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La Izquierda Diario
26 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Rentrée universitaire chaotique
Toulouse. La rentrée universitaire ou l’angoisse du risque sanitaire
Adrien Balestrini

Les universités font leurs rentrées les unes après les autres et révèlent à quel point elles ne sont pas prêtes à assurer des mesures sanitaires capable de garder en sécurité les étudiants et personnels qui peuplent les facs. Avec déjà deux établissements toulousains qui ont fait le choix total ou partiel du distanciel, la crise sanitaire est le révélateur des mesures austéritaires affectant l’université depuis plusieurs années.

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Crédits photo : Tesson/Andia.fr

Dans le pays, la rentrée a été faite sous le signe de l’anxiété sanitaire et d’une boule aux ventres des étudiants qui ont déjà rejoint les amphithéâtres exigus des universités françaises. Des photos de salles remplies comme celle de Toulouse 1 Capitole ou Paris 1 Panthéon Sorbonne, circulent depuis la semaine dernière sur les réseaux sociaux avec des messages d’indignations de la part des étudiants et des personnels de ces universités. Comme dans la santé, la pandémie à mis en lumière le manque de moyens chronique qui touche l’enseignement supérieur.

La seconde vague que l’on redoutait est là, et le ministre de la santé Olivier Véran a annoncé mercredi 23 septembre des « mesures territoriales restrictives ». Depuis mai, le gouvernement avait laissé le virus circuler pour les beaux yeux du patronat, déchargeant la responsabilité sur les pratiques individuelles – comme si des décennies de politiques austéritaires n’étaient pas passé par là – et pointant la jeunesse comme la coupable de la nouvelle augmentation de cas. Et cela sans aucune mesure pour financer l’hôpital qui manque de moyens alors que le grand patronat se faisait arroser par les milliards d’euros du dernier plan de relance. Du côté des universités, Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, a profité d’un communiqué de presse pour se laver les mains des conséquences de la gestion sanitaire erratique à l’université.

Alors que la circulation du virus tend à croître dans les transports en commun, les écoles et les universités avec la reprise du travail et la rentrée scolaire, que les centres de dépistages sont saturés par le manque de moyen et que les laborantins se retrouvent surchargés de travail, le gouvernement continue à pointer la « responsabilité individuelle ». En effet, le communiqué de la ministre de l’enseignement supérieur attribue aux « rassemblements privés » et aux soirées étudiantes la responsabilité de la montée des contaminations dans le pays, et en appelle à la vigilance et à la mobilisation. De quoi rejeter la faute sur le voisin alors même que le gouvernement, par l’intermédiaire d’Olivier Véran, annonçait « l’assouplissement des mesures sanitaires dans les écoles et dans les crèches ».

Une montée des clusters à Toulouse

Toulouse n’est pas épargné par la nouvelle vague qui monte. Ce mardi la région a même été mis sous alerte renforcé en raison de la « circulation très intense du virus ». La semaine dernière, un article du journal local La dépêche titrait déjà « Covid-19 : le CHU de Toulouse entre dans la deuxième vague » -. On y apprend que le CHU s’occuperait de 54 cas dont 10 patient en réanimation et 3 en soin intensifs. Selon Marc Penaud, directeur général du CHU « Ce pallier d’une cinquantaine d’hospitalisations est arrivé assez rapidement il y a dix jours. Ce chiffre a probablement vocation à s’amplifier ».

Les EHPAD ne sont pas en reste. Quatorze établissements sont actuellement classés comme des foyers épidémiques dans la région. Des mesures d’isolement et de restrictions d’entrée extérieurs y auraient été appliqué. Selon le docteur en gériatrie du CHU de Toulouse, le Pr Yves Rolland, plus de 40 EHPAD auraient eu recours à la plateforme Covid, mis en place pour accompagner les établissements contaminés dont certains ont recensés plus de dix résidents affectés par le virus.

Du côté de l’enseignement supérieur, Bertrand Raquet, président de l’INSA (école d’ingénieur toulousaine), a déjà pris la décision de fermer les portes de son institut pour une durée de 15 jours et de passer en distanciel après que 127 étudiants aient été testé positifs au Covid-19. A la fac de droit Capitole, 64 des 19 500 étudiants sont positifs, ce qui a motivé la décision de passer en enseignement « hybride », soit mi-présentiel mi distanciel.

Si les journaux locaux reprennent la déclaration de l’ARS Occitanie qui affirme que « les contaminations avaient eu lieu, jusqu’à présent, dans des lieux extérieurs à l’université dans le cadre de regroupement festifs et qu’aucune contamination commune ne les reliait », il est clair qu’une remise en question des conditions d’études s’imposent. En effet, les étudiants, qui n’ont reçu en seul protection un masque en tissu lavable en début d’année, sont entassé dans des salles de TD et des amphithéâtres. Ce qui démontre le peu de sérieux accordé aux mesures de distanciations sociale par les responsables d’universités, qui font reposer sur les épaules de leurs étudiants le poids de l’austérité universitaire.

