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La Izquierda Diario
17 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Répression syndicale
Meeting réussi contre la répression au travail : « On s’organise, on se défend, et on lâche rien ! »
Mahdi Adi

Mardi, le collectif interprofessionnel contre la répression au travail organisait un meeting avec des figures syndicales, réprimées, menacées de sanction, voire licenciées pour des faits de grève ou encore pour avoir simplement dénoncé la dégradation des conditions de travail.

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« A ceux qui veulent nous réprimer, on répond quoi ? Résistance ! » C’est avec ce slogan repris en chœur par la centaine de personnes présentes dans la salle Hénaff de la Bourse du Travail de Paris – les organisateurs avaient prévu de retransmettre le meeting en direct sur internet pour respecter les mesures sanitaires en évitant un afflux trop important sur place – que s’est ouvert ce meeting interprofessionnel contre la répression au travail. Un meeting sous le signe de la convergence entre différents comités de soutien et figures de la répression syndicale, avec le soutien du bureau confédéral de la CGT, de l’union syndicale Solidaires, du NPA, de LO et de députés LFI, qui a mis en évidence une chose : « pour le gouvernement, le déconfinement, ça a été le déconfinement de la répression ».

Gouvernement et patronat main dans la main pour réprimer ceux qui s’opposent à la casse des acquis sociaux

Le cas d’Alexandre Gamal, conducteur de bus RATP au dépôt de Vitry-sur-Seine et syndicaliste CGT, est significatif. Gréviste de l’hiver dernier pendant la bataille des retraites, ce machiniste-receveur a su fin août la décision prise par son entreprise de le licencier suite à un conseil disciplinaire dans lequel l’élu CGT s’est vu reprocher « des propos déplacés » et « une attitude agressive ». Des termes « complètement dénués de tout fondement factuels », comme l’expliquait en juillet un communiqué de la CGT RATP, la CGT Île-de-France, la CGT 94 et la CGT RATP Bus, qui cachent mal la volonté de la direction de la RATP de s’attaquer à un syndicaliste élu dans un des dépôts de bus où le taux de grévistes avait été parmi les plus importants, et le piquet de grève particulièrement combatif pour s’opposer aux CRS envoyés déloger les grévistes.

C’est un cas loin d’être isolé. Plusieurs syndicalistes combatifs font aujourd’hui l’objet de procédures et de sanctions disciplinaires à la RATP, à l’instar, entre autres, de Patrick, François et Yassine, eux aussi du dépôt de Vitry, ou encore d’Ahmed Berrahal élu CGT au dépôt de Flandres. De même à la SNCF, l’autre fer de lance de la mobilisation contre la réforme des retraites, Eric Bézou, syndicaliste et lanceur d’alerte, raconte : « j’ai été licencié pour m’être agenouillé devant ma direction pour dénoncer la soumission » exigée par sa hiérarchie. Mais cela ne s’arrête pas là.

Dans l’Éducation Nationale également, « les Trois réprimés de Melle » , comme on les appelle, sont suspendus depuis six mois par leur hiérarchie, en attente de leur conseils de discipline les 12, 13, 14 et 16 octobre, « et seront bientôt quatre », puisque le rectorat a engagé une procédure contre une autre de leur collègue venue participer au meeting. Pour Sylvie, c’est bien parce qu’elle a fait grève contre la réforme du bac et les E3C qu’elle est aujourd’hui poursuivie avec ses collègues par le ministère sous des motifs aussi effarants que « incitation à l’émeute » : « le message est clair : sois prof et tais-toi ». Aladin, son collègue qui ne veut pas que « le seul avenir qui soit proposé à nos élève ce soit la violence du marché du travail », résume : « à travers nous c’est l’ensemble du mouvement social enseignant qui est visé. (…) La méthode est la même partout : faire des exemples ».

