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La Izquierda Diario
19 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Les Nouveaux Robinson : les travailleurs en grève face aux suppressions d’emplois et au gel des salaires
Konstantin Militch

En région parisienne, les salariés des Nouveaux Robinson, entreprise de supermarchés de produits biologiques, ont entamé vendredi 11 décembre un mouvement de grève contre les suppressions d’emplois, le gel des salaires et le rétropédalage de la direction concernant l’instauration d’une prime équivalente à un 13ème mois. Malgré la pression qu’exercent les patrons sur les grévistes, ces derniers entendent bien se battre pour défendre leur outil de travail.

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Une « coopérative » qui n’en est pas à son premier conflit social

Dans son tout nouveau spot publicitaire, Les Nouveaux Robinson revendique l’écologie et la coopération. Deux valeurs sur lesquelles l’entreprise de vingt supermarchés fait son fond de commerce depuis plus de vingt-cinq ans. Pourtant, la réalité est tout autre pour les salariés qui ont entamé un nouveau mouvement de grève vendredi 11 décembre. En effet, depuis deux ans, cinquante postes ont été supprimés et la direction essaie par tous les moyens de geler les salaires ce qui avait provoqué une première grève en novembre 2019. Les salariés avaient entre autres bloqué toute livraison du magasin de Montreuil pour obtenir de meilleurs salaires, une prime de fin d’année et la mise en place d’un 13ème mois.

Soutenus par la CGT, syndicat majoritaire dans l’entreprise, les travailleurs avaient obtenu que la direction s’engage à mettre en place une prime indépendante des bénéfices : une première victoire alors que les conditions de travail se dégradent depuis plusieurs années à cause des suppressions d’emplois et des licenciements. La « coopérative » avait notamment été condamnée en 2013 suite au licenciement abusif d’une salariée, accusée d’avoir eu l’intention de consommer « 2 tartelettes périmées depuis la veille ». Un exemple marquant qui montre une fois de plus que la « coopération » revendiquée par ce type d’enseigne n’est qu’illusoire alors qu’une minorité de salariés sont sociétaires et que l’« assemblée générale » des employés n’a lieu que tous les deux ans.

Une direction déterminée à faire payer la crise aux salariés

Lors de la dernière négociation salariale, Christelle Pohardy, présidente du directoire, a annoncé ne pas tenir son engagement sur l’acquis de la grève de novembre 2019 concernant la prime et a refusé de revaloriser les salaires mensuels en déclarant : « je n’ai pas investi, il y a des choses que j’ai mal faites ou pas faites. Dans la situation présente, les salariés doivent se serrer la ceinture. ».

Une nouvelle particulièrement amère pour les travailleurs des Nouveaux Robinson qui se voient également imposer un gel des salaires et une baisse d’effectif dans les mois à venir alors que le service RH a eu droit à une promotion, au nom de « la reconnaissance d’une montée en compétences » et que de nouveaux postes d’encadrement ont été créés.

Face à cet état de fait, une quarantaine de salariés ont organisé un piquet de grève à Montreuil le vendredi 11 décembre et une quinzaine de travailleurs étaient présents à celui de Boulogne le samedi 12 décembre à l’appel de la CGT. Les grévistes revendiquent l’arrêt des baisses d’effectif, la juste application de la prime sur laquelle s’est engagée la direction : à durée indéterminée, égalitaire, avec un minimum de 500 euros net et une augmentation automatique de la prime de 50 euros net par an mais également la revalorisation des salaires mensuels qui revient à 150 euros net pour chaque salarié dont le salaire est inférieur à 2500 euros brut.

Mais malgré deux journées de grève réussies, la direction n’a pas souhaité négocier. « Le bruit court que des collègues ont reçu des primes personnelles pour ne pas faire grève. Mais qu’importe ! La détermination et le calme mesuré des grévistes ont été démontrés sur ces deux longues journées dans le froid et la pluie. » ont affirmé les grévistes.

Des travailleurs de la Conquête du pain, de Biocoop qui s’étaient également battu pour les mêmes raisons l’été dernier ainsi que des militants de la CGT ont apporté leur soutien sur place. La clientèle a également exprimé son soutien et a souvent donné ses contacts pour être informée des suites du conflit.

Face aux attaques patronales, la nécessité d’un plan de bataille

On constate dans le contexte actuel que le patronat et le gouvernement mènent une politique de casse sociale intense avec plus de 600 plans de licenciements et un durcissement de plus en plus autoritaire de l’État avec les lois sécurité globale et séparatisme qui s’attaquent aux libertés fondamentales que notre camp social a dû conquérir de haute lutte contre la bourgeoisie durant le siècle dernier. En ce sens, construire le rapport de force et la solidarité de classe dans la période est crucial à l’image des grèves en cours contre les privatisations dans le secteur de l’énergie et à la RATP mais également dans l’aéronautique comme à Toray ou encore à la raffinerie de Grandpuits où le mot d’ordre est « 0 licenciement ».

Dans un secteur avec un des plus faibles taux de syndicalisation, la lutte des travailleurs des Nouveaux Robinson est à saluer et soutenir leur caisse de grève pour les aider à tenir dans la durée est un enjeu important. Leur lutte vient rappeler une fois de plus qu’il n’y a pas de véritable écologie sous le système capitaliste où la production est organisée pour répondre aux profits et non aux besoins de la population, dépossédée de l’outil de production, de son contrôle. La situation alarmante aux Nouveaux Robinson où le directoire préfère supprimer des emplois en magasin tout en favorisant les cadres au siège social souligne également l’importance de revendiquer l’ouverture des livre de comptes pour rappeler que de l’argent pour payer les salaires, il y en a !

Face à a crise économique actuelle et aux multiples attaques orchestrés par l’ensemble du patronat, les directions syndicales doivent, dès à présent, construire un véritable plan de bataille d’ensemble pour imposer les seules mesures pouvant empêcher que notre camp social paye la crise, économique comme sanitaire notamment l’interdiction des licenciements et le partage du temps de travail.

 
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