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La Izquierda Diario
28 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Quand Total se met au « vert » : le scandale de la Mède et de l’huile de palme
Jean Beide

L’écologie a décidément bon dos. Le groupe pétrolier Total n’hésite pas à en faire l’une de ses principales armes publicitaires, affichant ostensiblement sur son site officiel ses différents « objectifs » en matière d’écologie. Entre huile de palme, dont la production est responsable de graves déforestations, et investissements massifs dans la branche des carburants fossiles, la réalité est pourtant loin, très loin de l’image d’engagement que le groupe essaye de promouvoir.

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© Greenpeace

A la raffinerie de la Mède, écologie rime avec déforestation

La raffinerie de la Mède, reconvertie pour produire des agrocarburants, importe près de 650 000 tonnes d’huile de palme, dont la culture est responsable d’importantes déforestations, notamment en Asie du Sud-Est et en Amérique Latine. La direction de Total, qui fait la promotion active du caractère « écologique » de ces opérations, qui ont au passage conduit à la destruction de centaines d’emplois, assure également que l’huile de palme utilisée respecte les critères fixés par l’Union Européenne en matière de respect de l’environnement. Pourtant, Greepeace France a révélé dans une enquête datant de 2019, que les « les flux de matières premières ne sont pas séparées physiquement et que, par conséquent, il n’y a aucune traçabilité réelle sur l’huile de palme importée à la Mède ». L’enquête de l’ONG montre même que Total se fournit auprès de plantations illégales située dans le parc national de Tisso Nelo en Indonésie et qu’elle contribue donc activement à la déforestation.

Les dégâts écologiques des agrocarburants produits par le groupe pétrolier sont sciemment dissimulés derrière une campagne politique et publicitaire visant à faire croire à une entreprise « militante » de la cause environnementale et sociale.

Le lobbying patronal, fléau social et environnemental

Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, affirme dans une déclaration officielle publiée sur le site du groupe que « notre ambition est de devenir la major de l’énergie responsable » au travers de quatre axes essentiels au rang desquels figurent « l’éducation et l’insertion des jeunes » et le respect « des forêts et du climat ». Pourtant, ces affirmations sont contredites par les faits. En dépit des annonces, un rapport publié le 23 juillet dernier et rapporté par Ouest France montre que 90% des investissements du groupe sont en fait réalisés dans la branche des énergies fossiles au profit de laquelle le lobbying reste très actif

Du point de vue social, Total n’hésite pas à se poser en champion de la préservation de l’emploi, comme à la Mède où le groupe prétend les avoir « sauvés » alors que ce dernier a procédé à une réduction des effectifs (notamment par le moyen de départs à la retraite anticipés) comme il s’apprête à le faire à nouveau à la raffinerie de Grandpuits. Ces reconversions des raffineries traditionnelles « largement déficitaires », loin de participer d’un nouveau modèle énergétique plus durable vont en plus occasionner tout une série de désastres sociaux et environnementaux comme l’augmentation du trafic routier par camion, dû à l’abandon de l’oléoduc qui approvisionnait la raffinerie de la région parisienne ou comme la désertification économique des zones industrielles concernées par ces restructurations.

L’entreprise capitaliste, une citoyenne comme les autres ?

La rhétorique publicitaire employée par le groupe pétrolier met en scène une entreprise « militante » et « citoyenne » effectuant sa part d’efforts et de petits gestes. Ainsi le groupe fait-il par exemple bonne presse de ses diminutions de brûlage de routine de gaz, c’est-à-dire de la diminution des pertes structurelles de gaz associées au processus d’extraction du pétrole. Mais la publicité de ces « gestes » sert en fait surtout à masquer l’essentiel, c’est-à-dire le fait que c’est Total qui investit (et fait du lobbying) pour son profit dans l’exploitation pétrolière et gazière, que c’est donc elle qui fait obstacle à la transformation de nos besoins en ressources polluantes. Les activités « responsables » du groupe pétrolier visent en fait surtout à masquer la véritable responsabilité : celle d’un monde organisé essentiellement autour des énergies fossiles pour le profit d’une poignée d’investisseurs. Non, l’entreprise capitaliste n’est pas une « citoyenne » comme les autres, c’est pourquoi elle doit être mise au service de la société et retirée des mains d’une minorité de propriétaires.

Une véritable politique environnementale et sociale ne peut donc compter sur les actions de ces groupes, champions de la dissimulation, et dont le seul objectif réel et conscient est le profit maximal.

 
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