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La Izquierda Diario
25 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Répression sur les réfugiés
Racisme d’Etat et hypocrisie de Darmanin : le préfet Lallement mène la chasse aux réfugiés à Paris
Mica Torres

Ce Lundi, l’évacuation d’une extrême violence du camp de migrants sur la place de la République, filmée par des soutiens, a donné lieu à une feinte offuscation de la part du ministre de l’Intérieur. C’est pourtant bel et bien le résultat des politiques racistes et répressives dont le gouvernement Macron est à l’initiative.

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Crédits photo : Greg Ozan / AFP

Lundi soir, un campement de migrants a été brutalement démantelé par la police place de la République. Des vidéos montrent la violence extrême dont a fait preuve la police contre les personnes migrantes installées, les soutiens, ainsi que les journalistes présents pour couvrir l’opération. Elle a été ordonnée par le préfet Lallement en pleine trêve hivernale. Des centaines de personnes ont été sorties de leur tente dans la plus grande inhumanité et laissées dans le froid avant d’être poursuivies avec pour objectif de les pousser hors de la ville. Les coups de matraques et gazages ont été méthodiquement utilisés pour tenter de séparer les personnes expulsées et leurs soutiens, nassés par petits groupes. 

Gérald Darmanin, relai hypocrite d’un gouvernement criminel

Derrière la brutalité des forces de l’ordre se cache l’hypocrisie du gouvernement et notamment de Gérald Darmanin, faisant mine de découvrir la situation. Il a déclaré dans un tweet hier matin : « Certaines images de la dispersion du campement illicite de migrants place de la République sont choquantes. Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au Préfet de police d’ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception. »

Il a déclaré saisir l’IGPN après que le préfet de police lui ait remis le rapport sur lequel figureraient « plusieurs faits inacceptables ». Les deux hommes font preuve d’un cynisme et d’une hypocrisie sans nom en voulant faire croire que l’inacceptable de la situation relève de faits isolés, alors que c’est bien la politique de Darmanin, le rôle de Lallement et la politique de plus en plus répressive du gouvernement, ciblant les personnes étrangères ou assimilées comme telles pour en faire un ennemi intérieur à combattre, qui ont conduit à cette brutalité. 

En effet, Macron, en ce mois de novembre a tenu un sommet contre le terrorisme qui avait pour but de faire des migrants et demandeurs d’asile les bouc-émissaires du terrorisme en Europe et donc de s’attaquer à ce droit fondamental, tout en renforçant la répression et les contrôles de ces personnes comptant parmi les plus vulnérables.

La violence de la police, pierre angulaire de la politique d’expulsion en France

Il ne s’agit en aucun cas d’un accident de la politique migratoire française mais bien de la politique migratoire elle-même ; nous pourrions citer un nombre incalculables d’actes de la sorte. Le 17 novembre, 2000 migrants ont été expulsés d’un campement à St Denis. En septembre, suite à un entretien avec Gérald Darmanin, le préfet du nord avait décidé d’interdire à toute association non mandatée par l’Etat la distribution de nourriture aux migrants. Le 10 juillet, 2 jours avant la visite de Darmanin à Calais, 800 réfugiés et migrants avaient été expulsés violemment de leur lieux de vie, détruits par la police. Leurs affaires, tentes, sacs de couchage, couvertures, bois avait été mis hors d’usage pour rendre plus difficile leur réinstallation. Depuis les attentats de Nice, le chef de l’Etat a déclaré répondre à la menace terroriste par un renforcement de la politique des frontières matérialisé par le dédoublement des policiers, gendarmes et militaires présents aux frontières françaises. Alors que l’Etat français contribue à produire la situation de ces personnes qui sont contraintes de vivre le pire pour tenter de trouver un refuge, il cherche à invisibiliser leur situation en les reléguant loin des centres villes. 

Les conséquences d’une politique migratoire toujours plus ignoble

Ces opérations de police sont la conséquence directe de la politique de non-accueil et surtout d’expulsion qui ne date pas d’hier. Des politiques qui datent déjà d’avant le quinquennat et ferment toujours un peu plus les frontières de l’Europe. La Loi Collomb, en 2018, avait renforcé cette tendance, avec la possibilité de délivrer une OQTF (obligation de quitter le territoire français), dès le rejet en première instance des demandes d’asile des ressortissants, la systématisation des mesures de bannissement et la multiplication des mesures de surveillance à l’égard des personnes étrangères, le fichage des mineurs isolés, l’allongement de la durée de rétention administrative de jusqu’à 3 mois, sans parler de la limitations des aides pour les personnes en situation irrégulière, mais également en procédure de demande d’asile . Cette politique de fermeture des frontières se renforce avec une rhétorique d’extrême droite, affirmant que les migrants irréguliers représenteraient une menace terroriste pour la France ou qu’il viendraient faire du "tourisme médical", pour tenter de justifier la limitation de l’Aide Médicale d’Etat prétexte pour restreindre ce droit fondamental

Il faut également rappeler que la politique d’expulsion se matérialise par l’existence de centres de rétention administrative, de véritables prisons pour sans-papiers, des zones de non-droits aux conditions de vie effroyables et marquées par des violences policières systémiques. La construction de trois nouveaux centres est annoncée en 2020, à Lyon, Bordeaux et Olivet.

C’est également l’Etat qui organise la précarité de ces personnes en n’assurant aucune mesure de logement digne de ce nom et en s’abattant sur les initiatives solidaires qui tentent de pallier ces manques. Cela se matérialise par les nombreuses expulsions de squats comme à Dijon, à Lyon, à Bordeaux, à Marseille etc. Ces expulsions s’accompagnent, pour les personnes qui ne sont pas emmenées en CRA (centres de rétention administrative), de solutions temporaires insuffisantes, voire parfaitement indignes, telles que l’ouverture de gymnases

Comble de l’ironie, Darmanin fait mine de s’offusquer des violences policières démontrées sur des vidéos enregistrées par les journalistes sur place, en plein débat sur la loi de sécurité globale visant à réduire drastiquement la possibilité de filmer les forces de l’ordre.

Pour un accueil inconditionnel et digne

Personne ne pourra croire à cette mascarade. En revanche, pour faire face à la situation, il ne faut pas simplement réclamer des solutions temporaires pour accueillir les personnes, ou encore l’augmentation des quotas mais un accueil, un accès au logement, la régularisation de tous et toutes inconditionnellement. A Paris, 113 000 logements sont vides aujourd’hui, alors non Emmanuelle Wargon ne met pas tout en œuvre pour résoudre la situation et elle n’en a pas l’intention.

 
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