Le Mirail n’est pas encore rentré, mais la catastrophe toque déjà à sa porte

Concernant l’université de lettres et sciences humaines du Mirail, ses étudiants ne retournent à leurs amphithéâtres que bien plus tard par rapport au reste de la ville. La rentrée a lieu le 19 octobre, pourtant, alors que dans le pays la situation s’envenime comme nous le décrivions plus haut, les mesures sanitaires dans l’université restent insuffisante. Au Conseil d’Administration (CA) du mardi 22 septembre, nos élus étudiants du Poing Levé, avec les élus de l’UET, et les élus des personnes du SNASUB ont dû exiger de la présidence qu’elle donne davantage de détails sur le plan sanitaire prévu, point qui n’était pas mis à l’ordre du jour. Ce qui montre la dévaluation ou la mise à côté consciente d’un sujet qui inquiète et qui va déterminer la rentrée de plusieurs milliers d’étudiants, notamment des plus précaires qui vont tant ressentir les inégalités d’accès aux cours à distance que les difficultés financières, pour acheter du matériel sanitaire, liés à la perte de travail. Il faut rappeler que 1 jeune sur 5 a perdu son travail à cause de la crise.

A l’occasion d’un entretien pour la Dépêche pour répondre aux accusations d’avoir volontairement cachée des contaminations à l’université, Emmanuelle Garnier, la présidente, a nuancé le propos au micro des journalistes : « Des cas positifs se sont en effet déclarés sur notre campus et ils font systématiquement l’objet d’une grande vigilance, dans un dialogue constant avec l’agence régionale de santé (ARS), pour justement éviter la constitution de clusters ».

Seulement, cette déclaration rentre en contradiction avec le manque de plan sanitaire mis en place pour la rentrée. Les organisations des étudiants et des personnels ont publié ce mercredi un communiqué qui déclare : « Nous revendiquons que les étudiant.e.s, le personnel enseignant comme administratif et techniques aient disposition à tout moment des masques gratuits en quantité suffisante. Face à la crise des tests, un nouveau fiasco après celui des masques en mars, les travailleur.euses de l’université doivent pouvoir se faire tester sur le campus grâce à un centre de dépistage et l’université doit assurer la transparence des cas. […] Enfin les modalités de cours ne doivent en aucun cas représenter une surcharge de travail, de stress dans une période déjà très compliquée pour les étudiant.es et les personnels. Pour cela, […] il faut des moyens à la hauteur pour l’université. »

Quelle réponse face à la crise sanitaire dans nos universités ?

Que la rentrée universitaire se fasse au dépit des conditions sanitaires les plus nécessaires ou complètement à distance en poussant les étudiants plus précaires à décrocher, n’est pas une fatalité mais le résultat des choix de la direction d’université et du gouvernement ainsi que du manque chronique de moyens dans l’enseignement supérieur. Le mépris est tel que le gouvernement a même voté en ce mois de septembre la loi pluriannuelle de la recherche qui vient précariser encore plus les conditions de l’enseignement à l’université. Pourtant, de l’argent il y en a. Malgré tous les rappels à la crise pour licencier massivement et/ou baisser les salaires, les entreprises du CAC40 ont versé 63 milliards en dividendes en plein crise sanitaire. Ce qui n’a pas empêché pourtant que le grand patronat ait été arrosé de milliards avec le très mal nommé plan de relance.

Face à cette gestion capitaliste de la crise qui se ressent tant dans le plan économique que sanitaire, avec le NPA Jeunes/ Révolution Permanente, nous avançons un programme d’urgence face a la situation désastreuse dans les universités afin que ce ne soit pas ni à la jeunesse et ni aux travailleurs de payer la crise :

  •  Des masques de qualité et distribués gratuitement pour que personne n’ait à en utiliser des périmés ou des inefficaces.
  •  Transparence totale sur les cas et les mesures prises, et que soient définitivement arrêtées les pratiques d’omerta de la part des directions d’universités.
  •  Des centres de dépistages directement sur les campus, c’est la seule condition pour que tout le monde puisse se faire dépister, d’autant plus alors qu’une grande partie des laboratoire existants sont saturés.
  •  Un investissement massif dans le service public et concrètement dans l’enseignement supérieur. Cela a pour but garantir l’ouverture de nouvelles salles afin d’empêcher que les étudiants soient entassés dans des classes bondés. Pour cela, il nous faut aussi revendiquer le dégel des postes, la titularisation des personnels précaires et l’embauche d’enseignants et personnel à salaire décent. Toutes ces mesures on peut les financer en allant chercher l’argent là où il est, chez les capitalistes. Pour financer les moyens nécessaires à la résolution de la crise sanitaire, luttons pour un impôt fortement progressif sur le capital et les grandes fortunes !

    Alors que le gouvernement décrète des mesures restrictives pour pallier le manque de moyens, dans les universités les présidences sont le relais de cette gestion arbitraire. Avec le collectif Le Poing Levé, impulsé par les militants du Npa Jeunes Révolution Permanente, nous sommes présents sur les différents campus de la ville rose pour s’organiser et défendre ces mesures . N’hésitez pas à nous contacter sur Facebook, sur Twitter ou sur Instagram pour en savoir plus sur notre bataille !

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