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La Izquierda Diario
14 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Polarisation pré-électorale
États-Unis. De quoi l’augmentation des achats d’armes est-elle le symptôme ?
Agathe H.

A quelques semaines de l’élection présidentielle, les achats d’armes par les Américains ne cessent d’augmenter. Justifiée par l’augmentation des révoltes sociales, les conséquences de la crise sanitaire et économique ou bien les tensions politiques, cette augmentation témoigne avant tout d’une polarisation sociale de plus en plus grande.

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Crédit photo : AFP

Au sein de la première puissance impérialiste mondiale, la détention et le port d’arme est autorisé par le deuxième amendement de la Constitution qui affirme qu’« une milice bien organisée est nécessaire à la sécurité d’un État libre ».

Récemment, la police fédérale américaine publiait les chiffres concernant les demandes de vérification d’antécédents judiciaires, nécessaire pour l’achat d’armes. Alors qu’en 2019, les demandes étaient en moyenne de 2,3 millions par mois, en juin 2000, celles-ci ont atteint les 3,9 millions.

Dans un pays où la législation est favorable au port d’arme, une telle augmentation traduit une crainte en l’avenir des classes favorisées majoritairement blanche de la population américaine. L’instabilité politique et économique, qui s’est exacerbée avec la crise sanitaire, participe au renforcement de l’individualisme latent au sein des puissances capitalistes, qui aujourd’hui pousse les classes possédantes à s’armer plus pour défendre leur propriété privée.

« J’ai tout de suite pensé que les gens allaient perdre leur travail [avec la crise sanitaire], qu’il y aurait moins d’argent et que les cambriolages risquaient d’augmenter, je voulais être capable de protéger ma famille » explique un quadragénaire blanc au journaliste du Journal de Montréal, après avoir acheté une seconde arme.

Une telle augmentation de l’achat d’armes témoigne essentiellement de la polarisation politique et sociale croissante aux États-Unis. Dans un contexte de crise sanitaire et économique dont les conséquences touchent principalement les quartiers populaires ainsi que les populations noires et hispaniques, les populations blanches et favorisées elles, craignent et s’arment. Dans la même logique que les études sur le profil des propriétaires d’armes, dans un pays où la tradition de l’armement est très ancrée, aujourd’hui ce sont majoritairement les hommes blancs des classes moyennes qui font leur stocks.

Cette polarisation sociale est d’autant plus forte aux États-Unis où le mouvement anti-raciste déclenchaé après l’assassinat de Georges Floyd par un policier est encore aujourd’hui brûlant d’actualité. Les revendications des militants du mouvement Black Lives Matter dont le désarmement et le définancement de la police ont fait peur à ceux qui ont tout intérêt aux exactions criminelles de cette police. « Avec les appels à couper les fonds de la police et le dénigrement des agents [revendiqué par les militants anti-racistes] on dirait que c’est désormais à nous de lutter contre la criminalité » témoigne un homme au micro du Journal de Montréal.

La législation ultra-permissive aux États-Unis permet donc aux franges les plus réactionnaires de faire leur loi, en s’organisant sous forme de milice comme celles présentes au côté de la police pour réprimer les militants du mouvement Black Lives Matter ou encore pour revendiquer la réouverture des entreprises non-essentiels en pleine période de crise sanitaire. L’armement de la population américaine n’est donc pas un phénomène isolé et individuel. Elle se fait dans la perspective de la création d’organisations armées parallèles à la police, qui sont d’ailleurs encouragées par Trump.

Finalement, une chose est certaine, l’augmentation massive des achats d’armes par les franges les plus réactionnaires de la société est le seul reflet de l’état actuel de la société. Une société en crise marquée par une polarisation sociale et politique de plus en plus grande, que les élections du 3 novembre prochain ne pourra résoudre.

 
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