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La Izquierda Diario
22 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

La LPR adoptée, un pas de plus dans les attaques anti-démocratiques
Antoine Weil

Après l’adoption de la LPR, retour sur un texte dangereux, qui précarise les chercheurs et criminalise les mobilisations étudiantes, dans la continuité de l’offensive anti-démocratique du gouvernement. 

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La Loi de Programmation de la Recherche (LPR) a été définitivement adoptée par le Parlement, après que le Sénat a approuvé la dernière version de la loi. la LPR, qui mobilise le monde universitaire depuis un an, annonçait déjà la précarisation des chercheurs, avant que les sénateurs n’y ajoutent deux nouveaux amendements à l’encontre des mobilisations étudiantes. Examinée en parallèle de la la loi Sécurité globale, elle est le signe du renforcement autoritaire du pouvoir, en même temps que de la poursuite de la précarisation et « néo-libéralisation » de l’université.

Une loi répressive et inégalitaire, examinée en vitesse et en dépit de la contestation

 
Revendiquant un fonctionnement « darwinien » et se revendiquant « inégalitaire », selon les termes d’un de ces rédacteurs, cette loi laissera la recherche être quasi exclusivement financée par le privé. La LPR va aussi accentuer l’insécurité et la précarité du statut des chercheurs, les rendre entièrement dépendants des directions d’établissement, et les soumettre aux intérêts du secteur privé, ce qui va grandement restreindre le champ des thématiques de recherche qu’ils seront autorisés à étudier.

Très critiqué dans la communauté universitaire, elle a suscité l’indignation des chercheurs et des doctorants, qui ont répondu par une mobilisation importante en mars, et à nouveau mardi dernier. Au mépris des critiques, la loi a même été enrichie d’un amendement, qui vise désormais à criminaliser les luttes étudiantes. Le Sénat a d’abord décidé de punir les étudiants d’un an de prison s’ils pénètrent dans une université "dans le but d’entraver la tenue d’un débat organisé". Des actions comme celle menée contre Francois Hollande en en novembre 2019, afin de dénoncer la précarité étudiante, au lendemain de la tentative de suicide d’Anas, un étudiant alertant contre sa situation, seront désormais passibles de prison. Cet amendement a été élargi, en commission mixte paritaire, une instance qui mêle députés En Marche et Sénateurs Les Républicains, les parlementaires ont décidé que toute tentative de pénétrer dans un établissement « dans le but d’en troubler la tranquillité ou le bon ordre » serait puni de 3 ans de prison et de 45 000 € d’amende. Derrière ces termes flous, les parlementaires menacent le répertoire d’actions des mobilisations étudiantes depuis 50 ans et portent un grave coup aux libertés politiques dans les facs. 
Cet amendement illustre un fonctionnement particulièrement anti-démocratique, adopté sous l’impulsion du Sénat, instance conservatrice par essence de politiciens élus par des politiciens, main dans la main avec le gouvernement, et tout cela dans le cadre d’une procédure accélérée. Profitant de plus d’une période où la contestation est forcément limitée du fait du confinement et de la fermeture des établissements universitaires. Déjà scandaleuse pour son contenu, et sa volonté de précariser la recherche et de criminaliser les luttes étudiantes, la LPR l’est également pour sa forme qui relève pleinement de l’offensive anti-démocratique menée par le gouvernement, appuyé par les secteurs droitiers, de Les Républicains aux syndicats de policiers. 

Qui s’inscrit dans l’offensive anti-démocratique portée par le gouvernement

Le passage de cette loi révèle en effet la nature de la période actuelle, où le gouvernement renforce le caractère autoritaire et personnel de son pouvoir. Un des exemples les plus marquants de cette offensive anti-démocratique se trouve dans le contenu de la loi de Sécurité Globale. Examinée en parallèle de la LPR, cette loi vise à interdire de montrer les visages de policiers dans les médias, à renforcer la police municipale, développer la surveillance par drone tout en munissant les policiers de caméras piéton. Le fait que ces deux lois soient votées dans un délai aussi proche dévoile dès lors l’offensive plus large qui est menée par la classe dominante. 

Il s’observe en effet un moment autoritaire, dont la manifestation la plus claire est le fait que la France soit désormais gouvernée par un Conseil de Défense. Ce dispositif d’exception, organisé autour du Président et selon sa volonté, a été généralisé par Macron, qui l’a réuni plus de 40 fois depuis le début de l’année 2020 ! Cet espace de décision qui remplace le Conseil des Ministre, permet au Président de convoquer qui il le souhaite, sans devoir s’en expliquer devant le Parlement. Et cela y compris pour des questions non liées à la crise sanitaire ; c’est notamment dans le cadre du Conseil de Défense que Macron a décidé de ce qu’il allait faire de la Convention pour le Climat. En faisant recours à cette instance, Emmanuel Macron renforce son pouvoir personnel, en poussant à leur paroxysme les mécanismes autoritaires et bonapartistes prévus par les institutions de la Ve République 

De la LPR à la Sécurité Gloable : un renforcement du pouvoir qui témoigne de sa fragilité

De la LPR à la loi de Sécurité Globale, il est indéniable que la période est aux attaques anti-démocratiques, menées par un pouvoir plus concentré que jamais, dirigé en comité restreint depuis un Conseil de défense. S’il y a une offensive anti-démocratique claire de la part gouvernement, elle témoigne également de la faiblesse du pouvoir. En renforçant ainsi l’appareil législatif répressif, le gouvernement se prépare aux échéances futures, et aux mobilisations sociales qui s’annoncent. Or, sa précipitation à légiférer contre les mobilisations étudiantes et contre le fait de diffuser des violences policières témoigne de son inquiétude face à la menace d’une nouvelle phase de contestation. 

 
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