http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
2 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Aéronautique
Deuxième jour de grève chez Cauquil : les salariés appellent à la solidarité pour poursuivre la lutte !
Pepe Balanyà

Ce 1er décembre, deuxième jour de grève des salariés de Cauquil, la lutte est montée d’un cran. Contre le plan de suppressions d’emplois que cherche à imposer unilatéralement la direction, les grévistes se sont rassemblés devant l’usine et ont freiné l’arrivée des livraisons. Bien que le patron ait accepté pour la première fois de recevoir une délégation du personnel, ça n’a été que pour faire une énième démonstration de mépris vis-à-vis des salariés.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Deuxieme-jour-de-greve-chez-Cauquil-Les-salaries-appellent-a-la-solidarite-pour-poursuivre-la-lutte

Pour soutenir les salariés de Cauquil, donnez à leur caisse de grève !

Tel qu’on le rappelait dans un précédent article, le 5 octobre, le groupe BT2I qui regroupe plusieurs sous-traitants de l’aéronautique (MAP, Cauquil, Simair et Caromar) annonçait la fermeture des sites de Caromar et Simair-Colomiers ainsi que des plans sociaux chez Cauquil, Simair Rochefort et la MAP. La direction de Cauquil avait annoncé un "PSE" (Plan de sauvegarde de l’emploi) qui se traduisait par 33 licenciements sur les 74 salariés de l’entreprise.

Depuis l’annonce, et profitant de l’absence de syndicat dans l’entreprise, le patron a imposé unilatéralement les conditions du PSE et entretenu pendant deux mois les salariés dans des discussions sur le montant des indemnités supra-légales, ce que les salariés, avec le recul, voient comme une perte de temps. En effet comme ils en témoignent, « pendant ces deux mois, on aurait pu profiter ce temps pour s’organiser ».

Malgré cela, une fois que le patron a décidé de réduire le montant promis des indemnités supra légales, les salariés ont réagi avec force. Le fait que le patron ait réduit les indemnités supra-légales déjà baissées pour compenser les indemnités de formation que la direction du travail considérait largement insuffisantes a mis le feu aux poudres. Face à cela, des salariés se sont mis en contact avec la CGT, ont mis en place une section syndicale et ont appelé à un rassemblement devant le site ce 30 novembre pour forcer la direction à ouvrir une vraie discussion. Dans l’assemblée qui s’est tenue ce jour-là, les salariés ont décidé de revendiquer une augmentation de 300 euros des indemnités supra-légales, une expertise comptable du groupe BT2I et la reconduction de la grève tant que le patron refusera de les recevoir.

Ce 1er décembre, alors que la direction n’avait répondu que par le silence et la stratégie du pourrissement, les salariés se sont rassemblés à nouveau devant le site à partir de 7heures. La première journée de mobilisation a payé : lors de cette deuxième journée de grève, certains salariés ont débrayé quelques heures et d’autres ont fait grève toute la journée. Seuls quatre salariés ont travaillé. Et cela malgré la pression du patron qui avait menacé les salariés de ne pas les laisser rentrer après le débrayage.

 
Bien que le patron ne puisse pas légalement empêcher de reprendre le travail aux salariés qui débrayent, ces pressions jouent certainement contre l’élargissement de la grève, notamment dans une usine où la parole du patron était restée jusqu’à récemment incontestée et où la violence du plan social ajouté aux difficultés financières peut amener une partie des salariés à ne se projeter que dans le court terme : ne pas perdre du salaire dans la semaine. En effet le patron exerce de la pression morale avec les menaces, mais aussi une pression matérielle avec les salaires. Tel que le témoignait un des salariés qui a rejoint la grève ce 1er décembre, « la pression financière est très forte. Avec le chômage partiel centaines d’entre nous perdent déjà 350 euros par mois. Un jour de grève peut peser beaucoup à la fin du mois ». Pour répondre à cette difficulté, pour pouvoir tenir dans la durée et entrainer les collègues qui hésitent encore notamment à cause de ces pressions financières, les salariés ont décidé de lancer une caisse de grève. En effet, quand la direction joue au pourrissement, l’argent devient le nerf de la guerre.

L’ambiance du rassemblement a été cependant très combative et les grévistes ont réussi pour la première fois à faire reculer le patron. « Si rien ne tourne, on est plus forts. Il sera obligé de nous écouter ». Sous cette devise, les salariés ont renforcé l’impact de la grève en faisant des équipes pour freiner l’arrivée des livraisons à l’usine. Bien qu’en partant de presque zéro, sans organisation syndicale, sans expérience de lutte récente dans le site, les salariés ont repris une des traditions de lutte les plus importantes du mouvement ouvrier : les piquets de grève.

En ayant réussi à freiner les arrivées et les sorties de matériel par l’action des piquets, le patron a été obligé d’accepter la première exigence des grévistes : constituer une délégation de trois grévistes pour présenter les revendications au patron, en discuter et le faire sans être accompagnés par des gendarmes. En effet, depuis le premier jour de mobilisation, le patron a décidé de discuter avec les salariés par l’intermédiaire des gendarmes. Même après l’action légitime des piquets visant à freiner les livraisons pour rendre la grève effective, un équipe de nombreux gendarmes est venue insinuer aux salariés que leur action serait illégale. Il s’agirait de dissuader les salariés de continuer à renforcer et développer la voie gagnante.

Pendant que les salariés mettent en place leurs outils de lutte, comme la grève et les piquets, le patron développe les siens : stratégie du pourrissement, appel aux gendarmes, menaces de fermer l’usine par lock out, et tentatives de diviser les salariés. Dans ce dernier but le patron a annoncé qu’il n’accepterait plus de départs volontaires (pour l’instant il n’y en a qu’une dizaine), qu’il mettrait en place le chômage partiel de longue durée (donc perte de primes et de salaire) et qu’il n’excluait n’excluait pas de licencier en août quinze salariés supplémentaires. Mais ces menaces n’ont été qu’une tentative maladroite de responsabiliser les salariés de la casse sociale que le patronat impose pour garder ses bénéfices.

Comme le rappelait Thomas, salarié chez Cauquil, la direction est "dans une stratégie de licencier pour réembaucher moins cher plus tard. On laisse des dizaines de familles sur le carreau".

Bien que la crise dans l’aéronautique existe, tout salarié à qui l’on demande de sacrifier sa vie et celle de sa famille au nom du profit de son patron a le droit de connaître tous les chiffres, et de savoir en détail la situation réelle. C’est pour ça que les grévistes, dans leur bon droit, exigent une expertise comptable de l’ensemble du groupe BT2I. Comme le rappellent les grévistes de Toray CFE, bien que la crise soit réelle, où sont les bénéfices que le groupe a encaissé lors de ces dernières années quand il s’agit de sauver les emplois ?

Face à l’entêtement du patron, les salariés de Cauquil sont déterminés à continuer le combat pour leur avenir. Pour tenir ils auront besoin de notre soutien, d’être côte à côte avec eux sur le piquet, d’apporter à leur caisse de grève et de se coordonner avec le reste des entreprises du groupe tel qu’ils sont déjà en train de faire : des délégués syndicaux de Simair Colomier sont venus aujourd’hui au piquet et des liens avec la MAP, qui est aussi en grève, commencent à se tisser.

Donnez à leur caisse de grève !

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com