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La Izquierda Diario
24 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Sexisme institutionnel
Sexisme dans un établissement Suisse : le "t-shirt de la honte" pour punir les élèves vêtues "trop court"
Nicolas Arnaiz

Dans un établissement Suisse, si l’administration trouve une tenue trop provocante à son goût, elle force ses élèves à porter le "t-shirt de la honte", où figure l’inscription "j’ai une tenue adéquate".

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Crédit photo : Shutterstock

« Depuis mon entrée au cycle, on nous menace régulièrement de nous faire porter ‘le t-shirt de la honte. », témoigne la jeune fille dans Le Courrier. [https://lecourrier.ch/2020/09/23/au-cycle-de-pinchat-le-t-shirt-de-la-honte/] Scolarisée au cycle d’orientation de Pinchat, en Suisse, elle et dix autres de ses camarades se voient aujourd’hui imposées une sanction tout-à fait particulière : le port obligatoire du « t-shirt de la honte. ». Un t-shirt taille XXL, brodé d’une simple inscription : « J’ai une tenue adéquate. ».

Voilà l’humiliant châtiment réserve à ceux, et surtout celles, dont la tenue déplait au corps administratif du cycle d’orientation. Haut trop court, short trop bas, bretelles trop fines, épaules découvertes : si le règlement intérieur exige une « tenue correcte », les détails restent vagues, et il en relève le plus souvent du bon vouloir de chaque professeur. Or, selon près d’une centaine de témoignages publiés sur le compte Instagram Sexisme Genève, ce sont presque exclusivement les filles qui en font les frais : « L’une de mes professeurs disait que mes tenues n’allaient pas car elles déconcentraient les garçons. », explique cette même élève. L’une de créatrices de la page Instagram continue : « Ce qui dérange dans le cas de ces jeunes filles, ce n’est pas fondamentalement ce qu’elles portent, mais ce qu’elles laissent apparaître. Les filles qui entrent au cycle ont entre 11 et 12 ans. Certaines n’ont même pas fini leur puberté, et déjà, on leur fait comprendre que leur corps est problématique. Pour les garçons de leur âge, mais aussi pour les professeurs visiblement, qui trouvent ces fillettes provocantes. C’est le regard de ces adultes qui les sexualise ! »

En tout et pour tout, presque une demi-heure entière est nécessaire à la remise des t-shirts aux élèves en question. Une demi-heure où ces dernières n’assistent donc pas à leur cours. Un seul autre choix leur est proposé : « le renvoi à la maison pour se changer », selon un courrier de la direction. Un choix qui, dans les deux cas, laisse les élèves sur le carreaux face à une administration qui leur semble plus déterminée à décider pour eux de leurs tenues qu’a les éduquer. Dans les groupes de parents d’élève, la question se pose…

Pourtant, les témoignages recueillis ne se limitent pas tous à ce même établissement. Écoles privées, publiques, religieuses ou non, en Suisse comme en France, la pratique semble s’être généralisée, et, partout ou elle s’applique, elle semble évidemment concerner majoritairement les filles.

Alors, du sexisme dans l’éducation Genevoise ? Pierre-Antoine Preti, responsable à la communication du département de l’instruction publique locale, s’en défend : « Le DIP est très sensible à la question de l’égalité et il n’existe pas de différences de traitements entre filles et garçons au sein des écoles. »

...Des propos contredits par les témoignages de ces mêmes élèves : « Officiellement, c’est pour tout le monde. Mais je n’ai jamais vu un élève masculin le porter, même ceux dont le caleçon dépasse à moitié. »

La polémique qui ne sera pas sans rappeler l’affaire du mouvement #14Septembre, à l’occasion duquel notre propre ministre de l’éducation aura commenté, dans une intervention depuis moult fois tournée au ridicule : « On vient à l’école habillé d’une façon républicaine ». Et si les propos font rire, l’intention, par delà la frontière, reste la même : étendre toujours plus le contrôle autoritaire du politique sur le droit des femmes à disposer de leur corps, leur inculquer la soumission dès le plus jeune âge, et sexualiser de manière nauséabonde le corps féminin sans son consentement : prenons pour preuve les innombrables réactionnaires de tout poils qui s’acharnent depuis plusieurs semaines déjà à déterminer, au centimètre près, ce que les femmes devraient porter. Le voile ? Trop long. La jupe ? Trop court !

À en croire que les dernières à choisir sont finalement les premières concernées… Trop court, trop long, c’est à celles qui portent le vêtement de décider !

 
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