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La Izquierda Diario
19 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Blanc bonnet et bonnet blanc
Trump et Biden : candidats de l’austérité
Jean Beide

Les élections présidentielles américaines , qui auront lieu le 3 novembre prochain, semblent dessiner chaque jour les contours d’une bataille culturelle. D’un côté du ring, on retrouve un Trump réactionnaire et fauteur de troubles international, de l’autre, un Biden, candidat du « progressisme » et du multilatéralisme. Pourtant, la véhémence des débats entre les deux candidats ne doit pas masquer le fait le plus important de cette élection : Quel qu’il soit, le vainqueur sera le « président de la récession ».

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Crédits photos : Maxime Bourdeau/le Huffpost avec Afp et Ap

Les ressources publiques au secours du capital : deux candidats, une seule politique

Par-delà les différends, les deux candidats ont un point commun : ils vont devoir faire face à la crise économique et conduire l’offensive pour sauvegarder les intérêts du capital. L’immense majorité des gouvernements en place, et les États-Unis ne font pas exception, prétendent mettre en place des « plans de relance », à grands coups de milliards ponctionnés sur les deniers publics. Pourtant, ces plans de relance sont plutôt, pour reprendre le mot de l’économiste Robert Boyer, des plans de « congélation » de l’économie, c’est-à-dire de sauvegarde sans contrepartie et à tout prix des intérêts capitalistes en attendant l’embellie sur le front épidémique.
Néanmoins, la contraction historique des PIB et la désorganisation massive des chaines de la production mondiale risquent de faire échouer à moyen terme ces plans.
Comme le note Ezra Brain dans un article du Journal Left Voice, la punition risque même d’être double. Une fois que le pillage des ressources publiques (qui ne protègent pas les travailleurs des Etats-Unis des licenciements) se heurtera à l’inévitable récession, viendra alors le temps du « rééquilibrage des budgets » c’est-à-dire d’une période de vaches maigres pour les classes laborieuses.

Où vont les Etats-Unis ?

Cette élection américaine est-elle vraiment, comme le pensent même les socialistes américains, un carrefour historique majeur ? Autrement dit, les États-Unis sont-ils mis au devant de l’alternative : Biden ou la barbarie ? A voir l’immense coalition qu’emmène le candidat démocrate derrière lui, il y a de quoi se poser des questions. Biden est le candidat adoubé aussi bien par le capital américain que par une gauche de plus en plus compromise avec ce dernier. Il est aussi celui qui parvient à lever le plus de fonds à Wall Street. La raison de ce soutien massif est à chercher, toujours selon Ezra Brain, du côté de la croyance des capitalistes dans le fait que Biden est celui qui représente le mieux la prévisibilité et l’austérité. Les coups de force de Trump et sa proactivité en matière de politique économique à l’international n’ont pas bonne presse dans un contexte pandémique où l’incertitude radicale (cauchemar des investisseurs) s’est vu passer, en quelques mois, de l’exception à la règle.

Vers un « trumpisme » à la sauce démocrate ?

A l’image de la succession travailliste de Tony Blair à Margaret Tatcher ou du démocrate Bill Clinton à l’ultralibéral Ronald Reagan, la succession démocrate à Donald Trump risque fort, dans un contexte ultra-concurrentiel de crise mondiale, de s’inscrire dans la continuité de ce que Trump a institué. Du point de vue économique tout d’abord, la crise actuelle risque de renforcer les tendances au protectionnisme et au souverainisme économiques, y compris en Europe, de quoi jeter le doute sur un retour à la « normalité » économique libérale d’avant Trump. De plus, Biden devra composer avec les enseignements de la défaite d’Hillary Clinton, donc ménager l’électorat ouvrier brisé par la crise, et une pression sur sa gauche incarnée par Sanders et Warren. Au plan de la politique internationale, là aussi les choses risquent de s’inscrire dans la droite ligne des quatre dernières années. Comme le remarque l’éditorialiste du Monde Sylvie Kauffmann, « Joe Biden sera dur en négociations avec l’Europe et la Chine » de même qu’il sera difficile pour lui de reconstituer le multilatéralisme (mis à part le retour très anecdotique des USA dans l’accord de Paris) et de rejouer les « gendarmes du monde » sans en payer le prix politiquement. Le « repli américain », incarné par Trump, a du reste attisé les appétits géostratégiques des puissances montantes, à commencer par la Chine.

Le paradoxe de la situation politique américaine est que Trump s’apprête à perdre alors que le monde post-pandémie semble un monde taillé pour lui. La hausse des tensions géopolitiques et économiques et la voracité du capital, qui cherche à tirer les marrons du feu, risquent de faire du prochain mandat présidentiel américain, un mandat à haut risque durant lequel la classe ouvrière des États-Unis devra se battre bec et ongles pour ne pas payer cette crise capitaliste sans précédent depuis 1929.

 
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