Ce prof de philo dénonce l’État « qui s’en prend à des lanceurs d’alerte » et aux syndicalistes qui luttent contre les réformes néolibérales et leur application dans la fonction publiques, les techniques de management brutales et les dégradations des conditions de travail. « On commence à détruire une entreprise, (…) et puis on dit les hôpitaux, l’éducation nationale sont en crise, il faut les réformer », à l’image des phénomènes en cours dans les transports publics ou encore la santé. C’est pourquoi de nombreux intervenants se sont référés à la privatisation de France Télécom et à la salve de suicides qui ont suivi, ainsi qu’aux plans de licenciement chez Goodyear ou Continental après la crise de 2008, qui ont sinistré des régions entières.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui face à la crise. Comme en témoignent Thomas, infirmier à l’hôpital du Rouvray, ou Anissa Amini, syndicaliste dans un Ehpad de Seine-Saint-Denis, tout deux sous le coup de sanctions disciplinaires, qui racontent le manque de masque, la direction qui interdit de les laver pour les réutiliser, les aides-soignants à qui on a demandé de mettre les morts dans des sacs mortuaires « alors que ce n’est pas notre travail », et surtout le poids psychologique de voir mourir leurs patients sans pouvoir rien faire faute de moyens. C’est d’ailleurs «  pour avoir demandé, pendant le Covid, à un juge d’ordonner la mise à disposition du matériel nécessaire pour des aides à domicile » qu’Anthony Smith, inspecteur du travail, a été suspendu pendant quatre mois et subi des mutations forcées. En somme pour défendre les droits des salariés, les acquis sociaux que le gouvernement et le patronat veulent aujourd’hui remettre en cause. « On s’organise, on se défend, et on lâche rien » clame l’inspecteur du travail, car s’il a aujourd’hui été réintégré, c’est bien en imposant le rapport de force par la mobilisation.

« Faire front » contre la répression : organiser l’unité pour se préparer aux attaques à venir

« Le but de ce collectif c’est d’élargir. On peut pas oublier Assa Traoré, Jérôme Rodrigues, Antonin Bernanos ! » La phrase est de Gaël Quirante, syndicaliste à La Poste lui-même licencié, militant du NPA, et un des initiateurs du collectif. Et pour cause, si le contexte marqué par la répression dans les entreprises, il l’est également par l’offensive sécuritaire et raciste du gouvernement, avec les sorties médiatisées du ministre de l’Intérieur sur « l’ensauvagement de la société » et le projet de loi islamophobe « contre les séparatismes ».

Ainsi, les violences policières dans les quartiers populaires s’exacerbent et jouent également un rôle, en cette période de crise post-confinement, pour intimider et empêcher à notre camp social de relever la tête. Ahmed Berrahal, syndicaliste CGT RATP lui aussi réprimé l’affirme : si dans les années 2000 la RATP a embauché « des noirs et des arabes, c’est parce qu’elle pensait qu’on ne savait pas écrire, qu’on allait faire comme nos parents et qu’on allait fermer nos gueules ». Mais face à cette « nouvelle génération qui ne ferme pas sa gueule », le gouvernement distille le poison du racisme. D’autant plus que le mois de juin dernier, des dizaines de milliers de jeunes sont descendus dans le rues contre le racisme d’État et les violences policières.

De même, les coups de matraque, les yeux éborgnés, les mains arrachées dans les manifestations de Gilets jaunes ont fait prendre conscience à une part non négligeable de la population, du rôle répressif de l’appareil policier. En ce sens préparer les mobilisations à venir implique de « faire front » aujourd’hui contre la répression qui touche notre camp social, afin de relever la tête, dans les entreprises, dans la rue, et dans les quartiers populaires. Car il est clair qu’en voulant faire payer la crise aux classes populaires, le gouvernement n’hésite pas à multiplier les attaques autoritaires et à encourager la déferlante raciste et islamophobe en cours. Face à cette offensive, il faut répondre par l’unité dans l’action, avec un véritable plan de bataille pour faire plier Macron et son monde.

 
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