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La Izquierda Diario
20 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Grève
« On est déterminé à se coordonner avec les autres boîtes ». A Grandpuits, la grève reconduite pour une 3ème semaine
Nathan Deas

A Grandpuits, après 18 jours de grève, les travailleurs ont reconduit leur mouvement en AG hier. Aux côtés de nombreux soutiens, leur AG a permis de rappeler ce qu’est la méthode Grandpuits, faite d’auto-organisation, de grève et de refus de céder sur l’emploi.

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En grève depuis près de trois semaines face à la direction de Total qui menace 700 emplois, les grévistes de la raffinerie de Grandpuits étaient à nouveau réunis en AG ce mercredi. A l’issue de celle-ci, les travailleurs ont reconduit la grève et durci leur mouvement. Tout au long de leurs échanges, les ouvriers et leurs soutiens ont par ailleurs insisté sur la centralité de la construction du rapport de forces par la lutte et la nécessité de coordonner les secteurs, rompant ainsi clairement avec la logique de conciliation et de négociation qui prévaut dans de nombreux entreprises frappées par des PSE.

Après 18 jours de grève, les grévistes reconduisent et durcissent le rapport de forces

Face à une direction, qui après de trois semaines de grève refuse toujours de parler emploi, les grévistes ont décidé à l’issue de l’AG de durcir le rapport de forces. Sébastien, raffineur à Grandpuits a ainsi expliqué : « Ce qui a été décidé aujourd’hui à l’assemblée générale, c’est de reconduire la grève jusqu’à vendredi à minima. Les grévistes ne sont pas entendus par la direction. Nous avons voté l’arrêt des sorties de produits de la base et des expéditions. »

La première action de la semaine donnait le ton : les grévistes avaient mis en place un barrage filtrant bloquant l’accès au site. Ce mercredi, ils ont réaffirmé le fait qu’ils ne réaliseraient que les travaux concernant la sécurité et l’environnement mais en aucun cas les travaux « grand arrêt », liés au démantèlement de l’usine. Les expéditions de carburant seront également arrêtées ces jeudi et vendredi, et aucun produit ne devrait sortir de la raffinerie. Il s’agit pour les grévistes de durcir le ton et le rapport de forces face au patronat de Total.

Depuis le début du conflit, les raffineurs ont mis l’accent sur le danger que représentait le plan de reconversion de Total sur la santé des travailleurs du site, les risques psycho-sociaux qu’il allait engendrer et sur l’environnement. En réduisant le nombre d’emplois, et notamment les emplois concernant les postes qui assurent la sécurité, les risques d’une catastrophe industrielle, pour un site classé Seveso, seront bien supérieurs. Ces risques sont tellement palpables, que même la DIRRECTE a envoyé un courrier à la direction de la raffinerie pour aller dans ce sens.

Mais pour les grévistes, il ne s’agit en aucun cas de faire confiance à aucun organisme de l’Etat, comme l’a affirmé Paul Feltmann, élu CGT, devant l’assemblée générale, « la seule chose qui compte c’est le rapport de forces, la direction nous méprise et elle continuera de le faire si on ne trouve pas les moyens de se faire entendre ». Une véritable « méthode Grandpuits » qui tranche totalement avec la logique de négociation et de conciliation qui a prévalu dans de nombreuses entreprises frappées par les PSE. En ce sens sens, Christian Porta, représentant CGT de Neuhauser venu soutenir les grévistes, a mis en avant le caractère exemplaire de la lutte menée par les raffineurs de Grandpuits : « L’Etat il peut dire ce qu’il veut mais il n’est pas aux côtés des travailleurs, sinon il aurait déjà interdit les licenciements. Seule la lutte pourra vous faire gagner. Il ne faut pas lâcher, ce que vous faites c’est exemplaire. Nous aussi on est passés par des licenciements. On s’est battus. Et les victoires qu’on a obtenu c’était grâce à la lutte ».

Une AG aux côtés de nombreux soutiens : l’urgence de coordonner les secteurs !

Pour cette nouvelle AG de nombreux soutiens s’étaient déplacés à la raffinerie. Sur place, des délégations de l’Interpro du 77 et du GIGM (Groupe Interpro Grand Melun) ont ainsi rappelé que le projet de reconversion à Grandpuits concernait l’ensemble de la région et qu’avec la fermeture du site, ce serait de nombreux intérimaires et travailleurs de la région qui perdraient leur emploi. 

Les raffineurs avaient également répondu présent. Une délégation de travailleurs de la CGT Feyzin, où 90% des travailleurs s’étaient mis en grève 24 heures la semaine dernière en solidarité avec Grandpuits, était également présente, de même que des travailleurs de la raffinerie de la Mède. Le lien avec les autres travailleurs de Total est en effet central pour les Grandpuits qui préparent en ce sens des délégations pour aller rendre visite aux salariés de toutes les autres raffineries en France dans les prochains jours, avec l’objectif d’élargir le mouvement de grève. Surtout, d’autres secteurs faisant face à des PSE avaient tenu à être présent. C’est le cas de Toray et des Cargill qui font respectivement face à des plans sociaux.

Dans ce sens, Sébastien, gréviste à Grandpuits, a insisté à l’issue de l’AG sur l’importance donnée à la coordination. Un enjeu qui se traduira par la présence des Grandpuits à la manifestation du 23 janvier à Paris contre les licenciements. « Nous les raffineurs de Grandpuits on sera présent le 23, déjà par esprit de solidarité, mais aussi parce qu’on est déterminés à s’engager dans le combat avec tous les travailleurs de France pour justement dire qu’aujourd’hui ça suffit. Nous les employés, les ouvriers, les salariés c’est nous qui manipulons les outils, et c’est grâce à nous que les patrons se font de l’argent. Donc si demain on dit qu’on touche plus à nos outils tant que les patrons nous écoutent pas, on le fera » a-t-il expliqué, alors que les grévistes ont entrepris de contacter d’autres secteurs en grève pour nouer des liens et préparer un front commun des boîtes en lutte.

Des professeurs et étudiants étaient également venus apporter leur soutien. Le NPA jeunes a ainsi rappelé la nécessité de fournir la caisse de grève, qui après près de trois semaines de conflit est plus que jamais le nerf de la guerre, tout en contribuant à hauteur de 800 euros à partir d’une collecte organisée au rassemblement de soutien à Gaël Quirante.

A nouveau, l’AG des Grandpuits a été une belle démonstration de solidarité de notre camp social, posant la nécessité de la coordination des secteurs en lutte, mais aussi une vitrine de la « méthode Grandpuits ». Celle du refus de laisser l’emploi être supprimé, de l’auto-organisation et de la grève au service du rapport de forces. En ce sens, la grève des travailleurs de Grandpuits, est une école de lutte contre les suppressions d’emplois et sa logique doit se diffuser pour commencer à relever la tête face au patronat et se préparer aux prochains plans sociaux. Dans la lutte pour l’emploi, la manifestation du 23 janvier sera par ailleurs une étape pour construire la riposte.

Parce que leur combat sera long, continuez à les soutenir en donnant à la caisse de grève !.

 
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