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La Izquierda Diario
28 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Lutter contre les réactionnaires
Les anti-PMA manifestent ce week-end : organisons la riposte
Ana Demianoiseau

Alors que la loi sur la PMA « pour toutes » revient au Sénat le 2 février, les réactionnaires de la Manif pour Tous appellent à des mobilisations pour s’y opposer. Dans plusieurs villes, des contre-manifestations sont aussi organisées pour défendre les droits reproductifs des femmes et des personnes LGBTI.

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Crédit photo : Radio France - Louise Buyens

La loi qui devrait ouvrir l’accès à la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et aux femmes seules était une promesse du quinquennat Macron. Ce quinquennat soi-disant centré sur l’amélioration des conditions des femmes joue avec des effets d’annonce et des lois insuffisantes. Le projet de loi qui sera examiné à nouveau par le Sénat dès le 2 février a été profondément modifié. Comme nous l’écrivions dans un article précédent, parmi les amendements les plus conservateurs : si le recours à la PMA devenait légal pour toutes les femmes, son remboursement serait conditionné par un « critère d’infertilité médicalement diagnostiqué ou la non transmission d’une maladie d’une particulière gravité  ». En d’autres termes, l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes lesbiennes et pour les femmes seules est conditionné par des critères de classe, et en fonction de critères économiques. Il s’agit d’une interdiction de fait pour une grande partie d’entre elles, qui n’auront pas les moyens de payer cette opération médicale de leur poche.

Cet amendement s’inscrit dans une lignée politique qui voudrait maintenir la stabilité d’un ordre social hétéronormatif, basé entre autres sur l’idéalisation de la famille nucléaire hétérosexuelle comme forme incontournable de relation. Par exemple, au-delà de la condition économique, le projet de loi « pour tous » ne mentionne en aucun cas les personnes trans. Agnès Buzyn avait annoncé : « Un homme qui garde un utérus fonctionnel n’aura pas le droit à la PMA, il ne peut pas tomber enceinte. » Renvoyant ensuite au genre inscrit à l’état civil : « Nous restons sur la notion d’homme ou de femme tel que cela figure à l’état civil. » Cette conception binaire du genre est fortement décriée par les militant.es LGBTI. Par exemple, le changement d’état civil et de prénom pour les personnes trans est légal mais dans les faits, ce parcours administratif est long et complexe. Ne pas pouvoir faire de transition administrative peut bloquer l’accès aux soins ou au marché de l’emploi. Cet élément n’est qu’une variable d’un maillage d’oppressions transphobes et homophobes qui conduisent à des discriminations symboliques et économiques. « Une personne LGBT sur trois considère que le fait de révéler son homosexualité à son entourage professionnel peut avoir un impact négatif sur la carrière, selon un baromètre du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail. [...] Plus d’une personne LGBT sur dix considère que son orientation sexuelle l’a empêchée d’avoir une promotion. […] 44 % des personnes transidentitaires déclarent avoir été discriminées dans la recherche d’un emploi et 35 % au travail au cours des douze derniers mois, selon l’enquête de l’Agence pour les droits fondamentaux de l’Union européenne effectuée en 2014 » et citée par Le Monde.

La mobilisation assez large contre la PMA n’a rien d’étonnant non plus dans un paysage politique où la droite la plus réactionnaire essaie de gagner du terrain. Au total, le 6 octobre 2019, 74 500 personnes ont défilé à Paris dans le cadre de la manifestation contre l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes et femmes seules, d’après les chiffres communiqués par le cabinet de comptage indépendant Occurrence, mandaté par plusieurs médias dont franceinfo. On se rappelle également les deux figures d’extrême droite Yvan Benedetti et Hervé Lalin (dit Hervé Ryssen) qui ont agressé l’équipe de Quotidien avec le soutien des manifestant.es dont l’un avait déclaré : « Un jour on aura votre peau et on vous pendra ». La mobilisation anti-PMA reprend donc du service dans un climat où les libertés sont fortement réprimées par le double état d’urgence.

L’action de La Manif Pour Tous du 16 janvier 2021 à Paris était à l’image de ce mouvement large et hétéroclite. Les manifestant.es portaient des symboles républicains et ont exposé un bébé de 10 mètres de haut recouvert de codes-barres et de symboles de l’euro soi-disant pour dénoncer la marchandisation de l’humain. Des arguments de façade, qui peinent à cacher les fondations de cette mobilisation réactionnaire : la peur de voir quelque modification que ce soit à l’ordre social oppressif.

Plusieurs contre-manifestations sont organisées le week-end du 30 et 31 janvier notamment à Paris, Angers et Rennes, initiatives importantes pour opposer une réponse de rue et de masse aux réactionnaires.

 
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