination elle a montré la nécessité de se coordonner à la base, et permis à beaucoup de travailleurs de faire l’expérience du rôle néfaste de la bureaucratie syndicale autour, par exemple, des caisses de grève, qui n’ont pas été préparées pendant les mois qui précédaient la grève, ou avec la trêve. (…) Le 23 décembre, alors que la Coordination avait impulsé une action qui a conduit au blocage de la Gare de Lyon, BFM TV titrait « le retour de la base ? ». Pour nous c’est une fierté. » Une coordination qui est allée bien plus loin que les transports, avec les liens noués avec l’Education Nationale, les raffineurs, l’énergie, ou encore diverses entreprises du privé, mais qui n’a pas permis de gagner en l’absence de généralisation de la grève.

A l’issue du confinement, c’est du côté du mouvement anti-raciste qu’une dynamique de lutte impressionnante a émergé. Après les mouvements massifs aux Etats-Unis, le Comité Adama a mobilisé des dizaines de milliers de personnes à Paris contre les violences policières. Une dynamique que Almamy Kanouté a inscrit dans la continuité du confinement, particulièrement répressif dans les quartiers populaires. « Chaque jour il y avait un événement où l’on voyait ces fameux « gardiens de la paix » agir avec violence. Donc dans l’après-confinement il y avait de la colère et cette colère virtuelle s’est transformée en colère physique. » a ainsi expliqué le militant anti-raciste. « Le confinement, la mort de George Floyd, l’énième déni de Justice pour la famille Traoré. Tous ces éléments ont conduit les gens à sortir massivement. »

Deux exemples de dynamiques de recomposition, dans le mouvement ouvrier et dans le mouvement anti-raciste, à inscrire plus largement dans la série de phénomènes politiques qui ont marqué ces dernières années. Le mouvement des Gilets jaunes, durement réprimé à l’image du militant du NPA, Roland Veuillet, incarcéré depuis plus de 3 mois à Nîmes pour s’être mobilisé et dont le Comité de Soutien était présent au meeting. Le mouvement féministe, qui connaît une nouvelle vague ces dernières années, marquée par des mobilisations massives dans de nombreux pays du monde, et la réappropriation de la méthode de la grève au service des luttes des femmes. Les grèves de travailleurs précaires, comme les femmes de chambre de Ibis Batignolles, en lutte depuis 13 mois contre le géant Accor et dont plusieurs grévistes sont intervenues au meeting avec détermination. « Face au groupe Accor on ne veut rien lâcher. C’est un grand groupe, mais ils savent que face à eux ils ont des femmes capables et dignes. Nous disons que la lutte va continuer, on ne va pas lâcher. Ils jouent la sourde oreille, mais on tiendra tête. » a ainsi expliqué Rachel sous un tonnerre d’applaudissements.

Une rentrée marquée par une catastrophe sociale : se battre pour « empêcher les licenciements »

Dans son intervention de conclusion, Olivier Besancenot est de son côté revenu sur la rentrée sociale et politique. Une rentrée marquée par « la crise du Covid » et qui annonce « d’ores et déjà une vraie catastrophe sociale, (…) des plans de licenciements, des fermetures d’entreprises, des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires » et dans laquelle « il va falloir se battre ne serait-ce que pour ça, pour empêcher les fermetures, empêcher les licenciements. Lutter, faire grève, manifester, ça aura un sens, pour l’emploi, le partage du temps de travail, une bonne fois pour toutes ».

Et cela d’autant plus que le gouvernement, bien qu’affaibli, pourrait bien remettre la réforme des retraites au goût du jour. « La réforme des retraites, on va vouloir sa peau définitivement, et on ne laissera jamais dire que c’est le Covid qui a conduit à son retrait  » a pointé le porte-parole du NPA sur ce terrain, rappelant les éléments de continuité avec la bataille des retraites à développer et appelant à s’inscrire « dans la lignée de cette grève, dont Anasse a parlé, (…) qui parait lointaine » mais qui, si elle « a été laborieuse », « était jubilatoire dans l’histoire de la lutte des classes » et a produit des effet chez de nombreux travailleurs. « Il y a pleins d’équipes syndicales qui se sont radicalisés, pour nous, c’est un acquis fondamental » a notamment rappelé Olivier Besancenot.

