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La Izquierda Diario
9 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

La crise, mais pas pour tout le monde
Sur fond de crise, Elon Musk, patron de Tesla, devient l’homme le plus riche du monde
Antoine Weil

Avec 188,5 milliards de dollars de fortune personnelle, Elon Musk est devenu l’homme le plus riche du monde grâce à l’explosion des cours de son entreprise Tesla en bourse. Derrière ce milliardaire excentrique se cache en réalité un patron avide de profits, défenseur de l’impérialisme américain et dont le succès illustre les déséquilibres de l’économie mondiale. 

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Crédit : Brendan Smialowski / AFP

Si la crise sanitaire a eu pour conséquence une énorme augmentation du chômage et de la pauvreté partout dans le monde, dont déjà 1 million en France elle profite quand même à quelques uns.
Avec d’un côté Jeff Bezos, patron d’Amazon, une entreprise qui a tourné à plein régime, a vu son patrimoine enrichi de 24 milliards de dollars supplémentaires pendant le confinement ; et de l’autre Elon Musk, dont la fortune a progressé de 150 Milliards en 2020, on peut dire que l’année a été particulièrement bonne pour les milliardaires.

Ce dernier, industriel sud-africain et patron de Tesla, Paypal ou Space X, est dès lors devenu l’homme le plus riche du monde, son patrimoine atteignant le montant hallucinant de 188,5 milliards de dollars, équivalent à 150 Milliards d’euros.

Elon Musk qui fait fortune pendant l’épidémie, tout sauf un hasard

Connu pour ses activités autour de l’innovation, avec l’entreprise de voitures électriques de haute gamme Tesla, c’est surtout l’envolé des titres de l’entreprise en bourse, dont Elon Musk possède 18% des parts, qui explique la fortune du milliardaire, davantage que les résultats réels de l’entreprise. S’il peut d’abord sembler paradoxal qu’on assiste à une telle flambée des actions en bourse et donc des revenus des milliardaires, alors que l’économie est au plus bas et que les prévisions sont très mauvaises, il n’y a en réalité pas de hasard. Le succès de grands patrons comme Musk et Bezos est directement lié à leur volonté de faire tourner leurs activités coûte que coûte, malgré le covid-19. Elon Musk a même été à la pointe du mouvement anti-confinement qui est apparu au printemps dernier aux Etats-Unis. Celui qui ne cachait plus son affection pour Trump a réclamé la réouverture des activités non essentielles , comme il a continué à faire fonctionner ses usines au Nevada et en Californie malgré l’interdiction et la saturation des hôpitaux dans une période où les travailleurs ne disposait d’aucune protection adaptée (masques, distance, tests). Alors qu’il s’est construit l’image d’un ingénieur ayant foi en la science et au progrès, en niant la réalité et la dangerosité du virus, Elon Musk est apparu comme ce qu’il est vraiment derrière sa communication : un patron qui veut assurer ses profits à tout prix. 

Derrière une image fantasque, un capitaliste féroce

L’image que s’est donnée Elon Musk est en effet importante car le succès en bourse de Tesla est largement du à la communication de son président, laquelle a pu séduire grands investisseurs comme petits porteurs. L’intérêt qu’a suscité Tesla est largement lié aux promesses d’ « innovation » et d’ « écologie » portée par la voiture électrique et appuyée par la personnalité fantasque d’Elon Musk, qui veut construire une ville autonome sur Mars et reverser une grande partie de sa fortune à des charités Derrière ce vernis, on retrouve en réalité le capitalisme sauvage le plus classique. Du point de vue de l’écologie d’abord, la voiture électrique n’implique pas une pollution moins importante. Sa production entraine une émission de C02 50% supérieur à celle d’une voiture classique, et requière notamment des métaux rares, dont l’extraction est très couteuse pour l’environnement, avec de l’eau mélangée à des produits chimiques déversé dans les rivières en Chine notamment, où Tesla fait appel à des sous-traitants et à de nombreux intermédiaires Une fois produite, la Tesla ne tourne en effet pas à l’essence, mais à l’électricité. Or dans de nombreux pays et notamment en Allemagne, l’électricité est produite par combustion de charbon, procédé très polluant. 

Ensuite, depuis qu’Ellon Musk a annoncé qu’il donnerait la moitié de sa fortune à des œuvres de charité, il n’a fait que reporter cette promesse, expliquant dans un Tweet, en 2018, qu’il ferait « de gros versements dans vingt ans quand Tesla sera stabilisée ».Quand on sait que Tesla n’est rentable que depuis 2020, on voit qu’il s’agit surtout d’un coup de com qui sert à Musk à construire son prestige personnel. On imagine aussi l’intérêt de recourir à la charité plutôt que de payer ses impôts, ce que Musk ne semble pas apprécier, lui qui a quitté la Silicon Vally pour le Texas, ou la fiscalité est moins importante. Aussi, sa gestion cupide de son entreprise montre qu’il est loin d’être un philanthrope, en témoigne son action en soutien au coup d’Etat en Bolivie. 

Alors qu’en octobre 2019 le pays andin a été victime d’un coup d’Etat contre la victoire d’Evo Morales à l’élection présidentielle, Elon Musk n’a pas hésité à soutenir publiquement le putsch provenant de l’extrême droite bolivienne. En effet, la Bolivie possède la plus importante réserve de lithium au monde , métal essentiel pour produire des batteries électriques, et le milliardaire, conscient des meilleures conditions dont il disposerait pour exploiter les boliviens avec un président d’extrême droite, a déclaré « nous menons des coups d’État contre qui nous voulons ! Faites avec. ». En balayant la droite aux élections un an après le putsch, les travailleurs boliviens ont dès lors porté un coup important envers cet allié de l’impérialisme américain. 

La réussite de Tesla et la menace d’une bulle spéculative

Au delà de la personnalité d’Elon Musk, , l’ascension fulgurante de Tesla en bourse constitue également un signe important de l’état de l’économie mondiale et de l’importance de la spéculation. En effet, si Tesla a réussi à être rentable en 2020 pour la première année, il s’agit d’une entreprise qui a atteint 700 milliards de dollars de valeur boursière alors qu’elle n’a vendu que 500 000 véhicules sur l’année, quand Volkswagen par exemple en a vendu 11 millions. 
Grâce à une augmentation hallucinante de ses titres avec près de + 740% , Tesla a désormais un montant en bourse supérieure à celui des 11 plus grosses entreprises automobiles réunies. 
Un tel déséquilibre entre sphère productive et sphère financière laisse présager la menace d’une bulle spéculative, d’autant que le succès de la côte Tesla s’explique largement à sa présence dans des ETF pour « exchange-traded funds » , un type de placement très risqué et abusivement utilisé dans la finance, et qui pose de gros problème de spéculation. La réussite de Tesla apparait dès lors comme très fragile, est illustre bien les déséquilibres financiers actuels. 

Conséquence des contradictions d’une économie menacée par la spéculation, l’immense fortune qu’a acquis Elon Musk, en exploitant les travailleurs en dépit de la crise sanitaire et en soutenant des coup d’Etats impérialiste, constitue une preuve de plus qu’il faut en finir avec ce système absurde et inégalitaire qu’est le capitalisme. 

 
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