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La Izquierda Diario
23 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Toray. Les grévistes répondent face à la répression patronale

Le 19 novembre la direction de Toray CFE a assigné au tribunal 3 grévistes et a menacé de punir avec 1000 euros par jour de grève illicite l’ensemble des salariés. La tentative de briser la détermination des grévistes par l’intimidation s’est suivi d’une colère grandissante et d’une réponse immédiate du côté des salariés.

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Pour soutenir les salariés de Toray, apportez à leur caisse de grève !

L’objectif du « plan de la honte » qui cherche à imposer la direction du groupe Toray CFE, premier producteur mondial de fibre de carbone, est simple : produire plus avec moins de personnes pour garder les profits millionnaires du patronat. Concrètement cela devrait se traduire par 42 suppressions d’emploi dont 29 licenciements et une forte surcharge du travail pour ceux qui vont rester. Le tout dans des usines classées SEVESO seuil haut, donc des installations industrielles dangereuses à l’image de Lubrizol où un manque de personnel peut être cause de manque de réactivité en cas de départ d’incendie.

Contre ce plan de de la honte qui met en danger l’emploi et la vie des salariés, des riverains et de l’environnement, le travailleurs de Toray se sont mis en grève le 18 octobre. Celle-ci s’est durcie le 4 novembre quand le mouvement de grève s’est élargi à la majorité des salariés : l’usine de Lacq s’est arrêtée en intégralité (une première depuis sa fondation en 2014) et pour celle d’Abidos une seule des cinq lignes fonctionne. Cette combativité, le « refus de négocier le poids des chaînes » et de se battre pour 0 suppressions d’emploi on fait de cette grève une lutte exemplaire détonnant par rapport au climat de réaction politique, d’offensive patronale et de passivité des directions syndicales.

Chez Toray alors que les salariés ont refusé de se plier aux intérêts du patronat dans les cadres du « dialogue social » [la direction cherche à imposer son « plan de la honte » par l’intimidation et la mise en cause du droit de grève- Toray : les grévistes refusent les licenciements, la direction les assigne au tribunal (revolutionpermanente.fr)]. Ce 19 novembre trois grévistes ont été assignés en référé au tribunal judiciaire et l’ensemble des salariés ont été menacés avec 1000 euros par jour de grève illicite.

Comme nous l’ont témoigné les salariés, la tentative d’intimidation de la direction, loin de briser la combativité des grévistes, a renforcé la détermination des salariés et a même réveillé la colère de certains parmi ceux qui avaient jusqu’là resté à l’écart de la lutte.

La réponse collective et solidaire face à la répression patronale ne s’est pas fait attendre. Le 20 novembre une centaine de salariés se sont rassemblés et réunis en assemblée générale devant le siège social de Toray CFE pour exiger « le retrait de l’acharnement judiciaire contre les militants syndicaux, l’abandon des suppressions d’emplois et le respect du droit de grève. ». Comme ils nous l’expliquaient, « les intimidations de la direction ne nous feront pas reculer ».

100 salariés se sont rassemblé sur l'appel de la CGT en assemblée générale devant le siège social de TORAY à 14h, pour...

Publiée par CGT TORAY CFE sur Vendredi 20 novembre 2020

En effet dans un communiqué de presse où la CGT Toray se faisait écho des discussions, du ressenti et des revendications portés par les grévistes, le ton était toujours combatif et intransigeant sur les droits et les conditions de vie et de travail des salariés : « Alors que nous subissons un plan antisocial visant à mettre au chômage certains d’entre nous, la direction préfère déférer des syndicalistes pour fait de grève. Nous prenons cela comme une attente à un droit constitutionnelle, en l’occurrence le droit de grève qui est ici bafoué par Toray. Elle tente d’écraser l’action collective et légitime des salariés en danger. »

« Alors que le nombre de destructions d’emplois s’amplifie de manière gargantuesque, Toray CFE tente d’intimider les salariés en grève qui cherchent simplement à maintenir leur emploi, leur dignité et leurs conditions de travail alors qu’ils sont écrasés par une crise économique dont ils ne sont aucunement responsables. »

Publiée par CGT TORAY CFE sur Samedi 21 novembre 2020

Lors de la manifestation du 21 novembre à Pau contre la Loi Sécurité Globale, Timothée Esprit, délégué syndicale CGT Toray, a aussi profité pour dénoncer la répression patronale et appeler à la solidarité avec les grévistes :« Aujourd’hui nous menons un combat depuis plus d’un mois avec des grèves massives, et la réponse de la direction c’est de nous envoyer au tribunal. Ils nous imposent des conditions de travail délétères, ils suppriment des postes, ils envoyant des gens au chômage et les organisations syndicales qui défendent ces salariés ils les foutent au tribunal. C’est une attaque sans précédents du droit au syndicalisme en France. […] Ils veulent mettre des amandes de 1000 euros par jour et par gréviste ! C’est ça que l’avocat il demande, c’est honteux ! C’est inacceptable ! […] On a aujourd’hui des ouvriers qui sont en grève dure. […] On exige 0 licenciements, respect des conditions de travail. On travaille dans une entreprise classe SEVESO seuil haut. On ne veut pas un nouveau Lubrizol sur le bassin de Lacq on veut se battre et garder nos conditions de travail. […] On a besoin d’aide financière, on a besoin de soutien politique, on a besoin que tout le monde se mobilise à cote de nous parce que on peut pas faire face à un patron d’une multinationale chimique, on peut pas faire face au confinement, on peut pas faire face à un juge juste nous, on a besoin de vous tous ! »

La solidarité n’a pas manqué au rendez-vous. Depuis ce week-end, des nombreuses preuves de soutiennent viennent de la jeunesse, du reste de salariés de l’aéronautique des profs ou encore de plusieurs organisation syndicales et politiques. Cette force de l’extérieur et l’appui financier à la caisse de grève ce sont des ingrédients nécessaires pour conduire à l’échec la répression patronale et poursuivre et renforcer la lutte.

Comme l’ont montré les salariés d’ONET-SNCF Paris de 2017, leur détermination pour aller jusqu’au but tous ensemble et collectivement et le soutien qu’ils ont reçu de l’extérieur, leur ont permis de faire plier le groupe sur toutes leurs revendications et d’obtenir une victoire judiciaire contre la SCNF, qui a été condamnée à payer les 9 salariés assignés en justice au début de la grève

Dans le contexte réactionnaire où le gouvernement essaye de faire passer tout un tas de mesures liberticides, soutenir les grévistes face à la répression patronale est d’une importance cruciale pour relever la tête dans les entreprises et dans la rue. Si la lutte exemplaire des Toray est déjà aujourd’hui une bouffe de combativité pour l’ensemble de travailleurs, sa victoire sur les suppressions d’emploi pourrait changer la dynamique du mouvement ouvrier et du mouvement social.

 
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