Pour la rentrée sociale et politique, « il va falloir être présent sur plusieurs fronts, féministes et écologistes et il ne faut pas oublier non plus les migrants dans ce combat-là, comme l’a montré la marche des solidarités, contre une violence intime, le fait de pas pouvoir se déplacer librement » a-t-il également noté, rappelant que « la liberté de circulation est un droit inaliénable ». Un enjeu d’autant plus important que le gouvernement est toujours en alerte notamment suite au surgissement, dans le courant du mois de juin, de la mobilisation anti-raciste : « Ce qui les rend malades au sommet de l’Etat, et c’est tant mieux, c’est qu’il y a une tradition dans la société française, où à n’importe quel instant il peut y avoir l’irruption de dizaines de milliers de personnes, sur le devant de la scène, comme ça s’est passé au moment du déconfinement, à l’appel du comité Adama Traoré, auquel on rend hommage et avec qui on affirme notre solidarité ». « Non, on n’a pas envie de devenir spectateur, on ne laissera personne la possibilité de décider de notre propre sort » a-t-il conclue.

Par-delà les luttes, le projet stratégique du NPA en question

Pourtant, si les luttes existent et se multiplient, la question du projet politique à même de les doter d’une perspective commune et d’une stratégie pour aller jusqu’au bout et renverser ce système se pose de manière toujours plus brûlante. A l’heure où le NPA est traversé par des débats stratégiques concernant l’avenir du parti, le meeting d’ouverture a été également l’occasion d’aborder ces questions.

Ainsi, plusieurs interventions ont abordé la question du type de parti à construire, qui, comme l’a affirmé Olivier Besancenot, n’est pas « une fin en soi » mais doit être un « moyen utile pour notre camp. » Au cours de son intervention, Anasse Kazib a en ce sens pointé la nécessité et l’urgence de « se doter d’un outil capable de pouvoir proposer un programme, une stratégie à l’ensemble des secteurs en luttes ». Pour le cheminot, le seul outil à même d’y répondre est « celui d’un parti révolutionnaire. Un parti qui soit capable d’unifier l’ensemble des tendances révolutionnaires mais également, l’ensemble des camarades avec lesquels on a milité dans la dernière séquence, que ce soit parmi les Gilets jaunes, dans la jeunesse, dans les quartiers populaires ». « J’espère que demain Almamy Kanouté, Assa Traoré seront des militants révolutionnaires et qui pousseront à nous à nos côtés, dans un grand parti révolutionnaire pour pouvoir mener à bien ce projet de transformation sociale. » a précisé à ce titre le militant, dans un clin d’œil au Comité Adama.

Si le cheminot a ainsi cherché à mettre au premier plan la question du « parti révolutionnaire », le caractère révolutionnaire du parti étant le sujet des débats stratégiques profonds dans le NPA, Olivier Besancenot est également revenu sur la question de l’organisation en conclusion. De son côté, le porte-parole du NPA a développé l’idée qu’il s’agirait de « renouer avec les fondamentaux politiques qui présidaient à l’esprit de fondation du Nouveau Parti Anticapitaliste », constitué à son origine comme un parti dit « large », préférant s’exprimer par la négative en tant que force anticapitaliste refusant de trancher la nature du parti. Des fondamentaux qui n’ont pas empêché le porte-parole du NPA de mettre en avant une « exigence de radicalité politique » et un projet de « transformation révolutionnaire de la société », mais en insistant en parallèle sur l’importance d’une « disponibilité unitaire, à regrouper les forces anticapitalistes, dans le cadre de disputes idéologiques, dans tous les combats de la lutte de classe, sociaux, politiques » mais aussi « électoraux », faisant référence à la réussite de Bordeaux en Luttes, liste emmenée par Philippe Poutou et à laquelle ont pris part les militants insoumis bordelais et des acteurs des luttes. Des formules qui résonnent avec les déclarations d’Olivier Besancenot aux Amfis d’été de La France Insoumise où celui-ci a déclaré, lors du débat Fédération populaire ou Union de la gauche ? réunissant des organisations de la gauche, vouloir « fédérer toutes les forces sociales et politiques qui combattent concrètement le système capitaliste ». Une formule floue qui s’inscrit dans le refus de trancher sur la nature du parti à construire, à l’heure où une partie des militants du NPA revendiquent au contraire sa refondation révolutionnaire. « La politique c’est inventer et penser l’inconnu » a en ce sens rappelé Olivier Besancenot, rendant hommage à Daniel Bensaid, militant trotskyste et dirigeant historique de la LCR, en reprenant la formule de celui qui a été l’un des artisans du NPA.

Une discussion qui esquisse et recouvre des débats centraux sur l’avenir du NPA et les différents projets de partis, et qui sera débattue et approfondie lors du débat « Stratégie et parti au XXIème siècle » qui se déroulera ce mardi à l’université d’été du NPA, et dans la perspective du prochain congrès de l’organisation. Des débats qui intéressent l’ensemble de l’extrême-gauche, tant ils définiront la capacité de celle-ci à intervenir dans les processus de lutte de classe à venir.

 
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