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La Izquierda Diario
11 de novembre de 2015 Twitter Faceboock

Le gouvernement veut faire taire les médias indépendants
Strasbourg. Un journaliste fait 18 heures de garde à vue pour avoir filmé une action militante

A. Bronstein

Les faits de ces derniers jours le confirment, la liberté d’expression, si ardemment défendue après le 11 janvier dernier, n’est valable que pour les médias qui véhiculent l’idéologie dominante. Lorsque des voix dissidentes s’élèvent, par le biais de médias d’opposition et de contestation, l’État n’hésite pas à employer la manière forte pour les faire taire. L’interpellation de Gaspard Glanz survient quelques jours seulement après que le ministère des Finances réclame plusieurs millions d’euros à Médiapart et Arrêt sur Image, sous couvert d’une taxe qui privilégie les grands groupes de presse au détriment des médias indépendants.

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Gaspard Glanz est le co-fondateur du site d’information RennesTV et de l’agence de presse alternative Taranis News. Ses vidéos et le choix des sujets qu’il traite le montrent, il est clairement engagé à gauche. Régulièrement présent à Notre Dame des Landes et à Sivens (y compris le jour de l’expulsion, où il a été l’un des seuls à filmer la violence des policiers envers les zadistes), Gaspard Glanz est un journaliste de terrain, qui tourne entre autres des vidéos sur différentes formes de contestations naissantes en France. S’il n’avait jamais été confronté personnellement à l’appareil répressif d’État, il a néanmoins déjà fait les frais d’une attaque de manifestants de la Manif pour tous en 2014. Alors qu’il filmait la manifestation et la contre-manifestation organisée par les militants du Mariage pour Tous, quelques « anti-mariage gay » ont détruit sa caméra et l’ont blessé à la main après qu’il ait filmé l’agression de son collègue Olivier Roth – co-fondateur de RennesTV .

Dans un témoignage publié sur Taranis, Gaspard Glanz raconte la journée du 6 novembre à Strasbourg, où il a été interpellé alors qu’il filmait une action de « désobéissance civile » visant à dénoncer symboliquement l’évasion fiscale en réquisitionnant des chaises dans une agence du Crédit Agricole. Contacté la veille par des membres du collectif Action Non Violente COP21, et employé par Rue89 Strasbourg avec qui il collabore régulièrement, il s’est rendu sur place pour tourner un reportage sur cette action, déjà réalisée entre autres à Paris, Bordeaux et Bruxelles, par des militants pacifiques à visage découvert. Gaspard Glanz raconte dans son témoignage avoir donné une carte de visite à un homme qu’il prend pour un journaliste peu avant l’action, avant de s’apercevoir qu’il était membre des Renseignements Généraux. Les forces de l’ordre avaient donc son identité. Tandis que les militants entrent dans l’agence du Crédit Agricole et lisent un tract pendant que d’autres réquisitionnent les chaises, l’une des employées prévient la police, qui ne tarde pas à arriver en nombre. Alors que Gaspard Glanz filme toujours, il est interpellé par un officier qui demande à visionner les images. Il refuse. L’officier lui demande alors sa carte de presse – non obligatoire lorsqu’on est journaliste et obtenable seulement lorsqu’on est salarié, ce qui n’est pas le cas de G. Glanz. Sa parole est mis en doute, l’officier lui refuse un appel à son avocat et lui notifie son placement en garde à vue. Vont s’en suivre 18 heures d’enfermement au commissariat central de Strasbourg. Après lui avoir arraché de force son matériel (caméra, cartes mémoires, batterie...), tentant de lui faire signer un procès-verbal qu’il n’a pas le temps de lire, les policiers finissent par le placer en détention au sous-sol. Dans son témoignage, il relate entre autres l’odeur d’excréments, les humiliations, le manque d’eau. Ce n’est que plusieurs heures plus tard qu’il rencontre son avocat commis d’office. Pendant son deuxième entretien pour établir un procès-verbal, l’attitude des policiers change. La nouvelle a déjà commencé à faire le tour des réseaux sociaux, Rue89 a contacté le commissariat pour attester du fait que Gaspard Glanz travaille pour eux. 17 heures et 45 minutes après sa mise en garde à vue, il est enfin libéré mais on refuse de lui donner une attestation de saisie de matériel, sans explication aucune.

Cette histoire ahurissante démontre les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour dissuader les journalistes indépendants de montrer l’actualité sous un angle différent de celui des médias traditionnels. C’est la preuve indéniable que la liberté d’expression ne s’applique pas à la presse d’opposition et que l’État, par le biais de son appareil répressif et par des procédés odieux, tente de faire taire les voix contestataires. La justice d’État est une justice à deux vitesses, privilégiant les grands groupes de presse bourgeois et conciliateurs, réprimant les autres par tous les moyens.

 
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