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La Izquierda Diario
23 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Urgence dans la culture
Ce qu’il faut retenir des dernières annonces pour la culture : toujours du vent pour les précaires !
Camille Lupo

Sans surprise pour personne, la nouvelle date butoir du 20 janvier n’a rien annoncé de bonne augure pour le secteur de la culture. Plus aucun horizon de date de réouverture, et pas non plus d’annonce d’une 2ème “année blanche” pour tous les intermittents.

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Ce mercredi 20 janvier étaient prévues (encore une fois) de nouvelles annonces pour le secteur culturel. "En pleine incertitude", "manquant de visibilité" comme elle l’exprimait déjà plus tôt ce mois-ci,Roselyne Bachelot n’a pas communiqué les nouvelles dans une allocution publique cette fois-ci.

Alors que la ministre avait jusqu’ici maintenu le flou avec des promesses de plus en plus vagues deréouverture, son entourage se montre plus ferme aujourd’hui, comme le rapporte Le Monde : "la nouvelle donne sanitaire, avec l’apparition des variants du Covid, ne permet pas d’annoncer un processus de réouverture des cinémas, musées et salles de spectacle".

Si la ministre a tenté depuis décembre de maintenir l’illusion de contrôle, de rassurer tour à tour petits patrons et salariés de la culture, ces nouvelles "non-annonces" pour 2021 se font de plus en plus sentir comme un abandon pour le secteur, avec la perspective d’une reprise de l’activité renvoyée aux calendes grecques.

Un plan pour maintenir sous perfusion les grands patrons de la culture

Que les grands patrons de la culture ne s’inquiètent cependant pas, puisque le ministère promet de "prolonger l’accompagnement économique et financier" du secteur culturel. "Nous entrons dans une deuxième étape afin d’actualiser les calibrages budgétaires des mesures transversales (exonérations de charges sociales, activité partielle sans reste à charge, prêt garanti par l’Etat) et des mesures spécifiques (fonds de sauvegarde, fonds d’urgence)", a expliqué le cabinet de Roselyne Bachelot, toujours au journal Le Monde. Exonération des charges sociales, activité partielle sans reste à charge… autant de mesures réclamées par les syndicats patronaux des grandes structures culturelles qui bénéficient de fonds conséquents qui, en plus de ces exonérations, leur permettront de rester à flot le temps de la crise, pendant que les travailleurs de la culture et les patrons des petites structures encaissent la facture. 

Avec la même logique que celle du reste du "plan de relance" du gouvernement Macron, il s’agit de préserver les "fleurons" français de la culture (ceux qui participent à la compétitivité et au rayonnement de la France à l’international), au même titre que les « fleurons » de l’industrie, en utilisant les salariés les plus précaires à l’intérieur de ces structures comme variable d’ajustement. En réduisant, voire en arrêtant entièrement les embauches de salariés intermittents et en continuant d’être arrosés par les aides du gouvernement délivrées sans aucune garantie vis-à-vis des salariés, nul doute que les plus gros lieux culturels et leurs patrons pourront survivre à la crise. 

Les petites structures culturelles : une perte acceptable pour le gouvernement

Pendant ce temps, les petits lieux culturels mais aussi le petit patronat de certaines structures intermédiaires ou les professions libérales qui composent des maillons nécessaires de la chaîne du spectacle vivant et de l’événementiel (comme la production ou le catering) subissent la crise de plein fouet. 

Pour eux, les aides du gouvernement comme les prêts Garantis par l’Etat sont souvent inaccessibles, et dans le cas contraire, elles ne servent au mieux qu’à retarder l’inévitable. Aujourd’hui, c’est beaucoup de ces plus petits lieux, comme l’emblématique Théâtre des Blancs Manteaux à Paris, qui sont menacés de devoir mettre la clé sous la porte et qui sont considérés comme des pertes acceptables dans le "plan de relance" dédié aux grands patrons . En témoigne leur absence totale dans ces dernières déclarations de Bachelot.

Des attaques de plus en plus frontales aux travailleurs de la culture

Après l’annonce d’aides plus qu’insuffisantes ( voire absentes) pour les travailleurs précaires hors du régime d’intermittence, il semblerait que le Ministère de la Culture veuille remettre en question la seule mesure de protection des intermittents dans la période : l’année blanche, que la ministre s’était pourtant engagée à reconduire avec les autres mesures d’aide.

"Un travail d’instruction va être mené avec le cabinet de la ministre du travail et les partenaires sociaux afin de quantifier les populations les plus touchées par la crise" d’après des propos de la Rue de Valois rapportés par le journal Le Monde. Le cabinet de la ministre semblerait donc vouloir conditionner la reconduction de l’année blanche à “certains profils”, estimant que “les intermittents ne sont pas tous égaux face à la situation actuelle”. Outre le fait que les secteurs qui continuent de tourner (comme l’audiovisuel ou la musique enregistrée) voient affluer les intermittents quirecherchent cherchent du travail et diminuent ainsi les heures de travail de leurs salariés au profit d’un plus grand nombre d’embauches, ne permettant donc pas nécessairement à ces intermittents d’avoir les 507h nécessaires pour renouveler leurs droits, la logique a de quoi alerter. 

Cette rhétorique ouvrirait la porte à une sélection encore plus drastique des plus précaires, qui pourraient bénéficier des aides du gouvernement, et permettrait de sélectionner parmi les intermittents les seuls à déjà pouvoir en bénéficier. 

Le cabinet de la ministre devrait “y voir plus clair courant février”, ont-ils précisé. Sans attendre cette nouvelle échéance, il y a plus que jamais urgence pour le secteur de la culture. Les centrales syndicales doivent proposer un plan de bataille à la hauteur pour préparer une riposte d’ampleur par la mobilisation. Comme on a pu le voir dans la bataille contre les licenciements et les suppressions de postes, les négociations de branches individuelles ne permettent pas d’imposer le rapport de force nécessaire pour empêcher le désastre social.

A l’heure où le gouvernement voudrait relancer le “dialogue social” et remettre sur le tapis la réforme de l’assurance chômage, il n’y a rien à négocier ni avec Matignon, ni avec la rue de Valois ! Il s’agit aujourd’hui d’opposer à l’inconséquence sanitaire et à la casse sociale du gouvernement une réponse unifiée de tous ceux qui dépendent de la survie du secteur culturel pour leur emploi, des précaires et des secteurs en lutte contre les licenciements. Une réponse unifiée des travailleurs qui se battent non seulement pour les emplois et un plan d’urgence à la hauteur pour les plus précaires, mais aussi pour une stratégie sanitaire conséquente dans laquelle la culture et ses travailleurs ne sont plus considérés comme une perte acceptable à la faveur des profits du patronat.

 
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