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La Izquierda Diario
29 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Cache-misère
Coup de gueule. Pour les écoliers, port du masque et improvisation ; pour Blanquer, copie blanche !
Wangrin

Un coup de gueule d’un professeur des écoles. Pour avoir des précisions sur les modalités de la rentrée et plus particulièrement sur le protocole sanitaire, il faudra attendre une tardive allocution de Jean-Michel Blanquer. Ce qu’on sait déjà, c’est que la principale mesure mise en avant par le gouvernement est l’extension de l’obligation du port du masque à tous les élèves de plus de six ans.. Cette mesure cache mal l’impréparation du gouvernement, qui ne semble pas avoir l’intention d’accorder des moyens supplémentaires à l’éducation pour mettre en place des effectifs réduits.

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 DENIS LOVROVIC / AFP 

Des arrangements de dernière minute. Pour avoir des précisions sur les modalités de la rentrée et plus particulièrement sur le protocole sanitaire, il faudra attendre une tardive allocution du ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Ce qu’on sait déjà, c’est que la principale mesure mise en avant par le gouvernement est l’extension de l’obligation du port du masque à tous les élèves de plus de six ans, c’est-à-dire aux élèves de l’école élémentaire. Cette mesure cache mal l’impréparation du gouvernement, qui ne semble pas avoir l’intention d’accorder des moyens supplémentaires à l’éducation pour mettre en place des effectifs réduits afin de limiter les contaminations dans les établissements scolaires, ni même arriver à se résoudre à mettre en place, au minimum, une rotation des effectifs.

Un protocole inexistant depuis la rentrée de septembre

Lundi, près d’un million d’enseignants et leurs élèves retrouveront le chemin de l’école, alors même que le gouvernement, complètement dépassé par la deuxième vague du coronavirus, impose un confinement qui ne laisse qu’un droit : celui de travailler. Le motif avancé par le gouvernement pour expliquer sa décision de garder les établissements scolaires ouverts serait une volonté d’empêcher le décrochage scolaire et l’accentuation des inégalités.

Le décrochage est un problème bien réel entraîné notamment par l’enseignement à distance et l’impréparation du ministère à la « continuité pédagogique » lors du premier confinement. Mais l’absence de tout protocole sérieux depuis la rentrée de septembre (le protocole a même été de plus en plus allégé) qui aurait permis un accueil des élèves dans des conditions favorables à l’apprentissage et à la non-transmission du virus, ne peut que laisser sceptique sur le véritable agenda du gouvernement. Il s’agit en fait de permettre une continuité de l’activité économique, en donnant à l’école le rôle d’assurer la garde des enfants. Cette nonchalance s’explique par le fait que selon Blanquer, la transmission du virus entre élèves n’est pas aussi forte ou dangereuse que chez les adultes.

L’absence de considération pour les personnels en première ligne, qui avaient reçu des masques potentiellement toxiques à la rentrée, ne surprend même plus de la part du ministre. Alors même que les établissements scolaires sont devenus des lieux importants de transmission du virus, le sujet est balayé d’un revers de manche par Macron, qui évoque comme seul pare-feu un bien flou « renforcement » du protocole sanitaire fantôme.

Les mesures mises en avant concernent trois points : le brassage des élèves, le nettoyage et l’aération. Mais sur ces questions, à moins d’une réduction des effectifs, les mesures applicables ont déjà été prises par les équipes éducatives et les travailleurs des établissements scolaires – heureusement, sans attendre le ministre. Pour l’heure, l’une des seules mesures un peu concrète évoquée est l’obligation du port du masque par les tous les élèves de plus de 6 ans. Jusqu’ici, cela n’était pas obligatoire en élémentaire. Mais cette annonce très médiatisée n’est en fait qu’un cache-misère, qui masque mal l’incapacité de l’exécutif à proposer une véritable politique sanitaire permettant de garder les écoles ouvertes comme lieux d’apprentissage et de socialisation ; et qui tente simplement de garder les écoles ouvertes pour servir de garderie au grand patronat.

Diminuer davantage le brassage des élèves ?

La limitation du brassage des élèves et des parents à la sortie de l’école est essentielle pour limiter efficacement la diffusion du virus. Cela permet de mieux isoler les cas contacts. La plupart des établissements ont déjà décalé les horaires d’entrée et de sortie en fonction des niveaux ainsi que ceux des récréations. Le temps du midi et de l’accueil du matin restent cependant des moments où les groupes d’élèves se croisent. En guise de solution, Blanquer a annoncé ce jeudi matin qu’il faudra faire évoluer les emplois du temps afin d’échelonner les passages à la cantine. Comme nous l’avons vu, cela a en fait déjà été fait dans les établissements scolaires, les équipes éducatives ayant su aller plus loin que le protocole sanitaire minimal proposé auparavant par le ministère.

Mais les contraintes d’amplitudes horaire de la journée et de disponibilité des personnels de restauration font que l’unique façon de faire mieux, c’est de proposer un autre mode de restauration – ce qui n’est pas du ressort de l’éducation nationale. On voit donc qu’à moins d’une réduction des effectifs, les leviers disponibles sont peu nombreux, si ce n’est inexistants.

Contre la contamination, le nettoyage et l’aération comme seule solution !

Ce jeudi, Blanquer a également annoncé un "nettoyage renforcé" dans les établissements scolaires. Depuis la rentrée, ce nettoyage des salles de classe est limité à un unique nettoyage quotidien, y compris sur les surfaces avec lesquelles les élèves sont fréquemment en contact comme les poignées de porte ou les robinets. Des mesures plus ambitieuses et au niveau du risque sanitaire impliqueraient l’affectation de personnels supplémentaires par les collectivités locales en charge des établissements. Cela paraît difficilement réalisable. Un seul exemple : professeur des écoles en maternelle, je vois mal comment les ADSEM, aux conditions de travail déjà difficiles et à l’emploi du temps déjà chargé, pourrait consacrer davantage de temps au nettoyage des classes. La solution, là encore, impliquerait de limiter le nombre de salles de classe utilisées et donc le nombre de jours de classe en présentiel pour les élèves. Il s’agit de la principale question que le gouvernement doit adresser ce soir. Faute de cela les déclarations du ministre ne seraient qu’une manière de se défausser de ses responsabilités sur les collectivités locales.

Un autre point mis en avant par le ministre est « l’aération renforcée » des salles de classes. Mais en plein hiver alors que les installations de nombre d’établissements sont vétustes, on voit mal ce qui pourrait être fait. Sauf fournir des purificateurs d’air – besoin que le le ministère n’a, là encore, pas anticipé. Il faudra donc faire un choix entre aérer et avoir froid.

Le port du masque pour les élèves d’élémentaires, un simple cache misère

On voit bien que les mesures mises en avant sont au mieux insuffisantes et que l’annonce de l’obligation du port du masque pour les plus de six ans – masque non fourni par l’éducation nationale ! – est un bien peu convaincant cache misère. La question de l’efficacité de cette mesure se pose aussi du fait de la difficulté pour des élèves aussi jeunes de porter correctement leur masque de manière constante, sans le toucher ou le faire tomber par terre. Encore une fois, la solution réaliste pour concilier un accueil responsable des élèves et une continuité pédagogique passerait par limiter le nombre d’élèves dans les classes et le fait de garantir la distanciation sociale, ce qui nécessiterait des moyens pour l’éducation – mais le gouvernement préfère la gestion répressive de la crise sanitaire.

 
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