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La Izquierda Diario
17 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Précarité étudiante
Université de Paris. La BU n’a pas payé les moniteurs étudiants pour les jours de fermeture dus au confinement
Tatiana Magnani

La présidence de l’université de Paris multiplie les communiqués et les posts autour de la santé mentale et du bien être étudiant, mais qu’en est-il des conditions de travail des étudiants ? Les étudiants de l’université de Paris qui travaillent à la bibliothèque des Grands Moulins font les frais des contrats précaires et du non-paiement des jours de fermeture dus au confinement.

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Une colère gronde chez les étudiants travailleurs au sein de l’Université de Paris. Le ressenti d’injustice face aux conditions des jobs étudiants est partagé chez les moniteurs étudiants, qui assurent des tâches comme l’accueil en bibliothèque, la gestion des prêts et des retours et le rangement des livres, le tout dans des conditions très précaires. Nous avons rencontré sur le piquet de grève de la Bibliothèque de Sainte-Barbe Charlotte* une monitrice étudiante qui travaille aux Grands Moulins -la bibliothèque universitaire de l’Université de Paris- venue leur apporter son soutien. Sur le piquet, elle reconnaît sa situation dans celle dépeinte par les grévistes. Dans ce secteur très précaire, les employés étudiants sont devenus indispensables au bon fonctionnement de certains services de l’université, et les moniteurs étudiants sont amenés à combler les trous dans les plannings, au détriment de leur propre emploi du temps, face au manque cruel d’effectifs. 

Durant le deuxième confinement, la bibliothèque a été fermée pendant un temps. Temps durant lequel les moniteurs étudiants n’ont pas été payés. Un manque à gagner important pour ceux qui ont parfois du mal à finir les fins de mois, et qui voient régulièrement leurs salaires arriver avec du retard. En cas de fermeture exceptionnelle de la bibliothèque, pour compléter la fin de mois, certains employés de la Bibliothèque des Grands Moulins se voient obligés de rattraper leurs heures. Et cette année, avec la crise sanitaire et le retour du confinement, un flou plane autour des contrats et de la garantie d’heures (et donc sur la garantie de paies complètes).

« C’est vendu comme un contrat étudiant fait pour les étudiants, mais finalement tu peux pas le réaliser en tant qu’étudiant, t’es toujours obligé de rattraper des heures et en plus contre ton emploi de temps étudiant », nous raconte Charlotte. En plus de devoir rattraper les heures de fermeture exceptionnelle de la bibliothèque pendant la période de confinement pour garder l’entièreté de leur salaire, certains se retrouvent à devoir travailler environ 30h par semaine en pleine période d’examens et à visionner les cours depuis le local de leur travail. Une réalité qui contraste durement avec leur contrat de travail selon lequel « l’étudiant bénéficiaire de son contrat poursuit ses études et exerce les activités prévues », les modalités d’exercice étant soi-disant « organisées et aménagées en fonction des études ».

Souvent présentés comme une mission sociale, une aide aux étudiants précaires pour qu’ils puissent poursuivre sereinement leurs études, la réalité des contrats étudiants, créés en 2007 dans le cadre de la réforme LRU, est tout autre. Anciennement destinés aux doctorants, les emplois de moniteur et de tuteur documentaire disparaissent pour donner la place à des contrats étudiants. Ceux-ci relèvent du même régime d’emploi mais sans les revalorisations de salaires qui étaient dues pour l’accueil du public, les congés payés, les panier repas etc.

« On retrouve les mêmes conditions de travail au service handicap », raconte une collègue qui a déjà travaillé pour l’accompagnement pédagogique des étudiants en situation de handicap. Si elle raconte que le travail était assez riche humainement, il était en revanche précaire : « il n’y avait pas de mensualisation, tu savais même pas quand t’aurais une fiche de paie, c’était très précaire comme job étudiant », ce qui l’a d’ailleurs amenée à démissionner. Des cas qui ne sont pas anodins et montrent comment les étudiants employés assurent aux côtés des permanents le bon fonctionnement de l’université, mais pour des salaires dérisoires et de mauvaises conditions de travail. 

La présidence de l’université de Paris multiplie les communiqués et les posts autour de la santé mentale et du bien être étudiant. L’hypocrisie de celle qui prétend ne pas vouloir « ajouter une crise étudiante à la crise sanitaire » est mise à nue par ces témoignages sur la réalité de la précarisation que réservent le gouvernement et les universités à la jeunesse et aux étudiants travailleurs. Depuis le début de la pandémie, aucun moyen n’a été alloué aux universités, et l’absence d’un plan sanitaire à la hauteur de la situation se fait ressentir.

Le ressenti général en dit long sur la précarité grandissante dans la jeunesse et l’incompatibilité entre la poursuite des études et le travail, avec l’importante sélection sociale qui va s’opérer dans l’actuel contexte de pandémie et de crise économique mondiale. « On préfère aller au Mcdo ou à Monop quitte à avoir un job de merde », disaient certains, à bout, pensant à démissionner et à se retrouver un job à temps plein pour pouvoir boucler la fin du mois. 

Mais les diverses luttes dans la jeunesse travailleuse qui ont éclaté dernièrement, soit chez les AED , les moniteurs étudiants de la Bibliothèque Sainte-Barbe ou les vacataires de la BPI, montrent une vraie volonté de relever la tête et de ne pas se laisser imposer de telles conditions de travail et de vie. Dans des secteurs aussi précaires, l’organisation des luttes est pourtant rendue difficile par le fort turn-over, et la mise en commun de toutes ces expériences de grèves dans ces secteurs devient donc d’autant plus nécessaire pour cette « génération COVID », bien déterminée à ne pas être une génération sacrifiée. 

 
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