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La Izquierda Diario
22 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Répression
Face à la fronde, Darmanin brosse les syndicats policiers dans le sens de la matraque
Simon Derrerof
Margot Vallère

Face à la fronde dans la police et dans le but de préparer « le Beauvau sur la sécurité » prévu pour début janvier 2021, Darmanin a reçu ce vendredi matin les représentants des principaux syndicats de police. Ces derniers sont sortis de la réunion pleinement satisfaits par les nombreux cadeaux offerts par le gouvernement à la police.

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Poussé par la forte mobilisation contre la « loi sécurité globale » ces dernières semaines ainsi que la colère de la jeunesse suite à l’affaire Michel Zeckler envers l’institution policière, Macron a été contraint de reconnaître l’existence des violences policières lors d’un entretien de deux heures pour Brut A demi-mot, il a affirmé « Oui il y’a des violences policières, si vous voulez que je le dise, je le dis. Je n’ai aucun problème mais je ne veux pas donner crédit à un concept ». Précédemment dans la semaine, le gouvernement avait déjà annoncé un recul sur la forme en annonçant la réécriture de l’article 24.] Ces deux annonces ont provoqué la colère des syndicats policiers, d’une part autour de la réécriture sur la forme de l’article 24, un projet de loi réclamé depuis longtemps par les secteurs les plus droitiers de la police, et d’autre part autour de la reconnaissance des « violences policières » par le président. La semaine dernière fut donc le théâtre d’une contestation dans les rangs policiers, les propos de macron faisant l’effet d’une bombe parmi les syndicats, qui ont directement appelé, pour exprimer leur mécontentement, à des manifestations devant les mairies de nombreuses villes de France ainsi qu’à des opérations de « non-contrôles » pour contrer cyniquement les accusations de contrôle au faciès.

Dans un contexte tendu où le gouvernement a du agir sur deux fronts distincts, celui d’une mobilisation significative dans la rue pour dénoncer les derniers projets de loi liberticides en date du gouvernement et sur celui de la fronde policière, le gouvernement a décidé de se conserver à tout prix le soutien de la police. La réponse de l’exécutif à la colère des syndicats fut particulièrement rapide. En effet, le gouvernement, mis sous pression par les syndicats policiers, a rapidement appelé à une réunion avec le ministre de l’Intérieur, ce vendredi 18 décembre, puis à un Beauvau de la sécurité afin « d’améliorer les conditions d’exercice des forces de l’ordre ». Une initiative qui vise une réforme de la police, en allant dans le sens des revendications des syndicats les plus réactionnaires déjà saluées par une partie des syndicats, dont SGP-FO. Le syndicat ultra-réactionnaire Alliance est sur la réserve mais semble désormais accepter la discussion avec le gouvernement. Il s’agissait également pour le gouvernement de répondre aux attentes des syndicats d’extrême-droite les plus réfractaires, et notamment au refus d’Alliance et d’Unsa police de participer à cette concertation sur la police, les deux syndicats particulièrement droitiers déplorant le recul sur l’article 24 et réclamant à minima « une peine minimale pour les agresseurs de policiers, le floutage des policiers, et des mesures sociales ».

Vendredi 18 décembre, Darmanin s’est donc affairé à répondre aux souhaits des syndicats policiers, montrant qu’il est plus simple de se faire écouter par le gouvernement quand l’on joue un rôle important dans la répression. Le ministre de l’Intérieur s’est donc attelé à distribuer les cadeaux aux forces de répression, il a d’abord annoncé sur le « plan social » une multitudes de nouveaux avantages pour les policiers. En effet, leur complémentaire santé sera désormais pris en charge à 50%, il a également accordé la gratuité de certains transports à partir de 2022. Sur le plan pénal, Darmanin a tenté de rassurer les policiers en confirmant la création d’un observatoire de la réponse pénale qui devra veiller à l’application effective des peines prononcées, une demande historique des syndicats les plus à droite. Sur le volet de l’article 24, le ministre de l’intérieur aurait assuré aux syndicalistes, selon le Figaro, « que l’article 24 n’est pas enterré ». Un discours confirmé par Fabien Vanhemelryck du syndicat d’extrême droite Alliance : « Nous voulions un engagement de l’État sur cet aspect de notre protection. Le ministre nous a confirmé que la volonté du gouvernement restait intacte ».

Dans le but d’apaiser les tensions avec son bras armé, le gouvernement s’est donc une nouvelle fois montré particulièrement conciliant, acceptant les demandes historiques des syndicats policiers d’extrême droite comme Alliance. Une opération de séduction auprès de ses forces de répression qui a porté ses fruits. Les principaux représentants des syndicats ont exprimé leur satisfaction suite aux mesures dont leur a fait part le ministre de l’Intérieur. Ce dernier a ainsi concédé à certaines revendications policières de longue date pour calmer la grogne et ramener les policiers aux côtés de l’exécutif. Ces annonces ont eu l’effet souhaité auprès des syndicats policiers qui ont montré la satisfaction d’avoir été entendus par le gouvernement. En effet, à la sortie de la réunion entre les syndicats et le ministre de l’intérieur, le représentant d’Alliance, Fabien Vanhemelryck a annoncé : « En tout cas ça va dans le bon sens, on reprend enfin les thèmes qu’on avait évoqué auprès du président de la République le 15 octobre », Thierry Clair, délégué syndical d’Unsa Police, a également affirmé son contentement : « Une protection contre les diffusions malveillantes de contenus est absolument nécessaire. Gérald Darmanin nous a assuré qu’il partageait toujours notre avis » . Ayant obtenu une subvention de mutuelle ainsi que la gratuité totale dans les transports publics pour le trajet domicile-travail, l’institution policière devrait surtout obtenir du gouvernement une augmentation importante de son budget. En effet, le budget consacré à la police et notamment pour le financement des équipements et pour sa formation va être augmenté de 1,5 milliard d’euros.

Il s’agissait donc pour le gouvernement de réaffirmer son soutien aux forces de police qui ont remis en doute son gouvernement, organisant des manifestations et des happenings pour revendiquer leur droit à réprimer, pour garder leur soutien, à l’heure où il est remis en question massivement sur le volet des lois liberticides, et alors que la crise sanitaire n’est pas finie, révélant toujours plus l’incompétence de ce gouvernement, et qu’une crise économique pointe déjà son nez. Dans le contexte social déjà explosif avec la mobilisation contre la loi séparatisme et la loi Sécurité Globale, et avec en perspective une multiplication des licenciements, une crise économique particulièrement forte, et une gestion sanitaire toujours plus incompréhensible et répressive, il est en effet central pour Macron de mettre tous les moyens nécessaires pour mater toute possibilité de révolte. Dès lors, ces cadeaux faits aux forces de police ont évidemment pour objectif de sécuriser le soutien du bras armé de l’état.

 
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