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La Izquierda Diario
26 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Crise économique
Annonces de Castex et Borne : un plan dérisoire pour les plus précaires
Alexandre Mongis

Alors que la seconde vague a conduit à des mesures arbitraires aux conséquences lourdes pour les plus précaires, le gouvernement dévoile un plan censé les aider mais qui n’est qu’une succession de mesures quasi-cosmétiques largement insuffisantes pour la majorité des travailleur-ses. Face à ces annonces, nous avons besoin d’un plan d’urgence contre la précarité.

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Après les annonces très floues de Macron annonçant des reprises d’activité très partielles, et toujours aussi arbitraires (notamment concernant les fermeture des universités), les précisions économiques, pour les plus précaires frappés de plein fouet par la crise, se faisaient grandement attendre. Ce matin, Jean Castex, suivi d’Elisabeth Borne, ont vanté des plans d’”aides exceptionnelles, tout autant déconnectés que le reste de leur politique, le gouvernement n’apportant aucune solution aux plus précaires, ne faisant qu’enfoncer un peu plus les travailleurs les plus fragiles. « Il s’agit d’une réponse exceptionnelle pour les 400 000 extras de la restauration, […] les intermittents de l’événementiel ou d’autres secteurs inscrits à Pôle emploi », a pourtant déclaré Jean Castex.

L’effet d’annonce de 300 000 aides d’exception (100 000 de moins que le premier ministre a rectifié Elisabeth Borne) de novembre à février, dont 70 000 concerneraient les jeunes, est en vérité très en dessous des 800 000 suppressions d’emploi que prévoyait la banque de France pour 2020. Alors même qu’après la récession de 2008, le chômage bondissait de 3,1% parmi la jeunesse, et faisait passer de 28% à 38% la part de contrats précaires de cette même catégorie, l’explosion de la crise du Covid ne fait que démultiplier le phénomène. Ainsi, il faut noter que les emplois créés dans le plan 1 jeune 1 solution, que Castex a porté à 200 000 concernés, sont des contrats précaires, comme ceux promis par le plan jeune de l’été dernier pour lesquels les patrons sont subventionnés. Ou encore le développement des emplois francs pour les quartiers populaires avec des indemnités pour les patrons pouvant aller de 8 000 pour un CDD à 17 000€ pour un CDI qui s’inscrivent dans la même logique.

En d’autres termes, le grand patronat, qui a licencié des milliers de travailleurs et porte la responsabilité de centaines de milliers d’emplois induits supprimés, tire profit de cette pression à l’embauche et de la précarité pour employer dans des conditions d’exploitation toujours plus dégradées... le tout financé par l’Etat à son service.

Ici, les aides annoncées répondent à la même logique pro patronale. Non seulement elles sont très loin de répondre à la réalité des besoins, mais en outre, elles s’inscrivent dans une stratégie de division des travailleurs précaires. En effet, les 900 € censés concerner ceux que Macron disait vivre “en alternant période de précariat. Visant les intermittents ainsi que les CDD ou les intérimaires, l’aide ne sera en réalité octroyée qu’à ceux qui auront déjà eu l’opportunité de travailler 60% de leur temps dû en 2019. Pour quiconque connaît la réalité du terrain et celle de la crise rampante depuis 2008, il est évident que cette mesure va laisser sur le carreau un grand nombre de travailleurs de ces secteurs saisonniers, culturels, ou tout simplement recourant à des contrats précaires dont le travail ne permet souvent pas d’atteindre la durée requise. Sans compter les centaines de milliers de travailleurs, dont beaucoup de jeunes, obligés de travailler sans être déclarés pour survivre. Mais il s’agit aussi d’une stratégie de division des différents travailleurs du précariat pour éviter l’union de leur contestation contre ce gouvernement. L’objectif est d’endiguer un agenda de lutte unifié à la base, et porté par les plus précaires, les travailleurs et la jeunesse, précarisés et licenciés en masse. Mais la ficelle est trop grosse et les mesures trop minces pour passer comme une lettre à la poste.

Le gouvernement invite donc les concerné-es par les situations de détresse économique à se rapprocher des organismes tels que Pôle-Emploi ou l’Apec pour demander cette aide, ou bien celle de 500 € destinée à accompagner ceux qui sont en recherche d’emploi, ou stagiaires. Là encore, cette aide profite d’abord au patronat qui exploite les jeunes en formations à coût 0.

