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La Izquierda Diario
25 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Casse de l’emploi
Total : 700 suppressions de postes déguisées en plan de départ volontaire
Arthur Nicola

La casse de l’emploi continue chez Total. Après les plans des raffineries de Donges et Grandpuits, Total a annoncé vouloir lancer un large plan de restructuration, via un plan de départ volontaire, qui supprimerait 700 emplois.

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« Les PSE se suivent et se ressemblent, et si la technique de P. Pouyané est différente, ça reste sur le fond des plans de suppressions d’emplois » : voilà comment résume la situation Thierry Defresne, délégué syndical central CGT Total Raffinage Pétrochimie. En effet, le 23 novembre, le groupe Total a annoncé vouloir lancer un plan de départ volontaire (PDV) pour pouvoir renouveler et rajeunir ses effectifs. Une stratégie qui, au passage, va permettre de supprimer près d’un emploi sur deux pour les postes concernés. Car si dans certaines branches de l’entreprise les emplois seront remplacés, dans les sièges, ce ne sera pas le cas, permettant ainsi de nouvelles suppressions de postes.

A l’origine de ce PDV, la nécessité pour le groupe Total de renouveler ses effectifs. En effet, après plusieurs années de gel des embauches, la masse salariale est vieillissante, rendant difficile les transferts de compétence en interne. En 2015 et 2018, aucun départ n’avait ainsi été remplacé, et la réouverture des embauches en 2019 était loin de rattraper la perte. Finalement, avec la crise sanitaire, la politique de gel des embauches a repris pour 2020. Faute d’embauches, la situation devient ubuesque dans certaines branches : selon Thierry Defresne, sur le site de raffinage normand, à peine quatre salariés ont moins de 25 ans ! « Une entreprise qui vit comme cela c’est une entreprise qui meurt » résume le syndicaliste. Une situation qui oblige l’entreprise à réembaucher pour renouveler son effectif : « le but de ce plan, c’est de faire rentrer des jeunes sans augmenter la masse salariale » finit Thierry Defresne.

D’où l’idée d’un plan de départ volontaire, avec comme principe que les salariés à la technique et en recherche et développement seraient remplacés, mais pas ceux des sièges sociaux. Selon la CGT, sur les 14 000 salariés français du groupe, près de 1400 salariés seraient susceptibles d’accepter ce plan. Une estimation faite sur la base de la pyramide des âges dans l’entreprise, et sur le précédent plan de départ volontaire, lors duquel 80% des personnes qui en avaient la possibilité étaient parties. Mais voilà : « quand on fait les calculs, on estime qu’il y aurait 700 départs dans les sièges, qui ne seraient pas remplacés, et 700 dans les sites qui le seraient ». 700 départs qui correspondent par ailleurs aux velléités de suppressions de postes de Patrice Pouyané, le PDG : « Pouyané n’arrête pas de dire qu’il y a trop de salariés dans les sièges, et qu’il faudrait en supprimer 10%. Or, 10%, ça correspond exactement à nos estimations de 700 personnes » explique Thierry Defresne. Si le syndicaliste confie comprendre l’envie, en pleine crise du Covid, des salariés à l’approche de la retraite de vouloir partir, pour lui, un tel plan est inacceptable si les départs ne sont pas remplacés à 100%. D’autant que ces départs signifieront pour les salariés restants une hausse importante de la charge de travail.

Une fois de plus, Total continue de saigner à blanc ses effectifs en France, en licenciant à tour de bras. Après les annonces d’arrêt des activités de raffinage à Grandpuits, près de Paris, qui entrainerait 200 suppressions de postes et 500 autres chez les sous-traitants ; après l’annonce de la volonté de Total de céder son site de Carling en Moselle, où 370 emplois sont menacés, ce sont maintenant 700 emplois qui vont être supprimés rapidement. En réalité, alors que les chiffres de l’entreprise commencent à remonter, l’entreprise cherche à profiter de la crise pour licencier : «  ils veulent avancer au plus vite avant de faire des profits. Total est en train de repartir à la hausse, donc ils veulent licencier avant  » nous explique Adrien Cornet, délégué syndical CGT à la raffinerie de Grandpuits. «  C’est un massacre au niveau de l’emploi : c’est la démonstration que Total saisit l’opportunité du Covid pour garantir leurs profits, quitte à emprunter de l’argent pour payer les dividendes versés aux actionnaires plutôt que d’investir dans un outil industriel pour penser la transition écologique  »

Cette politique est d’autant plus révoltante qu’elle se déroule alors que Total continue d’engraisser ses actionnaires. Alors que le Covid a fait baisser les bénéfices de l’entreprise, Patrick Pouyané a promis aux actionnaires de ne pas baisser les dividendes. C’est donc 7 milliards d’euros qui devront être versés cette année, même si les bénéfices devraient se situer entre 4 et 5 milliards. La major pétrolière va donc emprunter des milliards d’euros pour continuer à payer ses actionnaires, quitte à faire augmenter l’endettement de l’entreprise de 4%. Une situation qui énerve les travailleurs. Alors que le site de Grandpuits est menacé au prétexte que les investissements nécessaires à sa survie, autour de 500 millions d’euros, sont trop importants, Adrien Cornet est amer : « les travailleurs risquent leurs vies avec des outils de travails dangereux ou la maintenance n’est pas faite parce que Total préfère garantir ses profits et les dividendes aux actionnaires ».

 
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