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La Izquierda Diario
28 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Fin de grève à la Stef
Tarn. 42 jours de grève pour les salaires et la dignité dans une entreprise de logistique du froid
Rozenn Kevel, CGT Chronodrive

Après 42 jours de grève, une grève de la faim et des actions coup de poing, les salariés de la Stef, entreprise de logistique du froid dans la région de Montauban, obtiennent 50€ sur les 100€ de revalorisation salariale revendiquée et quelques euros supplémentaires sur les primes.

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Crédit photo : DDM ARCHIVES - Daniel Bolhy

Le 16 décembre 2020, à Montbartier dans le Tarn-et-Garonne, les salariés de la Stef, une entreprise de transport et de logistique du froid lançaient une opération de débrayage et de blocage marquant le début d’une lutte pour un salaire et des conditions de travail et de vie dignes. Ce jour-là, environ 150 employés étaient grévistes.

Les héros du confinement en première ligne du Covid et de la précarité

Dans les entrepôts de la Stef il fait 3 degrés, des palettes et des objets coupants sont sur le sol le long des allées et on ne chôme pas car il faut remplir les semi-remorques destinés aux 200 magasins Intermarché et Netto. Les 350 salariés, dont la moitié d’intérimaires, ont dû accélérer les cadences pour livrer les supermarchés pendant le confinement. Ils sont payés au Smic et ils doivent enchaîner les heures supplémentaires, parfois non-payées, pour assurer la cadence des livraisons pour les magasins.

« Il faut faire le travail de trois personnes sur son poste. C’est usant à la fin. La direction ne nous écoute pas […] On est remplaçable, donc pour eux, si on veut plus, ils nous virent et ils prennent quelqu’un d’autre  » témoigne Coline, une gréviste de 22 ans.

Réclamant une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail avec notamment la fin du management "par la terreur", les grévistes interviewés par France Bleu restaient déterminés après 1 mois de lutte : "On nous demande le zéro accident, mais avec ce que l’on fait, c’est impossible", "On nous a demandé de travailler 6 jours sur 7, on a monté une équipe de nuit pour passer les volumes, on nous a demandé de travailler certains dimanche, mais il n’y a jamais eu de revalorisation de salaire derrière. Tout ça pour 1200€ ! On a su nous dire pendant la crise sanitaire qu’on était en première ligne, on a fait tourner le pays, et au final, aucune reconnaissance. Un merci de la direction, ça ne suffit pas, c’est pour ça qu’on est dehors encore aujourd’hui" ajoute Denis, préparateur de commandes.

La direction refusant toujours d’accéder aux revendications des salariés, le 18 décembre les grévistes ont décidé de monter d’un cran et de bloquer les allées et venues des camions de l’entrepôt. Cet arrêt avait provoqué une coupure des livraisons d’environ 180 magasins Intermarché causant une perte pour l’entreprise de 800 000 € de nourriture qui a été donnée à différentes associations

Face à ce durcissement et à des négociations qui ont tourné court, la Stef a saisi le juge des référés afin de débloquer les camions. Le rendu de décision est en faveur de l’entreprise et le juge refuse également la demande de médiation des grévistes. "Au début, on était sur le parking, sans blocage et la direction ne voulait pas négocier. Maintenant que l’on bloque, ils conditionnent les négociations à la levée du barrage, disant qu’ils ne négocient pas sous la contrainte", note ironiquement Rachid, délégué syndical CGT à la Stef.

Le lundi 4 janvier, une trentaine de grévistes ont manifesté devant la préfecture du Tarn-et-Garonne afin de relancer le dialogue avec la direction.

Pendant plus d’un mois les salariés ont du mener un vrai bras de fer avec la direction. Pour ça, ils se sont organiser en assemblée générale, ils ont diffusé des tracts devant des supermarchés, monté une caisse de grève et mené des actions coups de poing (opération escargot sur la rocade, envahissement de la DIRECCTE…) et ont fait face à une répression notamment de la part de l’État avec un rendu de jugement en faveur de la direction et une présence policière disproportionnée.

Après 13h de négociations, un protocole de fin de conflit a été signé rapporte la CGT 82. Ainsi le 25 janvier la grève à la Stef prend fin après 42 jours de grève. Les salariés ont obtenu une revalorisation de 50€ sur les 100€ d’augmentation réclamés. Auxquels viennent s’ajouter quelques euros supplémentaires sur les primes (460 € sur l’investissement, 1,30 € sur le panier et une prime transports de 46 cts par jour).

Face aux attaques patronales par centaines, construire une convergence pour imposer un rapport de force

Alors qu’on assiste à une rafale d’attaques patronales dans tous les secteurs allant jusqu’aux licenciements de milliers de salariés, les directions syndicales arguent que les salariés sont passifs et n’ont pas de velléités de lutte. Pourtant, on voit apparaître des grèves dures et offensives comme ici, à Biofusion ou encore à Onet Airbus.

Face à cette situation, notre lutte doit regrouper tous les secteurs déjà en lutte et tous ceux qui commencent à se défendre face aux attaques patronales qu’ils subissent, à l’image des raffineurs de Grandpuits en grève depuis plus de 3 semaines. Afin de dépasser les luttes défensives et être en mesure d’imposer un rapport de force face au patronat et au gouvernement, nous nous devons d’avoir une stratégie qui ne se limite pas à « limiter la casse » et à négocier le poids des chaînes.

Pour ça, n’attendons pas les directives des directions syndicales qui sont aux abonnés absents. Nous devons construire collectivement un plan de lutte avec l’ensemble des secteurs qui se mobilisent aujourd’hui.

C’est en ce sens que la manifestation du 23 janvier, qui a rassemblée plusieurs milliers de manifestants contre les licenciements à l’appel des TUI et de différentes organisations politiques et syndicales était une première étape dans la coordination des différents secteurs, et nous nous devons de continuer dans ce sens.

 
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