Parmi les jeunes travailleurs précaires, on trouve une proportion importante d’étudiants (dont 1 sur 2 est obligé de travailler pour étudier). Alors qu’ils sont déjà très précaires, la baisse des bourses et l’instabilité de l’emploi en période de confinement ainsi que leur rôle de variable d’ajustement sur le marché du travail contraignent nombre d’entre eux à interrompre leurs études. Ils peuvent être surchargés dans les secteurs essentiels, ou bien perdre toute forme de revenu, ou encore ne pas pouvoir assurer la continuité pédagogique dans les conditions matérielles insalubres que leur impose leur situation économique. Jean Castex a donc eu spécifiquement à leur égard une petite attention méprisante. Pour ces “étudiants décrocheurs”, a dit le premier ministre, 20 000 emplois étudiants seront créés. Mais on sait bien que ce seront à nouveau des jobs précaires, qui continueront à rendre difficile la poursuite de leurs études, et qui favoriseront donc toujours la sélection sociale des étudiants. Tous les étudiants doivent se voir allouer les moyens nécessaires pour vivre et étudier dans de dignes conditions, sans devoir se brader sur le marché du travail au détriment de leurs parcours.

Nous ne voulons pas d’un plan 1 jeune 1 précaire que promet Matignon, qui prévoit des aides minimales, pour une très faible proportion des personnes concernées, qui développe des postes aux contrats précaires et qui profite à ceux qui exploitent et licencient à tour de bras.

Capitalistes responsables, à eux de payer !

L’absurdité décomplexée du gouvernement est donc de combattre la précarité par une plus grande précarité. Drôle de stratégie mais qui assure les intérêts des capitalistes. Le chômage et les conditions de survie très limitées ne sont pas nouveaux, et ce n’est pas en créant une plateforme obsolète de simple recensement que le gouvernement va aider les jeunes à trouver du travail. D’autant que cet affichage, partout répété, d’un pseudo combat contre la pauvreté grâce à la relance de l’activité, et donc par le travail, ne coïncide pas avec un gouvernement qui promet au patronat APC et licenciements d’aubaine en masse. Alors qu’il va jusqu’à éponger les dettes d’un patron comme le millionnaire de la chaîne Orchestra en train de licencier 1 000 personnes, ce gouvernement ne trouve toujours pas les moyens nécessaires aux services publics, pour assurer des jours dignes aux plus précaires. Dun côté, plus de 500 milliards offerts aux patrons ainsi qu’une floppée d’exonérations et d’effacements de dettes, et de l’autre, quelque 56 millions octroyés à ce plan dérisoire pour la jeunesse, un contraste saisissant...

Le véritable problème est la casse de l’emploi imposée par les capitalistes et leur logique concurrentielle qui, en période de crise, dégrade toujours plus les conditions d’embauche et de travail. En effet, les délocalisations et licenciements pour assurer un taux de profit aux actionnaires dans les secteurs dont l’activité est fortement touchée devraient être interdits, comme l’exige le combat qu’ont mené les raffineurs de Grandpuits ou que mènent les travailleurs de Toray aujourd’hui même. En ce sens, la responsabilité de notre camp social, à rebours de la politique conciliatrice des direction syndicales qui accompagnent, sur le plan sanitaire comme sur celui de l’emploi, les stratégies criminelles des patrons et de leur gouvernement, est d’imposer le partage du temps de travail entre toutes les forces disponibles, à salaires dignes, payés par les capitalistes.

Car de nouvelles catastrophes sont à venir concernant l’activité partielle. Si Elisabeth Borne garde le flou sur les mesures concernant les indemnités de chômage partiel pour ceux dont l’activité ne redémarre pas malgré la levée des fermetures administratives, celles-ci ne présagent rien de bon. Inquiet de réduire la voilure, le gouvernement entend sûrement, baisser ces plans de sauvetages le plus tôt possible laissant ainsi les travailleurs subir licenciements et faillites.

Alors que la majorité de la population essuie les conséquences sanitaires de la seconde vague et de sa gestion criminelle, nous devons imposer un plan à la hauteur en investissant dans une stratégie cohérente et sanitaire, ainsi que des mesures pour cesser de faire les frais d’une crise économique qui n’est pas la nôtre :

  •  une aide d’urgence à la hauteur du smic pour tous les travailleurs des secteurs les plus touchés par la crise - pour certains carrément à l’arrêt (saisonniers, intermittents, intérimaires...)
  •  un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes pour que les capitalistes paient les conséquences de leur crise,
  •  l’interdiction des licenciements et le partage du temps de travail à salaires dignes.
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