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La Izquierda Diario
17 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

#Lundi14septembre
Les lycéennes défient les injonctions sexistes, Blanquer les appelle à “s’habiller normalement”
Inès Rossi

La semaine dernière, des collégiennes et des lycéennes ont organisé une journée d’action contre le sexisme des règlements intérieurs des établissements, qui leur interdit certaines tenues sous prétexte qu’elles seraient “provocantes”. Réponse de Blanquer aux jeunes filles révoltées : “il suffit de s’habiller normalement.”

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Crédit photo : Martin BUREAU © 2019 AFP

Le week-end dernier, sur Twitter notamment, des milliers de lycéennes ont témoigné des comportements sexistes dont elles étaient victimes au sein de leurs établissements scolaires, à travers le hashtag #BalanceTonBahut. Allant du harcèlement aux commentaires misogynes de la part de personnels des établissement, les témoignages se sont peu à peu cristallisés autour d’une question : celle de la tenue vestimentaire.

En effet, dans l’immense majorité des collèges et lycées de France, le règlement intérieur impose une tenue vestimentaire aux jeunes filles. On pense bien évidemment à la loi du 15 mars 2004, qui interdit aux jeunes filles voilées d’aller en cours les cheveux couverts, mais plus globalement, toutes les collégiennes et lycéennes doivent porter une tenue “correcte”. Comprenez, une tenue “non-provocante”.

Car c’est là la nature profondément sexiste de la réglementation des tenues des filles : parce que leurs corps sont sexualisés, qu’ils risquent de “provoquer” (sic) les garçons et donc de perturber le “bon déroulement des cours”, elles se doivent de le cacher. Jupes et shorts courts, hauts à bretelles ou laissant apparaître le ventre, sont donc à proscrire, même sous des températures extrêmes, comme les 35°C atteints lundi 14, en plein mois de septembre.

À l’aune de cette dénonciation s’est formé un projet, celui d’une journée d’action ce même lundi, pour défier les diktats imposés aux filles. Au cours du week-end, sur Twitter, Instagram et TikTok, les élèves se sont organisées et ont prévu de porter des tenues enfreignant le règlement intérieur. Le lendemain, elles ont été nombreuses à prendre des heures de colles, voire à être refusées d’entrée dans l’établissement, pour avoir porté des vêtements dits inappropriés.

Les réactions des responsables politiques ne se sont pas faites attendre. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, estime qu’on “ne va pas à l’école pour montrer son nombril”. “On ne va pas à l’école pour se faire sexualiser”, lui rétorquent de nombreuses personnes sur Twitter. Côté gouvernement, si Marlène Schiappa, en fidèle caution féministe de la Macronie, annonce soutenir ces élèves qui affirment “leur liberté face aux jugements & actes sexistes”, Jean-Michel Blanquer, lui, adopte un point de vue bien plus conservateur. “Les chefs d’établissements sont tout à fait dans leur rôle de faire respecter des tenues normales. Il suffit de s’habiller normalement et tout ira bien.” explique-t-il.

Mais qu’est-ce que “s’habiller normalement” quand on est une jeune femme ? Pour Blanquer, manifestement, la normalité, c’est de se plier aux injonctions sexistes et au deux poids deux mesures qui fait que le corps des femmes est sexualisé dès leur plus jeune âge, là où celui des hommes ne l’est pas. “Il serait temps qu’on ait dans ce pays des positions équilibrées. Entre ceux qui veulent qu’on ne voie pas leur visage et ceux qui veulent des tenues de tous ordres, je pense qu’il y a une sorte de grand bon sens à avoir” a ajouté le ministre.

Les jeunes filles sont donc une fois encore tenues pour responsables des réactions des autres à leurs tenues. Car, dans une société patriarcale, les femmes sont ramenées à leurs corps. Tantôt trop couvertes, tantôt pas assez, elles ne sont pas libres de s’habiller comme elles veulent, mais soumises dès l’enfance à se plier à un règlement qui, sous couvert de les protéger, les culpabilise face au sexisme qu’elles subissent.

En condamnant et en culpabilisant les élèves ayant participé à ce mouvement, le ministre de l’Éducation Nationale cautionne les comportements sexistes qui sont monnaie courante dans les établissement scolaire (harcèlements, violences sexistes et sexuelles), et perpétue sa logique d’exclusion d’une partie de la population de l’école publique, à travers l’interdiction du port de signes religieux à l’école, et à travers la sélection sociale brutale qui va en s’accroissant à cause de sa politique.

Cette journée d’action spontanée organisée par les élèves elles-mêmes est un premier pas encourageant. Les collégiennes et les lycéennes doivent être libres de s’habiller comme elles l’entendent. Face au sexisme et aux politiques réactionnaires en jeu dans les établissements scolaires, la jeunesse doit s’organiser collectivement pour exiger une éducation aux questions de genre, le retrait de tous les règlements sexistes et racistes, y compris la loi sur l’interdiction du port du voile, et le retrait de toutes les réformes de l’éducation de Blanquer !

 
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