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La Izquierda Diario
15 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Ce n’est pas un échec, ça n’a pas marché
Colère des généralistes, pénurie, délai entre les deux doses : vaccination et ratés du gouvernement
Julian Vadis

Alors qu’Olivier Véran a annoncé, ce vendredi 15 janvier, que 833 centres de vaccination étaient ouverts sur tout le territoire, les médecins généralistes dénoncent des manques de doses vaccin. Plus encore, c’est le délai allongé entre les deux doses nécessaires qui est aujourd’hui au centre de la polémique, mettant en exergue, une nouvelle fois, le manque de préparation du gouvernement.

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Au lendemain des annonces gouvernementales, annonçant toujours plus de restrictions et toujours pas de stratégie à la hauteur face à la pandémie, Olivier Véran assure le service après vente. En déplacement dans un centre de vaccination à Troyes, dans l’Aube, ce vendredi 15 janvier, le ministre de la Santé a annoncé que « ce matin, ce sont 833 centres qui étaient ouverts sur le territoire national », précisant qu’il dépassait ses engagements annoncés « entre 200 et 300 centres de vaccination disponibles à compter de la semaine prochaine ».

Le message est donc clair et dans la lignée de la conférence de presse d’hier : le gouvernement défend mordicus son bilan sanitaire, et revendique même, dans le cas des centres de vaccination, une efficacité au-delà de toutes espérances. Pourtant, le son de cloche est très différent chez les médecins généralistes, qui se retrouvent en première ligne de la stratégie vaccinale du gouvernement en l’absence de suffisamment de centres.

Dans des propos relayés par France Bleu ce 14 janvier, le docteur Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, explique ainsi qu’il y a « 50.000 médecins généralistes qui sont prêts à vacciner mais il n’y a pas de vaccins ». Pour lui, le gouvernement dit aux Français de plus de 75 ans de prendre rendez-vous, mais nous ne savons pas combien de doses nous allons disposer, donc nous ne pouvons pas planifier les créneaux de vaccination […] on a une cible très vaste avec 6,3 millions de personnes de plus de 75 ans et on a, pour les deux mois qui viennent, un peu plus de 5 millions de doses. Donc, on va devoir programmer progressivement cette vaccination. On ne peut pas vacciner tout le monde tout de suite, dès lundi prochain ». Pour le docteur, le constat est sans appel : « On nous a mené en bateau ». De quoi largement tempérer le discours triomphaliste du gouvernement.

Manque de vaccins et délai entre les deux injections : l’impréparation du gouvernement mise à nu

On le sait, Emmanuel Macron était monté au créneau la semaine dernière pour accélérer la stratégie de vaccination, tancé pour sa lenteur. Les scandales s’enchaînent, on pense notamment aux mauvaises instructions du gouvernement pour l’administration du vaccin Pfizer, ou le recours à un cabinet de conseil américain, payé 13000 dollars par jour pour penser la campagne de vaccination tandis que c’est un nouveau casse-tête qui se profile, révélant un peu plus l’impréparation gouvernementale face à la pandémie.

Outre le fait que Pfizer a annoncé une baisse des livraisons de vaccins vers l’Europe « à compter de la semaine prochaine », c’est l’allongement de la durée entre les deux injections qui est au centre des incertitudes. Rappelons qu’une seconde dose est nécessaire pour obtenir une réponse neutralisante et que Olivier Véran lui-même a annoncé, la semaine dernière, que la seconde dose du vaccin Pfizer / BioNTech peut être différée « jusqu’à six semaines au lieu de trois ».

Or, selon le Parisien, le laboratoire Pfizer a déclaré qu’il « n’existe pas de données démontrant le maintien d’un même niveau de protection si l’espace entre les deux doses est supérieur à 21 jours ». Une situation de flou donc, qui pose question sur l’efficacité vaccinale en cas de délai trop long. Pour le biologiste Claude-Alexandre Gustave, interrogé par France Info, un allongement du délai entre les deux injections peut « favoriser la sélection de mutants capables d’échapper à cette réponse ». Pour lui, « le fait d’allonger le délai entre les deux doses est possible, à condition d’assurer la seconde dose et d’éviter l’exposition au virus entre les deux ».

