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La Izquierda Diario
7 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Sur le terrain de l’extrême-droite
Offensive anti-immigration : Macron annonce un doublement des forces de contrôle aux frontières
Margot Vallère

En déplacement ce jeudi dans le col du Perthus (Pyrénées-Orientales), Macron a annoncé un doublement des forces de sécurité aux frontières pour lutter contre « le terrorisme islamiste ». D’amalgame en amalgame, il dévoile sa politique raciste et anti-migrant sur fond d’instrumentalisation du drame de Conflans-Sainte-Honorine.

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Après avoir largement instrumentalisé les drames de Conflans-Sainte-Honorine puis plus récemment de Nice, afin de justifier le tournant sécuritaire et islamophobe emprunté par le gouvernement, ce dernier s’attaque aujourd’hui sans détour à l’immigration.

Lors d’une conférence de presse donnée dans le col du Perthus, principal point de passage entre l’Espagne et la France près de Perpignan, Emmanuel Macron s’est exprimé sur la question de l’immigration qu’il lie, à grand renfort d’amalgame, à celle du terrorisme. Accompagné de Gérald Darmanin et de son secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, le chef de l’exécutif a été clair sur sa volonté d’ « intensifier très fortement notre contrôle aux frontières, au sein de l’espace Schengen ».

Se saisissant de la question du « terrorisme islamiste » afin de justifier sa politique ouvertement discriminatoire et stigmatisante envers l’entièreté de la communauté musulmane, Macron l’utilise désormais pour mener une politique « anti-immigration ». Agissant sur le terrain habituel de l’extrême-droite, Macron s’est érigé en véritable « protecteur des français » contre « la menace islamiste grandissante ». Il a annoncé vouloir « agir sur tous les fronts pour contrer le terrorisme islamiste » et après avoir vanté les résultats du plan Vigipirate, en vigueur depuis trois ans, il a affirmé sa volonté d’intensifier ce travail. Le projet de loi contre le séparatisme, renommé depuis peu « Projet de loi contre le séparatisme islamiste », qui vise dès lors, expressément les musulman.e.s ou supposés tels, est selon lui un premier pas dans ce sens mais n’est pas suffisant.

Macron souhaite donc renforcer le contrôle aux frontières en doublant ses effectifs qui passeront de 2 400 policiers, militaires et CRS à 8 400. Il a également annoncé la création de quatre nouvelles unités mobiles à la frontière espagnole, non loin de Perpignan, l’un des rares fiefs de l’extrême droite. En adoptant depuis quelques mois, la rhétorique de la droite réactionnaire, il apparaît clair que Macron souhaite ranger derrière lui, une partie de l’électorat de Marine Le Pen en prévision des prochaines élections présidentielles.

En plus du renforcement des forces de contrôle aux frontières françaises, le gouvernement souhaite également intensifier le contrôle aux frontières européennes. En « européanisant » sa réponse, Macron, déjà en « très bonne coordination » avec l’Italie et l’Espagne, se dit favorable à une refondation en profondeur des lois qui régissent l’espace Schengen. Sous couvert de lutte contre le terrorisme mais aussi contre les trafics de stupéfiants et humains, et en s’inscrivant dans le droit fil des décisions sécuritaires prises depuis trois ans sous le plan Vigipirate l’exécutif n’hésite pas à radicaliser son discours et à durcir ses mesures. Pour se justifier, il a également rappelé que « les risques terroristes sont partout » et que « les réseaux [terroristes] sont mondialisés ». L’ennemi de la République et de la laïcité n’est désormais plus qu’intérieur mais vient également de l’extérieur et l’Islam est érigé comme la menace principale.

En réponse à une journaliste, lors de cette même conférence de presse, Macron s’est défendu de faire l’amalgame entre « islamisme et immigration ». D’après lui, « faire le lien ne veut pas dire tout confondre », pourtant par cette phrase, le président de l’exécutif affirme paradoxalement qu’il existe bel et bien pour lui et pour tout son gouvernement, une corrélation entre les deux.

Si Macron dit refuser l’instauration d’une législation de guerre, revendiquée par la droite et l’extrême droite, il cite également la loi « sécurité intérieure, lutte contre le terrorisme » héritée du dernier état d’urgence : « Nous sommes sortis de l’État d’urgence et nous avons intégré dans notre droit, les dispositions utiles pour lutter durablement contre le terrorisme ». Ainsi la stratégie du gouvernement est claire : se servir du cadre anti-démocratique de l’état d’urgence pour faire passer des attaques sécuritaires, islamophobes, et anti-migrants, puis les conserver et même les renforcer à sa sortie.

En martelant que la menace du terrorisme est durable, le gouvernement légitime son tournant réactionnaire et anti-immigration et en profite pour prendre de nombreuses mesures qu’aurait pu porter l’extrême droite. Dans un contexte de crise économique et sociale, Macron installe le débat public en se projetant déjà en 2022, prépare un potentiel deuxième tour, face à Marine Le Pen.

 
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