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La Izquierda Diario
5 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Armés jusqu’aux dents
« Séparatisme » : 15 policiers font irruption dans une mosquée en plein cours d’arabe, et terrorisent les élèves
Eli Sand

Samedi dernier, dans le 11ème arrondissement de Paris, 15 policiers armés font brutalement irruption en plein cours dans une école rattachée à une mosquée. Cette intervention brutale et violente de la police dans des salles de cours devant des élèves terrorisés ne fait finalement que concrétiser l’offensive islamophobe menée par le gouvernement et visant dans les faits à stigmatiser l’islam et les musulmans.

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Verdict ? De son propre aveu, la police n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent : des alarmes incendie défaillantes ou des portes coupe-feu non fonctionnelles. De quoi justifier l’intervention armée de la police dans les écoles, par simple prétexte qu’elles sont attachées à une mosquée ? Loin d’être théorique, cette question mérite qu’on s’y attarde face aux agissements de la préfecture de police parisienne samedi dernier pour qui la réponse semble être positive.

15 policiers devant des élèves terrorisés : quand des « insuffisances liées à la sécurité incendie » deviennent prétexte à l’islamophobie

Samedi 3 octobre, une opération est menée par la préfecture de police parisienne qui envoie 15 de ses hommes dans une école attachée à la mosquée Omar du 11ème arrondissement. Une irruption brutale en plein cours d’arabe devant des enfants et professeurs terrorisés. Résultat des courses : dans un tweet posté le lendemain par la préfecture de police, qui se vantait par ailleurs de cette « opération de contrôle menée […] sous l’égide de la cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire », cette dernière atteste que seules « des insuffisances liées à la sécurité incendie » ont été relevées… rien d’autre.

Une intervention qui n’a donc « aucun sens » et qui a choqué les enfants et les enseignants, comme le déplore Hamadi Hammami, président de l’association Foi et Pratique, dans son message adressé au Conseil français du culte musulman (CFCM) pour obtenir son soutien contre de tels agissements.

Suite au communiqué posté par la préfecture de police, les réactions d’indignation et de révolte face à de telles pratiques n’ont pas tardé à fleurir sur la toile. En effet, choqués et scandalisés, des militants de l’antiracisme comme certaines figures politiques n’ont pas hésité à s’exprimer sur ces évènements.

Effectivement choquante et révoltante, cette intervention n’est pourtant que la triste et concrète réalisation de la politique menée depuis des années par le gouvernement, mais qui s’est intensifiée ces dernières semaines : une politique visant à stigmatiser les musulmans et dont le point d’orgue a été vendredi dernier avec les annonces de Macron sur son projet de loi contre le séparatisme.

Premier fait d’arme de la loi séparatisme

La violente intervention de la police, samedi dernier, dans l’enceinte de cette école rattachée à une mosquée s’ancre dans le contexte beaucoup plus large de l’offensive islamophobe mise en place par le gouvernement. Cette intervention a, de fait, été précédée par toute une campagne politique et médiatique visant à stigmatiser l’islam et les musulmans. De l’instrumentalisation de faits divers dramatiques pour tenter de montrer un « ensauvagement » de la société à la stigmatisation des femmes voilées dans les espaces publics, en passant par tous les discours racistes voire xénophobes, l’offensive islamophobe et sécuritaire du gouvernement a été couronnée vendredi 2 octobre dernier par le discours de Macron sur son projet de loi contre le séparatisme.

Dans son allocution, le Président présentait les « 5 piliers » qui viendraient structurer sa loi contre le séparatisme, prévoyant notamment la mise en place d’un « devoir de neutralité » à l’ensemble des salariés du service public ou encore un dispositif « anti-putsch » dans les mosquées. Et alors qu’il ne sera examiné que le 9 décembre par le Conseil des ministres, les conséquences de ce projet de loi ouvertement islamophobe transparaissent déjà concrètement. C’est, en effet, au lendemain de l’allocution présidentielle, que la préfecture de police de Paris décidait d’envoyer 15 de ses hommes pour aller perquisitionner une école, au seul motif que celle-ci était attachée à une mosquée. Comme le faisait tristement remarquer Hamadi Hammami dans ce même message adressé au CFCM : « Les dernières annonces, n’ont pas mis longtemps à être mises en application ».

Politique de stigmatisation et d’humiliation, stratégie de la terreur : le gouvernement brandit les « valeurs de la République » pour mettre en place un système répressif et autoritaire basé sur la stigmatisation religieuse. Une analogie avec un précèdent fait historique majeur que certains se sont déjà risqués à faire, comme en témoigne certains tweets :

C’est donc à l’aune du « séparatisme », qui est moins une réalité qu’un concept politique crée sur mesure par le gouvernement de Macron, qu’est menée une offensive réactionnaire dans le contexte d’une crise sanitaire et sociale sans précédent. Une offensive par ailleurs basée sur la traque continuelle des moindres manifestations du fait religieux musulman dans l’espace public, comme l’analysait l’avocat au barreau de Paris Raphaël Kempf dans son article « Séparatisme. Mettre au pas l’islam et les musulmans de France ».

C’est face à cette offensive politique que le Collectif du 10 novembre Contre l’Islamophobie lance un appel à une marche contre ce projet de loi « séparatisme ». Contre le racisme et l’islamophobie d’Etat, il est plus que temps de dénoncer les injures et provocation à la haine, de condamner et de refuser tout renforcement des discriminations à l’encontre des musulman-e-s.

 
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