Autant dire qu’avec le manque de dose de vaccin déjà effective et les retards annoncés de livraison par Pfizer, la question des délais de vaccination et de la fameuse seconde injection est une véritable épine dans le pied du gouvernement, et une véritable bombe à retardement sur le plan sanitaire et politique.

Face à la gestion catastrophique de la pandémie par les capitalistes, l’urgence d’un programme alternatif !

En soi, le discours du gouvernement peine à masquer l’ampleur du désastre sanitaire en cours, et les déclarations de façade se heurtent violemment à la réalité de l’impréparation totale du gouvernement, qui semble naviguer à vue, sans aucune boussole, si ce n’est le maintien à tout prix des activités économiques des grands groupes capitalistes. L’exemple de la pénurie de vaccin en Allemagne est en soi un signal d’alarme. Il témoigne du fait que les capacités de production mondiales ne suivent pas le rythme de la pandémie, qui plus est avec l’émergence de variants qui, aujourd’hui, cristallise toutes les inquiétudes.

La situation sanitaire actuelle met chaque jour un peu plus en exergue l’urgence d’un programme alternatif face à la pandémie, qui rompent avec l’essence même des solutions capitalistes. Si la découverte de vaccins en moins d’un an est une véritable prouesse technologique et scientifique, ce sont bien les logiques de concurrences et de courses aux profits entre les laboratoires et la guerre des vaccins entre les différents États qui, aujourd’hui, sont les causes de la pénurie et de centaines de milliers de morts largement évitables. Un cynisme d’autant plus brutal quand on sait que les puissances impérialistes s’accaparent l’essentiel des doses de vaccins disponibles, laissant poindre une situation ou, dans certains pays semi-coloniaux, il faille attendre jusqu’en 2024 pour avoir accès aux vaccins.

Dès lors, la mutualisation des connaissances à échelle mondiale, sortant de la logique de concurrence, ainsi que l’investissement massif dans la recherche sont de premières conditions indispensables pour entrevoir la sortie du tunnel sur le plan sanitaire, d’autant plus avec l’émergence de variants qui pourraient altérer l’efficacité des vaccins actuellement disponibles. Cette situation impose la nationalisation sous contrôle des travailleurs de l’entièreté de la branche pharmaceutique, pour une production en fonction des besoins effectifs de l’humanité et non pas en fonction des profits réalisés par une poignée de parasites capitalistes.

Dans le même temps, et alors que les services de santé publique ont été ravagés par les nombreuses contre-réformes à échelle mondiale, l’embauche massive de personnels soignants est une donnée indispensable à la bonne gestion de la situation pandémique, tout comme un investissement matériel massif pour accueillir l’ensemble des malades du Covid et d’autres pathologies qui emportent des milliers de vies, pour que disparaissent définitivement ces images insupportables, comme nous avons vu récemment au Royaume-Uni, avec la mise en place de morgues provisoires pour entasser le surplus de cadavres directement dues aux politiques brutales prises pour maintenir l’activité économique.

Enfin, face à la vague de précarisation de notre camp social et de licenciements à la pelle, qui n’est rien d’autre que le fait que les capitalistes entendent nous faire payer le coût économique de la crise sanitaire, il est indispensable d’instaurer l’interdiction des licenciements, la reconversion d’une partie de l’appareil productif pour faire face aux besoins matériels dans le domaine sanitaire, l’augmentation immédiate des salaires et la baisse du temps de travail jusqu’à éradication totale du chômage.

Le fait que ces mesures de bon sens, matériellement réalisables, soit rendues impossible par la sacro-sainte propriété privée des moyens de production visant à l’accumulation du capital dans les mains d’une infime minorité de la population ne fait que témoigner de la totale obsolescence du système capitaliste. Dès lors, ce n’est que sur le chemin de la lutte qu’il est possible d’entrouvrir le champ des possibles, par la grève et par l’action. Le mouvement ouvrier, dont les directions syndicales comme politiques brillent par leur silence dans la situation, doit se doter d’un programme d’action et de lutte, visant à l’alliance de l’ensemble des secteurs sociaux qui sont victimes de la situation sanitaire et à l’imposition de ces mesures plus que nécessaires.

 
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