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La Izquierda Diario
25 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Live Révolution Permanente
Anasse Kazib : « La gauche ne doit pas tomber dans le piège de l’union nationale »
Jyhane Kedaz

Jeudi soir, Anasse Kazib était entouré de nombreux invités autour d’un live spécial intitulé « Conflans. Après l’horreur, refuser l’instrumentalisation ». L’occasion pour le cheminot d’interpeller les organisations de la gauche sociale et politique pour refuser le piège de l’union nationale tendu par le gouvernement.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Anasse-Kazib-La-gauche-ne-doit-pas-tomber-dans-le-piege-de-l-union-nationale

Alors que nous assistons ces derniers jours à une offensive réactionnaire islamophobe de la part du gouvernement, des grands médias, et de l’extrême-droite à la suite de l’effroyable assassinat de Samuel Paty, Révolution Permanente a choisi de faire entendre la voix des militants de terrain. En effet, aux côtés d’Anasse Kazib étaient présents des personnalités comme Youcef Brakni, militant des quartiers populaires et membre du collectif Justice et Vérité pour Adama, Marion, enseignante en collège en Seine-Saint-Denis, Inès Rossi du collectif féministe révolutionnaire « Du Pain et des Roses ». Mais également des figures comme Marwan Muhammad, statisticien et ancien directeur du CCIF ainsi qu’Omar Slaouti du Collectif antiraciste Ali Ziri. Comme l’explique Anasse Kazib « On critique BFM TV ou CNews car ils sont la tribune des Zemmour, des Goldnadel, des Zineb El Rhazoui, des Elisabeth Lévy, de toutes ces personnes qui ont un discours ultra-réactionnaire. Depuis Révolution Permanente on a voulu donner la parole aux militants de terrain, leur donner le micro sans qu’on les coupe toujours ou qu’on caricature leurs positions […] On est le média du bon côté de la barricade ».

Anasse Kazib a tout d’abord souhaité adresser une pensée aux proches de l’enseignant assassiné : « Mes premiers mots vont vers la famille de Samuel Paty, au nom de l’ensemble des militants et militantes de Révolution Permanente. On s’associe à la douleur de ses collègues, de ses élèves, de toutes celles et ceux qui l’ont connu de près ou de loin et leur dire à quel point nous sommes solidaires de leur peine » a-t-il déclaré, avant de dénoncer la récupération politique autour de cette tragédie. « Sous couvert d’unité nationale ou de deuil, on ne peut pas laisser le champ libre à ceux qui portent une parole raciste et xénophobe dans les médias et sur les réseaux sociaux. »

Le piège de l’unité nationale

Anasse Kazib a alerté sur le danger que représente le climat d’Union nationale derrière le gouvernement en cette période de crise sanitaire et économique, marquée par une montée de l’islamophobie. Climat auquel s’adaptent diverses organisations politiques et syndicales de gauche. « Pensez à ceux qui ferment des lits d’hôpitaux, ceux qui imposent des couvre-feux, donnent des milliards à Air France, Airbus ou Renault pour supprimer des emplois. Si vous pensez que ces gens-là sont vos alliés, et sont des alliés pour lutter contre le terrorisme, vous vous mettez le doigt dans l’œil camarades. Nous avons une lutte antagoniste. On ne peut soutenir ceux qui vendent des armes à l’Arabie Saoudite tout en menant la casse du service public ».

« J’appelle à la raison l’ensemble des organisations syndicales, associatives et politiques de gauche : il faut se réveiller et ne pas tomber dans le prétexte de la défense des valeurs républicaines […] Car ceux qui nous disent cela sont ceux qui éborgnent dans les quartiers populaires et les manifestations de Gilets jaunes. Les mêmes qui répriment les piquets devant les entrepôts de la RATP, empêchent les enseignants ou encore le personnel de santé de manifester. Ils n’ont pas changé avec la mort de Samuel Paty, et ne changeront pas demain. L’unité nationale c’est l’unité du fort avec le faible, ce n’est que de la poudre aux yeux pour pouvoir discipliner tout le monde. […] Ne tombons pas encore dans ce jeu-là. On a vu ce que c’était l’unité nationale pendant le confinement : ceux qui ont payé sont ceux d’en bas. »

Pour revoir le live :

Les organisations de gauche doivent cesser de faire le dos rond !

Anasse Kazib a ouvertement dénoncé l’attitude des directions syndicales qui se rangent derrière le discours républicain notamment dans l’éducation, ainsi que les propos de figures de gauche à l’image de Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci avait en effet déclaré publiquement lors des hommages à Samuel Paty qu’il y avait en France « un problème avec la communauté tchétchène » avant de se raviser. « Je le dis publiquement, Mélenchon n’aurait jamais dû tenir ces propos. C’est bien qu’il ait reconnu son erreur, mais elle n’aurait jamais dû être commise, ni être répétée plusieurs fois sur les plateaux télés, devant les micros. »

Il en appelle ainsi à la mobilisation de toutes les organisations de gauche, face à l’offensive menée à l’encontre de la communauté musulmane et aux attaques aux droits démocratiques que constituent les menaces envers plusieurs organisations antiracistes ou de défense des droits des personnes musulmanes. Une bonapartisation du régime politique qui pourrait s’étendre à l’ensemble des organisations progressistes et nécessite une réponse à la hauteur : « Les organisations de gauche sont en train de le payer, d’être muselées. Lorsqu’un militant de gauche parle, on lui met le tampon de l’islamo-gauchiste et on le met de côté. […] Beaucoup de personnalités politiques publiques font un peu le dos rond, espèrent que la tempête va passer sans avoir à réagir. Il va falloir bouger, toutes et tous. »

« Imposer un rapport de force »

Au contraire, dans un contexte où le gouvernement cherche à diviser l’ensemble des travailleurs et des secteurs populaires autour d’un discours raciste, pour détourner l’attention de la crise économique et de sa gestion catastrophique de la crise sanitaire, il est plus que jamais nécessaire que les organisations du mouvement ouvrier, de la jeunesse, mais également les organisations antiracistes, féministes, qui militent aux côtés des quartiers fassent front contre l’offensive du gouvernement. « La classe ouvrière doit reprendre ses droits, doit se préoccuper de ce qui est en train de se passer et notamment de la montée de l’islamophobie, comme elle doit se préoccuper de ce qu’il se passe dans le mouvement féministe, ou encore de la catastrophe économique que représente actuellement le couvre-feu pour les petits commerçants, les restaurateurs, les coiffeurs ou encore les fleuristes. »

« Leurs forces sont nos faiblesses. Ils ont leurs outils : la police et la justice, les médias, la bureaucratie syndicale. Mais on a vu ce qui s’est passé avec les Gilets jaunes. La question est d’instaurer un rapport de force. D’un coup on a vu des primes tomber, le gouvernement a reculé sur les mesures sur le carburant. Ou encore au printemps dernier, quand les mobilisations antiracistes autour de la mort de Georges Floyd et du comité Adama ont éclaté, on a vu comment cela a bouleversé l’échiquier politique. […] Lorsque la lutte de classes reprend ses droits, la question de l’islam, les campagnes racistes etc. disparaissent vite. »

« On voit comment le gouvernement panique face à la possibilité d’un blocage de l’économie. Et ce qu’on souhaite nous c’est que demain, face à cette crise sanitaire et économique il y ait un effet Gilet jaune XXL, mais cette fois encore mieux, plus organisé et combatif, avec les militants des quartiers populaires, antiracistes, le mouvement ouvrier organisé, la jeunesse. On a besoin de se retrouver toutes et tous, de sortir la tête de l’eau et de passer à l’offensive. »

 
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