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La Izquierda Diario
14 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Racisme d’Etat
Derrière le « modèle » de la police allemande : racisme d’État et violences policières structurelles
Anne-Isabelle

Certains chercheurs et commentateurs présentent le modèle répressif allemand comme un exemple pour la police française car il y aurait moins de violences policières en Allemagne. Mais en réalité, ils occultent le fait que la police allemande fonctionne bien selon un même schéma raciste et répressif.

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Crédits photo : Picture Alliance / dpa / Paul Zinken

Depuis plus d’une quinzaine d’années, les réfugiés et les populations racisées vivant en Allemagne sont la cible d’une multiplication d’attaques racistes orchestrées par des groupes néonazis. Le gouvernement fédéral allemand a décidé de mettre en place des programmes de prévention et la protection des victimes. Le comité interministériel sur l’extrémisme de droite et le racisme, formé après les attaques racistes de Hanau, a élaboré un catalogue de 89 mesures. Un nouveau pas vers l’hypocrisie quand on sait que l’institution policière de ce même gouvernement entretient des liens étroits avec l’extrême-droite allemande et ses groupes néonazis. De plus, tout comme en France, les violences policières en Allemagne sont bel et bien structurelles et ciblent principalement les personnes racisées, faisant de la police allemande l’agent central du racisme systémique et de la violence d’État.

Le fausse lutte contre le racisme du gouvernement allemand

Pour 2021 à 2024, le gouvernement entend consacrer au total plus d’un milliard d’euros à la lutte contre l’extrémisme de droite et le racisme en sensibilisant la population au racisme. Si la Commission des budgets l’autorise, 50 millions d’euros supplémentaires seront ajoutés au projet. Ce qui, à première vue, peut sembler être une solution, n’est qu’un coup hypocrite du gouvernement et une réponse insuffisante aux mouvements antiracistes de cet année. En effet, le mouvement Black Live Matter s’est imposé en Allemagne par des rassemblements dans de nombreuses villes, d’après Le Monde ce sont 15 000 personnes qui s’étaient réunies à Berlin, 25 000 à Munich, 20 000 à Düsseldorf ou encore 14 000 à Hambourg.

Récemment le gouvernement allemand a dénoncé l’évacuation du camps de migrants à Saint-Denis puis les violences filmées place de la République à Paris. Dans l’importante crise ouverte en France sur les violences policières, on a pu entendre ici et là que le modèle allemand de « désescalade », basé, soi-disant, sur une communication efficace plutôt que sur une confrontation directe, pourrait être un exemple pour la France. Mais en réalité, la violence structurelle émanant de la police est à tous égards également un problème en Allemagne. En effet, l’État allemand entretient un système raciste qui se décline par des discriminations systématiques et des violences policières ciblant centralement les personnes racisées. Les exemples ne manquent pas.

Comme en France, une police allemande fondamentalement raciste et impunie

Comme c’est le cas en France plusieurs affaires mettant en lien la police allemande avec des réseaux d’extrême droite ont éclaté, avec par exemple la découverte de groupes de discussion de la police nationale de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie dans lesquels des contenus racistes et antisémites étaient partagés depuis 2013. Surtout il convient de rappeler le traitement que l’État allemand réserve aux Turcs et aux réfugiés notamment. Le 27 septembre 2016, Hussam Fadl un réfugié irakien de 29 ans fuyant l’Irak avec sa famille, est abattu par des policiers d’une balle dans le dos. Les policiers jouissant de leur impunité n’ont à ce jour pas été inquiétés. A cela s’ajoutent les assassinats et attaques racistes de groupuscules néo-nazis dont la police est souvent complice. Cette année, des dizaines d’attaques de l’extrême droite à Neukölln (Berlin) ont eu lieu et rien n’est fait.

L’émission VoxPop sur Arte expose les alertes données par différentes associations sur les violences policières touchant principalement les migrants et les personnes racisées. Le reportage montre aussi la levée de bouclier qu’a pu causer la dénonciation du racisme entretenu par la police. Ainsi Saski Esken - dirigeante du SPD - après avoir dénoncé le racisme de la police a dû rétropédaler et présenter publiquement ses excuses. Dans le reportage, la chercheuse en criminologie Laila Abdul-Rahim nous apprend également que l’impunité policière est un problème systémique en Allemagne. En moyenne, seul 0,2 % des plaintes prises en charge contre des policiers aboutissent à des condamnations.

Ça n’est donc pas une commission composée des personnes qui entretiennent le système raciste en Allemagne qui va changer quoi que ce soit. Il ne s’agit ici que d’un coup de communication. Des dirigeants tels qu’Angela Merkel, le ministre fédéral de l’Intérieur Horst Seehofer ou encore le ministre fédéral des Finances Olaf Scholz, ont des intérêts qui sont loin d’être les mêmes que ceux des personnes racisées victimes de ce système. Sur le papier, le travail effectué par le Comité est basé sur quatre objectifs principaux : sensibilisation au racisme, développement et renforcement de la prévention de l’extrémisme de droite, renforcement au soutien des personnes concernées, reconnaissance et valorisation d’une société plurielle.

L’une des mesures de cette commission consiste à enquêter sur la vie quotidienne de la police afin de déterminer la violence à laquelle sont exposés les policiers. Cette mesure montre à quel point le projet de cette commission est illusoire. On demande aux policiers de témoigner de la violence qu’ils subissent pour répondre aux violences qu’ils commettent dans le cadre de leur fonction… En réalité, cela montre bien que le ministre de l’Intérieur représente les intérêts de la classe capitaliste, dont l’institution policière est le principal pilier. Un pilier qu’il convient de préserver dans une période de crise comme celle que traverse une bonne partie des États à travers le monde. De plus, le fait que l’extrême droite soit tolérée au sein de la police n’est pas une coïncidence, mais le résultat du rôle social de la police. En particulier en période de crise comme celle que nous traversons. La présence de l’extrême droite dans la police ne fait que démontrer le caractère intrinsèquement raciste de l’État en Allemagne comme France.

En Allemagne comme en France, il est urgent d’imposer un organe indépendant organisé par les familles de victimes de violences policières afin de mettre la lumière sur tous les crimes racistes perpétrés par la police. Seules les mobilisations indépendantes des opprimés et des exploités qui subissent en première ligne ces violences pourront y parvenir. Les organisations du mouvement ouvrier également doivent se joindre à ce combat car, comme on le voit en France, les luttes des travailleurs ne sont pas épargnées par les violences policières. Toutefois, pour pouvoir défendre efficacement cette cause, les syndicats eux-mêmes ne doivent pas entretenir de liens avec l’appareil répressif de l’État. Il est donc indispensable que les fédérations de syndicats excluent les syndicats de polices de leurs rangs.

 
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