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La Izquierda Diario
29 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Attaque anti-sociale
En pleine épidémie, le gouvernement veut relancer la réforme de l’assurance-chômage en janvier
Simon Derrerof

En pleine crise sanitaire et alors que l’épidémie repart de plus belle, le gouvernement ne lâche pas l’affaire sur la réforme de l’assurance-chômage. Malgré des taux de chômage qui ne cessent de grimper, le gouvernement a enclenché la seconde pour faire passer la réforme en relançant les concertations dès le mois de janvier.

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Crise économique et sanitaire : le gouvernement veut à tout prix garder le cap de la régression sociale

Face à la crise multidimensionnelle que nous traversons et face à une explosion du nombre de chômeurs, le gouvernement se montre une nouvelle fois prêt à tout pour garder le cap de sa politique : celle de la régression sociale et de politiques toujours plus dures pour les plus précaires. C’est dans cette droite lignée que s’inscrit la réforme de l’assurance chômage, un des projets majeurs du gouvernement depuis le début du quinquennat. Cette réforme, rappelons-le, a déjà attaqué directement les modalités d’accès au chômage, faisant passer le minimum de mois au travail de 4 à 6 mois, pour le toucher, le tout sur une période passant de 28 mois à 24 mois.

La réforme proposait également de refonder le mode de calcul du salaire journalier de référence, sur lequel se calcule le chômage, en ne prenant en compte non plus exclusivement les jours travaillés mais l’ensemble de la période d’emploi, incluant également les jours de repos, calculant dès lors les indemnités à partir du revenu mensuel moyen au lieu de les calculer sur la moyenne des salaires touchés par le salarié ; une attaque qui va baisser fortement le chômage. Si une partie de la réforme a été retoquée par le Conseil d’Etat, dans un véritable camouflet pour le gouvernement, au motif que « le montant du salaire journalier de référence peut désormais, pour un même nombre d’heures de travail, varier du simple au quadruple en fonction de la répartition des périodes d’emploi au cours de la période de référence d’affiliation de 24 mois », ce qui crée « une différence de traitement manifestement disproportionnée au regard du motif d’intérêt général poursuivi », le projet n’a jamais été abandonné par le ministère du travail.

En effet, malgré l’invalidation du mode de calcul, la réforme n ’est pas, en soi, remise en cause, et vise toujours à durcir les conditions d’affiliation des chômeurs, et à jouer sur le calcul du salaire journalier de référence qui sert de montant de base pour calculer le chômage. Elisabeth Borne, ministre du travail affirmait dans ce sens, le 14 décembre lors d’une vision conférence avec l’Association des Journalistes de l’Information Sociale sur la question du calcul de l’allocation qu’il y « avait un chemin à faire pour répondre aux difficultés posées par le Conseil d’Etat » montrant qu’il n’est pas question pour le ministère rue de Grenelle de remettre en cause le projet et présentant la censure du Conseil d’Etat comme portant plutôt sur la forme que sur le fond. La ministre du travail a également dévoilé dans cette même réunion sa volonté de relancer la réforme rapidement « en revenant vers les partenaires sociaux début janvier ».

En annonçant la reprise des discussions avec les partenaires sociaux et les syndicats le gouvernement souhaite une nouvelle fois jouer la carte du dialogue social, et continuer à mener les discussions avec des directions syndicales qui avaient choisi de se rendre aux négociations en septembre dernier. La CFDT affirmait à l’époque ne pas vouloir d’un texte ayant « pour effet de réduire les droits des demandeurs d’emploi », mais se disait ouverte à la « réflexion » sur le sujet par la voix de Marylise Léon, numéro deux de la centrale. Quant à Force Ouvrière et la CGT, leur ligne d’annulation de la réforme ne les empêchaient pas non plus d’accepter les négociations. « La protection accordée aux chômeurs ne doit pas être amoindrie, a fortiori durant une période où le nombre de personnes privées de travail flambe (…) Il faut revenir aux règles qui prévalaient avant les décrets de 2019 » expliquait Michel Beaugas de FO, tandis que d’après Le Monde, la CGT « comptait mettre à profit les discussions à venir pour défendre des propositions qui améliorent le sort réservé aux chômeurs. » Une nouvelle fois elles choisissaient de prendre une posture de refus contre le gouvernement, mais d’accepter les négociations, dans ce qui constituait alors une nouvelle trahison pour les travailleurs.

Après avoir mis en stand by en mai dernier la réforme face à la crise sanitaire tout en expliquant ne pas l’annuler au vu « des tensions sur le marché du travail », Muriel Pénicaud, alors ministre du travail avait donc décidé de relancer plein gaz la machine de la régression sociale. Dans ce sens, le 17 juillet, Castex confirmait le report mais ne se privait pas de défendre une « bonne réforme ». Pour le gouvernement l’objectif reste le même, « flexibiliser » le marché du travail, c’est à dire la mise en place de mesures plus strictes pour les chômeurs pour les « inciter » à retrouver plus rapidement du travail. Une justification absurde, surtout dans un contexte de crise économique et de chômage de masse, qui ne parvient pas à cacher le but de cette réforme : celui de faire des économies sur l’assurance-chômage sur le dos des chômeurs et de réduire le niveau d’indemnisation de ces derniers.

Il n’est pas anodin de voir le gouvernement relancer sa réforme après l’avoir calmée pendant quelques mois. Si le report constituait une trêve à l’heure où la gestion catastrophique du gouvernement ne lui permettait pas de continuer à appliquer son calendrier d’attaque sociale, la macronie cherche désormais à réenclencher la marche en avant, alors même que l’épidémie repart et qu’un troisième confinement semble de plus en plus probable. Le gouvernement espère ainsi rapidement faire passer une réforme hautement polémique et éviter la contestation.

Contre cette nouvelle réforme, il sera nécessaire d’opposer un refus et des moyens à la hauteur de l’attaque, notamment en passant par le refus de toute politique de dialogue social. Au contraire, c’est par l’élaboration d’un plan de bataille général qu’il sera possible d’ouvrir la voie à une contre-offensive du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires, contre la politique du gouvernement et du patronat, par la grève, afin d’imposer un rapport de force à la hauteur des enjeux.

 
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