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La Izquierda Diario
8 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Témoignage
Récit de GAV. Street-Médics interpellés avant la manif : « Nos casques et masques à gaz ont été saisis »

Venus de Lorraine pour la manifestation du 5 décembre à Paris, des Street-médics racontent comment ils ont été interpellés dès le matin et placés en garde-à-vue dans le même commissariat que Michel Zecler : « L’équipe de nuit nous a réveillés, a mis le chauffage à fond, puis l’a coupé. Un supérieur leur a fait remarquer que le commissariat avait suffisamment mauvaise réputation et qu’ils devaient arrêter leurs conneries ».

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Photo des Street-médics en question, prise sur une manifestation précédente

On est partis à 4 de Meurthe-et-Moselle le vendredi aux alentours de 23h pour arriver à Paris vers 3h du matin. Sur place on a attendu le début du rassemblement devant la préfecture de police. On a discuté avec quelques journalistes avant de se rendre Porte des Lilas où on est arrivé vers midi. Comme d’habitude depuis presque 2 ans, on était équipés de nos « gilets tactiques » remplis de matériel médical, nos casques blancs, nos masques à gaz et nos copies de diplômes de secouristes, ambulancier, etc. Notre tenue a attiré l’attention d’un groupe de CRS qui a procédé à des contrôles, se demandant pourquoi nous avions ce type de matériel. Nous leur avons expliqué que c’était plus simple pour nous d’avoir le matériel à portée de main sur un gilet plutôt que dans un sac et avons présenté pièce d’identité, attestation de sortie pour la manif et copie des diplômes. Ils ne nous ont rien dit concernant le casque et le masque à gaz à cartouches.

« Nous sommes interpellés pour port de masque à gaz, casque... »

10 minutes plus tard, nous allons à 3 prendre un café au McDo et là un autre groupe de policier nous arrête et nous met de côté en attendant leur chef. Leur chef revient et nous dit que nous sommes interpellés pour port de masque à gaz, casque... comme quoi nos tenues prêtent à confusion avec la leur, etc. Nous nous sommes retrouvés à 8 dans le panier à salade sans mesure de distanciation, sans informations sur le lieu où nous allons, rien. Nous en avons profité pour appeler nos proches. Un de nos collègues a prévenu sa femme qui était sur la manifestation de notre interpellation. Elle s’est donc retrouvée seule sur la manif à presque 400km de chez elle.

Une fois arrivés au commissariat du 17eme arrondissement, ils font sortir mes deux homologues du 54 et deux jeunes. Je me retrouve donc avec un autre jeune menotté avec les menottes en tissus (il avait les doigts bleus tellement c’était serré) et deux Street-médics parisiennes. Après 1h30 d’attente dans le panier à salade, le jeune demande à aller aux toilettes. Le policier refuse, il a donc uriné dans la camionnette. On a encore patienté 30 minutes dans le camion avant de rentrer dans le commissariat où nous passions à tour de rôle devant un OPJ qui nous plaçait en garde-à-vue. Les 2 médics parisiennes ont été libérées immédiatement. Nous avons tous demandé à voir un médecin et un avocat. Pour ma part j’ai demandé David Libeskind.

J’ai prévenu ma compagne de ma mise en garde-à-vue et je me suis retrouvé en cellule. Mes amis du 54 étaient également en cellule collective à 4 avec obligation de laisser les masques sur la porte de la cellule. Mon avocat s’est présenté aux alentours de 18-19h pour me voir et a demandé immédiatement mon audition, ce qui a été fait. Le motif de la GAV était « participation à un groupement en vue de commettre des actes de dégradation », faits que je n’ai pas reconnus. On nous a servi du riz immangeable à peine chauffé.

« Un supérieur leur a fait remarquer que le commissariat avait suffisamment mauvaise réputation avec l’affaire Michel Zecler »

Lorsque l’équipe de nuit est venue, ils nous ont réveillés de façon violente en claquant bien les verrous des cellules, et fait une palpation. Puis ils ont mis le chauffage à fond, pour le couper, avant de le remettre. Un supérieur leur a fait remarquer que le commissariat avait suffisamment mauvaise réputation avec l’affaire Michel Zecler, et qu’ils devaient arrêter leurs conneries.

Le médecin s’est présenté vers 2h du matin et a juste pris notre tension, autant dire qu’il n’a rien fait. Le matin on a eu droit aux remarques désobligeantes d’une policière, à savoir : « ouaaaa ça pue les pieds vous avez pas pris de douche » « Putain ça pue dans la cellule », etc.

Après la prise d’empreintes, de photos, d’ADN et l’exploitation de nos téléphones, nous avons appris que la magistrate voulait nous voir au TGI de Paris. Finalement, un de mes collègues et moi-même avons été relâchés avec un rappel à la loi par OPJ avec interdiction de porter un masque à gaz et un casque pendant 6 ans ! Le 3eme d’entre nous a été déféré au TGI et a écopé d’un rappel à la loi et d’une interdiction de venir à Paris pendant 6 mois. Nos casques, masques à gaz et caches-cou ont été saisis pour destruction. Nos gilets tactiques restitués MAIS du matériel et de l’argent ont disparu.

Nous comptons engager des procédures pour le vol commis par les policiers, et une procédure pour pouvoir porter un masque à gaz (nous avons le diplôme d’intervention face aux risques NRBC-Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques).


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